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Migration : la stratégie de la dissuasion

Blog - Anathème par Anathème

septembre 2018

Les hommes sages qui veillent sur la des­ti­née de notre pays l’ont bien com­pris : le péril qui nous menace, aujourd’hui, c’est l’immigration. Logi­que­ment, après avoir fait en sorte qu’il ne soit plus pos­sible d’envahir léga­le­ment notre pays pour des rai­sons éco­no­miques, ils œuvrent au taris­se­ment de l’afflux de réfu­giés. Qu’un étran­ger soit affa­mé ou torturé, […]

Anathème

Les hommes sages qui veillent sur la des­ti­née de notre pays l’ont bien com­pris : le péril qui nous menace, aujourd’hui, c’est l’immigration. Logi­que­ment, après avoir fait en sorte qu’il ne soit plus pos­sible d’envahir léga­le­ment notre pays pour des rai­sons éco­no­miques, ils œuvrent au taris­se­ment de l’afflux de réfu­giés. Qu’un étran­ger soit affa­mé ou tor­tu­ré, il n’en est pas moins déran­geant. Sa simple pré­sence menace notre culture, notre mode de vie et, sur­tout, notre sécu­ri­té sociale. Or, nos repré­sen­tants tiennent beau­coup à détruire eux-mêmes cette der­nière, c’est un point d’honneur.

Un des prin­ci­paux moyens pour tarir le flux de can­di­dats-réfu­giés est la mise en place d’une stra­té­gie de dis­sua­sion. Celle-ci se cherche cepen­dant encore. Dif­fu­ser dans les pays d’origine des mes­sages indi­quant la piètre hos­pi­ta­li­té des Belges n’a visi­ble­ment pas suf­fi. Lais­ser crou­pir les migrants sans aucun secours, les faire har­ce­ler par la police, leur voler leurs maigres effets n’a pas été plus utile. Récem­ment, Bart De Wever a fait une pro­po­si­tion déri­soire : celle de confis­quer leur télé­phone aux migrants inter­pe­lés par la police. On recon­nait bien là la fri­lo­si­té et l’humanisme déso­lant du maitre d’Anvers.

Certes, nous rejoi­gnons les ana­lyses de l’extrême droite lorsqu’elle aborde la ques­tion migra­toire par le biais de la théo­rie de l’appel d’air, plu­tôt que par l’analyse des rai­sons éco­no­miques de la misère ou de la per­ma­nence des conflits armés dans les pays pauvres. Il est abso­lu­ment évident que les Ery­thréens, les Afghans ou les Sou­da­nais ont beau­coup enten­du par­ler de la Bel­gique. Atti­rés par les lumières de Bruxelles, par ses sur­pre­nants tun­nels, ses embou­teillages pleins de vie, la bon­hom­mie de ses forces de l’ordre et la tru­cu­lence de ses habi­tants, il est clair que notre pays est le pre­mier qu’ils évoquent lors de leur bench­mar­king de départ. Sinon, com­ment expli­quer que nous soyons sub­mer­gés par les près de 650 migrants du parc Maximilien ? 

L’approche en termes d’offre et de demande est donc clai­re­ment la bonne. Comme tou­jours en ce bas monde, tout est une ques­tion de désir des consom­ma­teurs et de dis­po­ni­bi­li­té des biens et ser­vices. Faites bais­ser la dis­po­ni­bi­li­té et les prix s’envoleront en même temps que chu­te­ra la pro­pen­sion des clients à se four­nir chez nous. Si en outre, le ser­vice leur appa­rait cher pour une qua­li­té médiocre, l’effet en sor­ti­ra encore renforcé.

