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Israël-Palestine – 1967 : Six jours et un demi-siècle tous droits dans le mur

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juin 2017

Ce 5 juin 2017, cela a fait cin­quante qu’éclatait la « Guerre des Six Jours ». Cette guerre a eu des consé­quences dra­ma­tiques, mais a éga­le­ment (et para­doxa­le­ment) ouvert une fenêtre d’opportunité à la nor­ma­li­sa­tion israé­lo-pales­ti­nienne, avant de se refer­mer dans le sang et l’amertume. Retour sur cinq décen­nies qui ont pro­fon­dé­ment trans­for­mé les socié­tés israé­lienne et palestinienne.

e-Mois

En 1947 – 1949, la pre­mière guerre israé­lo-arabe1 avait abou­ti à la créa­tion de l’État d’Israël, l’exode de la moi­tié du peuple arabe pales­ti­nien et le déman­tè­le­ment de la Pales­tine man­da­taire, par­ta­gée entre, d’une part, l’État d’Israël et, d’autre part, la Cis­jor­da­nie (annexée par la Jor­da­nie en 1949) et la bande de Gaza (sous admi­nis­tra­tion égyp­tienne). Mais la troi­sième guerre israé­lo-arabe, celle que les Israé­liens (et la plu­part des com­men­ta­teurs inter­na­tio­naux) nomment « la Guerre des Six Jours » et les Arabes, plu­tôt pudiques, le « Revers »2, a eu un impact plus pro­fond et durable. Elle marque tou­jours le pay­sage poli­tique régio­nal, ain­si que les consciences natio­nales et col­lec­tives des socié­tés juive israé­lienne et arabe pales­ti­nienne. S’il a rétro­cé­dé à l’Égypte le Sinaï conquis en juin 1967 et s’est « décon­nec­té » uni­la­té­ra­le­ment de la bande de Gaza pales­ti­nienne en 2005, l’État juif occupe tou­jours, d’une part, la Cis­jor­da­nie pales­ti­nienne (Jéru­sa­lem-Est com­prise) et, d’autre part, le pla­teau du Golan, ter­ri­toire syrien vidé de la majeure par­tie de sa popu­la­tion arabe et annexé offi­ciel­le­ment en décembre 1981. Sur ces ter­ri­toires, la colo­ni­sa­tion de peu­ple­ment israé­lienne se pour­suit également.

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Un conflit imprévu mais décisif

La troi­sième guerre israé­lo-arabe s’est déclen­chée à la suite d’un concours de cir­cons­tances mêlant auto-per­sua­sion, rumeurs, fausses infor­ma­tions, pro­pa­gande agres­sive et angoisses exis­ten­tielles. Fon­da­men­ta­le­ment, presque per­sonne au sein des élites poli­tiques arabes et israé­liennes ne s’y était vrai­ment pré­pa­ré. Certes, les lignes d’armistice négo­ciées en 1949 entre les bel­li­gé­rants avaient sou­vent été le théâtre d’escarmouches vio­lentes, les­quelles consis­taient prin­ci­pa­le­ment en opé­ra­tions d’infiltration armées de fédayins pales­ti­niens en pro­ve­nance de Cis­jor­da­nie (offi­ciel­le­ment ter­ri­toire jor­da­nien) et de la bande de Gaza (sous admi­nis­tra­tion égyp­tienne). Mais, face aux vio­lentes opé­ra­tions de repré­sailles menées par l’armée israé­lienne, l’Égypte nas­sé­rienne et la Jor­da­nie haché­mite avaient déci­dé de tenir la bride aux mou­ve­ments natio­na­listes pales­ti­niens indé­pen­dants (Fatah, FPLP, FDLP, etc.)3.

Mieux, pour affir­mer leur contrôle sur ces orga­ni­sa­tions pales­ti­niennes, les États de la Ligue arabe (LEA), domi­née par Gamal Abdel Nas­ser (✝), avaient créé de toutes pièces une Orga­ni­sa­tion de libé­ra­tion pales­ti­nienne (OLP) dont le « Par­le­ment en exil », le Conseil natio­nal pales­ti­nien (CNP) et le « gou­ver­ne­ment en exil », le Conseil exé­cu­tif (CEOLP), tinrent leur pre­mière ses­sion le 28 mai 1964 à Jéru­sa­lem-Est, alors ter­ri­toire jor­da­nien, à quelques cen­taines de mètres de la Jéru­sa­lem-Ouest israé­lienne. Son objec­tif offi­ciel était de repré­sen­ter le peuple pales­ti­nien et pré­pa­rer la recon­quête de la « Pales­tine usur­pée » (Filas­tin al-mough­ta­sa­ba), c’est-à-dire la des­truc­tion de l’État juif, mais son objec­tif offi­cieux était « d’encadrer » les mou­ve­ments pales­ti­niens afin de pré­mu­nir les États de la « ligne de front » contre toute esca­lade et un nou­veau conflit armé avec Israël.

