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Méga projet commercial, grand complot, petitesses en tout genre

Blog - Belgosphère par Martine Vandemeulebroucke

février 2015

Faites le test : Par­lez du scan­dale pro­vo­qué par l’affaire HSBC autour de vous (pas dans votre cercle étroit d’amis, mais en famille, dans les ves­tiaires du club spor­tif, chez les gens « nor­maux » quoi!) et vous ver­rez que le scan­dale n’est pas néces­sai­re­ment là où vous le situez. Des grosses for­tunes, des entre­prises, des « élites » qui […]

Belgosphère

Faites le test : Par­lez du scan­dale pro­vo­qué par l’affaire HSBC autour de vous (pas dans votre cercle étroit d’amis, mais en famille, dans les ves­tiaires du club spor­tif, chez les gens « nor­maux » quoi!) et vous ver­rez que le scan­dale n’est pas néces­sai­re­ment là où vous le situez. Des grosses for­tunes, des entre­prises, des « élites » qui fraudent mas­si­ve­ment, c’est presque dans l’ordre des choses. On est tel­le­ment taxé, ma bonne dame. Le vrai cou­pable, selon radio-trot­toir ou les forums en ligne, ce sont presque tou­jours les hommes poli­tiques accu­sés de « gagner des mil­lions » et de s’enrichir « scan­da­leu­se­ment » sur votre dos. Tout en étant bien sûr com­plices des fraudes fis­cales en question. 

Le rejet de la poli­tique est un com­por­te­ment « mode ». On peut les accu­ser de tout et de n’importe quoi, rares sont ceux qui pren­dront la défense des « poli­ti­ciens », un mot qui est deve­nu une insulte. Tous pour­ris, tous cor­rom­pus, tous incom­pé­tents, tous rivés sur leurs dogmes idéologiques.

Alors si vous faites par­tie de ceux qui tentent de ramer à contre-cou­rant et de défendre la classe poli­tique, un conseil : évi­tez à tout prix de devoir évo­quer UPlace, le méga pro­jet com­mer­cial de Mache­len qui devrait ouvrir ses portes dans trois ans. Il empeste le scan­dale poli­ti­co-finan­cier à plein nez. Les tenants de la théo­rie du com­plot auront de quoi rem­plir quelques écrans sur Facebook. 

Je ne vais pas refaire ici l’historique de ce pro­jet por­té par une des plus grosses for­tunes de Flandre, l’homme d’affaires Bart Verhae­ghe, patron du FC de Bruges et jugé très « influent » au sein des trois par­tis qui com­posent la majo­ri­té au gou­ver­ne­ment fla­mand, le CD&V, l’Open VLD et sur­tout la N‑VA. On rap­pel­le­ra juste que le Conseil d’État a annu­lé le per­mis d’urbanisme fin 2014 en rai­son des impor­tants pro­blèmes de mobi­li­té que UPlace va entraî­ner dans la péri­phé­rie nord de Bruxelles. Mais la semaine der­nière le gou­ver­ne­ment fla­mand l’a tout de même imposé.
On peut prendre ce dos­sier par n’importe quel bout, ten­ter de trou­ver une ratio­na­li­té au com­por­te­ment du gou­ver­ne­ment fla­mand, c’est impos­sible. Tous les experts, même ceux dési­gnés par l’équipe de Geert Bour­geois, pré­disent une aug­men­ta­tion insup­por­table du tra­fic sur le ring parce que 85% des futurs clients de UPlace s’y ren­dront en voi­ture, rien n’y fait. Pas plus que l’étude d’impact met­tant en garde contre l’accroissement pos­sible des can­cers géné­rés par la hausse des par­ti­cules fines inha­lés par les habi­tants de Vil­vorde et de Machelen. 

D’accord, me direz-vous, mais il y a un inté­rêt éco­no­mique à ce pro­jet. Même pas. Les grandes enseignes qui colo­nisent tous les centres com­mer­ciaux ne sont pas deman­deuses. UPlace ne les inté­resse pas. Les recours contre ce pro­jet se mul­ti­plient et ne sont pas tous le fait d’écologistes ou de com­mer­çants bruxel­lois frus­trés. En fait, il y a tel­le­ment d’opposition que l’on se demande qui sou­tient encore ce pro­jet à part Bart Verhae­ghe et — en prin­cipe — le gou­ver­ne­ment fla­mand. Oui mais, même dans les par­tis qui com­posent la majo­ri­té actuelle, on entend des voix diver­gentes. Dans l’opposition, on explique l’acharnement de cer­tains ministres par le fait qu’ils ne veulent pas « plier », qu’ils ont été trop loin dans leur enga­ge­ment tant vis-à-vis de l’opinion publique que du promoteur. 

La mise en œuvre d’un mau­vais pro­jet serait-elle vrai­ment une ques­tion d’ego ? Peut-on vrai­ment ima­gi­ner qu’on est dans l’ordre de la vani­té bles­sée ? On aime­rait le pen­ser. Ce serait presque ras­su­rant. Après tout, les ministres fla­mands sont des êtres humains comme vous et moi. On peut à la limite les orien­ter vers un bon psy­cho­logue com­por­te­men­tal. Mais mal­heu­reu­se­ment, on pressent que ce n’est pas là le pro­blème. L’histoire poli­tique est rem­plie de volte-face. L’important est, comme pour les chats, de bien retom­ber sur ses pattes.

On pressent que l’explication est plus tri­viale. Les centres com­mer­ciaux n’ont plus d’utilité com­mer­ciale. Tous les ana­lystes sont d’accord à ce sujet. Ils sont deve­nus un pro­duit finan­cier. L’abondance des liqui­di­tés sur le mar­ché finan­cier pousse les fonds de pen­sion, les com­pa­gnies d’assurance à pla­cer de l’argent dans ce type de pro­jet immo­bi­lier. C’est une valeur refuge ren­table. Le gou­ver­ne­ment fla­mand aide Bart Verhae­ghe à faire une belle plus-value lors de la vente de ce bien à des fonds d’investissement. On aime­rait pen­ser donc qu’il ne faut pas y voir malice. Qu’ils sont vrai­ment convain­cus d’agir dans l’intérêt de la Flandre autant que dans celui de cet homme d’affaires. On aimerait…

C’est par­fois dif­fi­cile de ne pas être conta­mi­né par les com­plo­tistes et les anti-poli­tiques. Dites, Geert Bour­geois et les autres, si vous nous aidiez un peu ?

Martine Vandemeulebroucke


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