Où le bât blesse-t-il donc ? Mais dans les moyens mis en œuvre, par­di ! Car enfin, pense-t-on sérieu­se­ment qu’il suf­fi­ra de mena­cer d’une confis­ca­tion de GSM une per­sonne qui a échap­pé de peu à la mort dans les geôles d’Assad, qui a vu mou­rir sa famille, qui a été bat­tue par les milices libyennes, qui a été racket­tée par les pas­seurs puis a man­qué de se noyer en Médi­ter­ra­née ? Bart De Wever est bien gen­til, mais il pense avoir affaire à un ado­les­cent gâté de sa ville, qui consi­dère que le pire qui puisse lui arri­ver serait de ne pas pou­voir pos­ter une pho­to de son nou­veau pan­ta­lon sur Snapchat.

Cela dit en pas­sant, cette naï­ve­té digne d’un bobo-Bisou­nours gau­chiste est éton­nante quand on voit les réfé­rences his­to­riques des natio­na­listes fla­mands. Les anciens ont été à bonne école durant la der­nière guerre et les jeunes de Shild en Vrien­den semblent prêts à prendre le relai. La géné­ra­tion des cin­quan­te­naires aurait-elle souf­fert de son contact avec les années septante ? 

Quoi qu’il en soit, s’il est évident que la solu­tion finale de la ques­tion migra­toire passe par une lutte contre l’appel d’air, il l’est tout autant que nous devons com­prendre que nous jouons dans un mar­ché mon­dia­li­sé où la concur­rence est impi­toyable. Si nous vou­lons réel­le­ment encou­ra­ger les can­di­dats-migrants à res­ter chez eux, il va fal­loir être moins attrac­tifs que la Syrie, le Sou­dan ou l’Afghanistan. Si nous ne vou­lons pas être une des­ti­na­tion pri­vi­lé­giée de ceux qui pren­draient quand même la route, il va fal­loir concur­ren­cer la Hon­grie et, demain, l’Italie. Il est donc temps de mettre les bou­chées doubles. Une poli­tique de dis­sua­sion, pour néces­saire qu’elle puisse être (rap­pe­lons-nous du temps béni de la Guerre froide), ne peut souf­frir le moindre angé­lisme. Il est plus que temps de par­quer les migrants dans des camps. Hommes, femmes, enfants. Mais pas dans des ins­tal­la­tions de luxe avec une plaine de jeu. Dans des bara­que­ments non chauf­fés, dans des tentes, sur des paillasses infes­tées de ver­mine, sur une ile-pri­son, comme en Aus­tra­lie. Il faut se résoudre à orga­ni­ser des bat­tues et créer des milices citoyennes armées. À cet égard, les listes élec­to­rales de cer­tains par­tis devraient être consi­dé­rées comme des réserves de recru­te­ment. Il va fal­loir tra­quer, tor­tu­rer, muti­ler, exé­cu­ter som­mai­re­ment. Il sera éga­le­ment néces­saire de prendre exemple sur Daech pour tour­ner des vidéos d’exécutions ensuite dif­fu­sées sur les réseaux sociaux. La dis­sua­sion est en effet fon­dée sur la publi­ci­té. Elle requiert des actions spec­ta­cu­laires et hor­ri­fiantes, ain­si que leur dif­fu­sion la plus large possible.

Le seul moyen pour lut­ter contre des enne­mis aus­si dan­ge­reux que les nôtres, ce n’est pas d’être doux et aimables, c’est d’être aus­si durs qu’eux. Comme la droite a com­bat­tu l’extrême droite en s’emparant de ses idées et de ses méthodes, nous vain­crons l’islamisme, les dic­ta­tures, la misère et les flux migra­toires en prou­vant que nous n’avons rien à envier aux pires milices du Tiers monde ni aux plus durs des pou­voirs auto­ri­taires qui ont fait la gran­deur de l’Europe.

À cet égard, il faut recon­naitre que la droite ne s’est pas trom­pée en dési­gnant le bobo-Bisou­nours comme l’ennemi suprême. Comme tou­jours, le pire adver­saire est inté­rieur. Elle ne s’est sim­ple­ment pas encore don­né les moyens de vaincre. Heu­reu­se­ment, une nou­velle géné­ra­tion est prête qui réus­si­ra là où ses grands-parents déca­tis et ses parents amol­lis ont échoué.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.