Quand la propagande se retourne contre elle-même

Cepen­dant, la seconde moi­tié des années soixante vit la « ligne de front » se réchauf­fer. Pre­miè­re­ment, emme­nés par le père fon­da­teur d’Israël David Ben Gou­rion (✝), les dis­si­dents4 « acti­vistes » (entendre « fau­cons ») du Mapaï (Par­ti ouvrier d’Israël, tra­vailliste) regrou­pés au sein du Rafi (Liste ouvrière d’Israël) et ayant leurs réseaux dans l’armée, voyaient d’un mau­vais œil les res­pon­sables de leur par­ti d’origine adop­ter une ligne atten­tiste et modé­ra­trice sur le front israélo-arabe.

Deuxiè­me­ment, après avoir reçu de fausses infor­ma­tions de la part de l’URSS rela­tives à une concen­tra­tion de troupes israé­liennes vers la ligne d’armistice israé­lo-syrienne, l’Égypte, liée à la Syrie par un accord mili­taire depuis novembre 1966, exi­gea le départ des casques bleus de l’ONU de la pénin­sule du Sinaï, fer­ma le détroit de Tiran (mer Rouge) à la marine israé­lienne (un casus bel­li pour Israël) et déploya des troupes et son avia­tion dans le Sinaï. Ce qui déclen­cha la panique dans l’opinion israé­lienne, une opi­nion dont une large par­tie de la popu­la­tion, ori­gi­naire des pays arabes, écou­tait « La Voix des Arabes » (Sawt al-‘Arab), une sta­tion radio arabe inter­na­tio­nale basée au Caire et dont les mes­sages de pro­pa­gande hési­taient de moins en moins à appe­ler les opi­nions arabes à « égor­ger les Juifs ». À ce pro­pos, si la pro­pa­gande avait rejoint la réa­li­té et au vu de la nature des régimes arabes de l’époque, l’honnêteté intel­lec­tuelle sup­pose de poser une ques­tion ico­no­claste : que se serait-il pas­sé si Israël avait per­du la guerre ?5

Troi­siè­me­ment, infor­mé par le Maroc de l’état des armées arabes et, en par­ti­cu­lier, d’une armée égyp­tienne engluée dans un conflit san­glant au Yémen, l’état-major israé­lien fit pres­sion sur le gou­ver­ne­ment tra­vailliste de Levi Esh­kol (✝) pour déclen­cher une « contre-attaque préventive ».

Après la consti­tu­tion d’une coa­li­tion d’union natio­nale regrou­pant les trois mou­vances tra­vaillistes et le Gahal (ancêtre du Likoud) de Mena­hem Begin (✝), le gou­ver­ne­ment israé­lien céda aux pres­sions de son armée et don­na son feu vert au déclen­che­ment des hos­ti­li­tés. Le 5 juin 1967, l’aviation israé­lienne lan­ça l’«Opération Focus » (Mivt­za‘ Moked) et détrui­sit pas moins de 452 avions de chasse égyp­tiens, ce qui assu­ra à Israël la maî­trise du ciel et per­mit à son armée de s’emparer de la bande de Gaza pales­ti­nienne et du Sinaï égyptien.

S’arrimant à la pro­pa­gande dif­fu­sée par « La Voix des Arabes » et selon laquelle l’aviation égyp­tienne, dont l’anéantissement n’était pas encore connu, était en train de bom­bar­der Tel-Aviv et que l’armée égyp­tienne était en passe de recon­qué­rir la « Pales­tine usur­pée », Nas­ser obtint du royaume haché­mite de Jor­da­nie de s’impliquer dans le conflit armé. L’issue de cette impli­ca­tion fut impla­cable : l’armée jor­da­nienne fut écra­sée par Israël, lequel s’empara de Jéru­sa­lem-Est et de l’ensemble de la Cis­jor­da­nie pales­ti­niennes. Enfin, pru­dem­ment res­tée à l’écart du conflit (si l’on excepte des tirs de mor­tier vers la val­lée du Jour­dain, dans le nord d’Israël), la Syrie baa­siste fut atta­quée par l’armée israé­lienne, laquelle s’empara de la majeure par­tie de la pro­vince de Qunei­tra, mieux connue sous le nom de pla­teau du Golan, et en délo­gea l’armée syrienne et une large par­tie de la popu­la­tion locale.

Bouleversement arabe

Les consé­quences poli­ti­co-mili­taires de la vic­toire écra­sante d’Israël et de l’effondrement des États arabes de la « ligne de front » furent mul­tiples. En Israël, les diri­geants israé­liens per­çurent l’issue du conflit comme le véri­table acte de nais­sance de l’État d’Israël. Comme l’écrivait récem­ment l’intellectuel et ancien dépu­té arabe israé­lien Azmi Bisha­ra6, « c’est juin 1967 plu­tôt que mai 1948 [date de la créa­tion d’Israël] qui marque la véri­table émer­gence de l’État hébreu. Car celui-ci demeu­rait jusque-là un pro­jet inache­vé au regard du mou­ve­ment sio­niste. En effet, c’est cette guerre qui a convain­cu les “Juifs de la dia­spo­ra” qu’Israël était un pro­jet viable. »

Les dis­si­dences du vieux Mapaï « revinrent à la mai­son » et de cette réuni­fi­ca­tion naquit le Par­ti tra­vailliste (Avo­da) tel que nous le connais­sons encore aujourd’hui. Par ailleurs, une nou­velle géné­ra­tion appa­rut au sein du vieux Par­ti natio­nal-reli­gieux (Maf­dal) et se lan­ça dans la créa­tion de colo­nies de peu­ple­ment « idéo­lo­giques » à proxi­mi­té de nom­breux lieux saints juifs de Cis­jor­da­nie, avec le sou­tien de « fau­cons » de l’Avoda comme Shi­mon Per­es et Igal Allon. Enfin, après avoir annexé et éten­du Jéru­sa­lem-Est et afin d’assurer un accès mas­sif et sécu­ri­sé au Mur des Lamen­ta­tions (ou Mur occi­den­tal, ha-Kotel ha-Ma‘aravi), l’armée israé­lienne rasa le Quar­tier Mogh­ra­bi (Hârat al-Mag­hâ­ri­ba, Shkhou­nat ha-Mou­gra­bim ou « Quar­tier des Magh­ré­bins »), un petit quar­tier musul­man de la Vieille Ville qui sépa­rait dudit Mur le Quar­tier juif his­to­rique7.

Côté arabe, l’opinion publique et les régimes arabes, téta­ni­sés, décou­vrirent qu’ils avaient sous-esti­mé l’État juif. Israël n’était pas une enti­té arti­fi­cielle et éphé­mère vouée à connaître le même des­tin que les États croi­sés ou les anciens régimes colo­niaux, mais un État-nation soli­de­ment implan­té et déter­mi­né. Néan­moins, le 1er sep­tembre 1967, la LEA, lors d’un som­met extra­or­di­naire réuni dans la capi­tale du Sou­dan, adop­ta la « réso­lu­tion de Khar­toum », laquelle, outre des points rela­tifs au conflit yémé­nite, affir­ma trois « non » : non à la paix avec Israël, non à la recon­nais­sance d’Israël, non à des négo­cia­tions avec Israël.

Une atti­tude cruel­le­ment com­men­tée par Azmi Bisha­ra8. « Les régimes arabes ne pou­vaient accep­ter en 1967 une solu­tion syno­nyme de capi­tu­la­tion après la défaite humi­liante de leurs armées. […] En qua­li­fiant la défaite de 1967 de “revers” [alors que la défaite de 1948 est sur­nom­mée “la Catas­trophe”], les régimes arabes signi­fiaient qu’il s’agissait d’un acci­dent de par­cours sur leur che­min dans la bonne direc­tion, comme cela peut arri­ver pour tout grand des­sein. Pire encore, ils ont consi­dé­ré la guerre de 1967 comme une “vic­toire”, car Israël n’a pas réus­si à ren­ver­ser les régimes dits “pro­gres­sistes” et n’a occu­pé que des ter­ri­toires ! Cette atti­tude scan­da­leuse s’est dou­blée de la jus­ti­fi­ca­tion de la défaite mili­taire par l’évocation du “com­plot juif mon­dial” qui domine l’Amérique. »

Côté pales­ti­nien, la « vieille » OLP fon­dée en 1964 par la LEA vécut une révo­lu­tion interne, consé­quence directe de l’effondrement de son « par­rain » égyp­tien. En 1968, les mou­ve­ments natio­na­listes pales­ti­niens indé­pen­dants prirent le contrôle de l’OLP en la pur­geant des appa­rat­chiks pales­ti­niens nom­més par la LEA et en assu­rant une repré­sen­ta­tion majo­ri­taire au Fatah diri­gé alors par le trio Yas­ser Ara­fat, Kha­lil al-Wazir (Abou Jihad, assas­si­né à Tunis en 1988 par un com­man­do israé­lien) et Salah Kha­laf (Abou Iyad, assas­si­né à Tunis en 1991 par un com­man­do pro-baa­siste ira­kien). Désor­mais, l’OLP se fixa comme but de défendre un agen­da diplo­ma­tique indé­pen­dant9 de la LEA en lou­voyant entre les agen­das des États membres, ce qui géné­ra des ten­sions par­fois extrê­me­ment meur­trières avec les régimes baa­sistes de Syrie et d’Irak, ain­si qu’avec la Jor­da­nie haché­mite, laquelle se consi­dé­rait alors comme repré­sen­tante du peuple pales­ti­nien et gar­dienne des lieux saints isla­miques de Cis­jor­da­nie et de Jéru­sa­lem-Est10.

Deux nations transformées

C’est sur le plan socio­po­li­tique que la guerre de juin 1967 a eu les consé­quences les plus pro­fondes, en par­ti­cu­lier sur le des­tin des nations juive israé­lienne et arabe pales­ti­nienne. Par sa durée (un demi-siècle), par le fait que, contrai­re­ment à la guerre de 1947 – 1949, l’essentiel de la popu­la­tion pales­ti­nienne de la Cis­jor­da­nie et de la bande de Gaza ne fut pas exi­lé, et, bien enten­du, par l’ampleur qu’allait prendre la colo­ni­sa­tion israé­lienne de peu­ple­ment, l’occupation consé­cu­tive à la guerre de 1967 a démar­ré un pro­ces­sus de trans­for­ma­tion en pro­fon­deur des deux col­lec­ti­vi­tés natio­nales, l’occupante et l’occupée. Pour le pire et pour le meilleur.

Depuis son implan­ta­tion en Pales­tine man­da­taire au début du XXesiècle jusqu’à la conquête de 1967 en pas­sant par l’exode pales­ti­nien de 1947 – 1949 et l’enclavement de l’État d’Israël au milieu d’États arabes qui refu­saient de recon­naître l’État d’Israël et dont les régimes pro­cla­maient offi­ciel­le­ment leur déter­mi­na­tion à vaincre voire à anéan­tir la socié­té juive israé­lienne, cette der­nière, majo­ri­tai­re­ment ash­ké­naze, déten­trice de l’ordre social et mili­taire, s’était jusqu’alors sépa­rée phy­si­que­ment et éco­no­mi­que­ment de son envi­ron­ne­ment socio­lo­gique et géo­gra­phique, arabe pales­ti­nien d’abord, pan­arabe ensuite.

Jusqu’en 1967, une frac­tion déter­mi­nante de la socié­té israé­lienne et de ses diri­geants, qu’ils soient issus des mou­vances « ouvrières » ou « conser­va­trices », adhé­ra à la vision du monde pro­fon­dé­ment pes­si­miste et vio­lente expri­mée par Vla­di­mir « Ze’ev » Jabo­tins­ky, le père fon­da­teur de la droite israé­lienne. Les lignes qui suivent furent rédi­gées en un temps où la Pales­tine était encore majo­ri­tai­re­ment arabe, les Juifs de Pales­tine, essen­tiel­le­ment des immi­grants d’Europe cen­trale et orien­tale (le « Yid­di­sh­land »)11, n’y repré­sen­tant alors que 11% de la population.

Dans « À pro­pos du mur de fer »12, un article publié le 4 novembre 1923 dans Rass­viet (L’Aurore), un heb­do­ma­daire sio­niste rus­so­phone édi­té à Ber­lin et à Paris, Jabo­tins­ky tint un rai­son­ne­ment aus­si déci­sif que symp­to­ma­tique : « Tout peuple autoch­tone lutte contre les colons étran­gers. […] C’est ain­si que feront éga­le­ment les Arabes d’Eretz-Israël [Pales­tine]13, tant que sub­sis­te­ra dans leur esprit une lueur d’espoir de par­ve­nir à empê­cher la trans­for­ma­tion d’Eretz-Israël d’un pays arabe en un pays juif. […] [Nous devons faire en sorte] que notre colo­ni­sa­tion [de peu­ple­ment] puisse se déve­lop­per sous la pro­tec­tion d’une force qui ne dépende pas de la popu­la­tion locale [arabe] et à l’abri d’un mur de fer que celle-ci ne pour­ra pas abattre. […] Cela ne signi­fie pas qu’aucune forme d’accord n’est pos­sible. Mais un accord spon­ta­né est inima­gi­nable. Tant que les Arabes conser­ve­ront une lueur d’espoir de par­ve­nir à se débar­ras­ser de nous, rien au monde ne pour­ra les détour­ner de cet espoir. […] La seule voie vers un accord [futur entre les deux peuples], c’est le mur de fer, c’est-à-dire la créa­tion en Eretz-Israël d’une force qui ne puisse subir la pres­sion arabe ».

C’est ain­si que, du début du XXe siècle jusqu’en 1967, le concept du « mur de fer » (homat-bar­zel) entre­tint un éthos de la « Clô­ture » (Gader) et que fleu­rirent des expres­sions telles que « rideau de feu » (masakh-esh)14, « muraille de feu » (homat-esh) ou « cein­ture de feu » (hagou­rat-esh) pour dési­gner, soit une poli­tique défen­sive impla­cable, soit des incur­sions ponc­tuelles, mais extrê­me­ment vio­lentes que menèrent des uni­tés spé­ciales de l’armée israé­lienne dans les années 1950 et 1960 dans la bande de Gaza (sous admi­nis­tra­tion égyp­tienne) et en Cis­jor­da­nie (ter­ri­toire jor­da­nien)15. Déjà à l’œuvre loca­le­ment dans les implan­ta­tions mili­ta­ro-agri­coles sous le man­dat bri­tan­nique, cet éthos s’exprima, entre 1948 et 1967, à l’échelle de tout un ter­ri­toire natio­nal dis­po­sant des attri­buts mili­taires que lui confé­rait la puis­sance éta­tique. Cette poli­tique de « défense active » s’intensifia avec l’apparition, dans les années 1960, d’une géné­ra­tion nou­velle de mili­tants armés dans les ter­ri­toires pales­ti­niens contrô­lés par l’Égypte et la Jor­da­nie, ain­si qu’au Liban (cf. supra).

Après le 10 juin 1967, Israël déci­da d’abolir la « Ligne Verte »16 et de « libé­rer » la cir­cu­la­tion des Pales­ti­niens occu­pés vers le ter­ri­toire israé­lien et celle des Israé­liens vers les ter­ri­toires occu­pés. Dans ce pro­ces­sus, les Juifs orien­taux (ori­gi­naires du monde ara­bo-musul­man), grâce à une rela­tive « com­mu­nau­té cultu­relle », s’impliquèrent acti­ve­ment dans l’occupation et la colo­ni­sa­tion des ter­ri­toires pales­ti­niens de Cis­jor­da­nie et de Gaza. Quand cer­tains se conten­tèrent de deve­nir de petits exploi­tants de main d’œuvre pales­ti­nienne à bon mar­ché, d’autres (issus des couches popu­laires) s’installèrent dans des colo­nies « éco­no­miques » et d’autres, enfin, tirèrent pro­fit de leur bagage lin­guis­tique pour tra­vailler dans l’Administration civile et le gou­ver­ne­ment mili­taire ins­tau­rés par Israël dans les ter­ri­toires occupés.

Néan­moins, cette évo­lu­tion ne « nor­ma­li­sa » pas l’État d’Israël, mais ren­for­ça sa com­po­sante mili­taire. En effet, bon nombre de « nou­veaux » Israé­liens (les Orien­taux) ani­més d’un revan­chisme décom­plexé en pas­sant du sta­tut de confes­sion mino­ri­taire et désar­mée en « terre d’Islam » à celui de com­mu­nau­té majo­ri­taire au sein d’un État juif dépo­si­taire de la puis­sance d’État, et de plus en plus hos­tiles à un sys­tème bureau­cra­tique tra­vailliste (et essen­tiel­le­ment ash­ké­naze) qui ne leur avait fait aucun cadeau, jetèrent leur dévo­lu sur le Likoud natio­na­liste de Mena­hem Begin, cham­pion de la colo­ni­sa­tion en Cis­jor­da­nie et à Gaza.

La rencontre des « inconnus » et des « absents »

À la fin des années 1980, après quatre décen­nies de bains de sang (guerre d’octobre 1973, inva­sion du Liban en 1982, etc.) et de refus mutuels de recon­nais­sance, une fenêtre d’opportunité allait pour­tant s’ouvrir. Jusqu’alors, la majo­ri­té des Pales­ti­niens n’avait vu en Israël que l’idéologie sio­niste, une enti­té étran­gère, colo­niale, raciste et donc illé­gi­time. Lorsqu’au début des années1970, cer­tains res­pon­sables de l’OLP pro­po­sèrent la créa­tion d’un État « arabe laïc et démo­cra­tique » sur toute l’ancienne Pales­tine man­da­taire et dans lequel citoyens musul­mans, juifs et chré­tiens vivraient ensemble, ils ne voyaient encore dans la socié­té israé­lienne qu’une vaste com­mu­nau­té confes­sion­nelle, mais en aucun cas une col­lec­ti­vi­té natio­nale et linguistique.

Cepen­dant, la socié­té pales­ti­nienne occu­pée avait entre-temps vécu l’intégration for­cée à l’économie israé­lienne, la coha­bi­ta­tion tout aus­si for­cée avec les fonc­tion­naires de l’Administration civile ou les employeurs, et, sur­tout, une assez grande liber­té de cir­cu­la­tion entre les ter­ri­toires occu­pés et le ter­ri­toire israé­lien pro­pre­ment dit. Et, petit à petit, le prin­cipe de réa­li­té d’une nation israé­lienne vic­to­rieuse, pérenne et enra­ci­née finit par s’imposer aux Pales­ti­niens de Cis­jor­da­nie et de Gaza, tant « locaux » que réfu­giés de 1948, les­quels pesèrent for­te­ment dans le virage amor­cé par l’OLP au début des années 1980 vers la recon­nais­sance d’Israël en tant qu’État ayant droit à l’existence.

Dans le même sens, les Israé­liens n’avaient long­temps vu les Pales­ti­niens qu’à tra­vers le triple prisme bibli­co-natio­na­liste des « Arabes du Pays d’Israël » (Arvei Eretz-Israël), colo­nial de l’autochtone et sécu­ri­taire du réfugié/terroriste au-delà de la « Clô­ture ». Si la guerre de 1948 avait pous­sé à son comble la logique de la « clô­ture » et de la « sépa­ra­tion », la guerre de juin 1967 et l’occupation (sans annexion) de la Cis­jor­da­nie et de la bande de Gaza avait bou­le­ver­sé la donne et impo­sé à la socié­té juive israé­lienne occu­pante d’interagir, même a mini­ma, avec la socié­té pales­ti­nienne occu­pée. Cette pro­gres­sive « conver­sion » (rela­ti­ve­ment majo­ri­taire dans la socié­té civile, mino­ri­taire au sein des ins­ti­tu­tions de défense) s’accéléra avec la pre­mière insur­rec­tion pales­ti­nienne, l’Intifada de 1987 – 1992, laquelle, outre qu’elle était non armée, avait un double mot d’ordre uni­voque et intel­li­gible : d’une part, la fin de l’occupation israé­lienne et, d’autre part, la réso­lu­tion du conflit cen­te­naire par la créa­tion d’un État de Pales­tine en Cis­jor­da­nie, à Gaza et à Jéru­sa­lem-Est. À côté de l’État d’Israël.

À la fin des années 1980, après deux décen­nies d’occupation et de coha­bi­ta­tion for­cée, la « socié­té des incon­nus » (israé­liens) n’était plus incon­nue des Pales­ti­niens, tan­dis que la « socié­té des absents » (pales­ti­niens) avait impo­sé sa pré­sence à son occu­pant israé­lien17 et son agen­da poli­tique à l’OLP. C’est cette double évo­lu­tion qui, bon an mal an, ren­dit pos­sible en sep­tembre 1993 la signa­ture des « accords d’Oslo » entre le gou­ver­ne­ment israé­lien du Pre­mier ministre tra­vailliste Yitz­hak Rabin et l’OLP pré­si­dée par le chef du Fatah Yas­ser Ara­fat. La Décla­ra­tion de prin­cipes signée sur le par­vis de la Mai­son Blanche le 13 sep­tembre 1993, en échange de la recon­nais­sance par l’OLP du droit de l’État d’Israël à vivre dans des fron­tières sur­es et recon­nues, fut par ailleurs le pre­mier docu­ment offi­ciel rédi­gé en hébreu à évo­quer le « peuple pales­ti­nien » (ha-‘am ha-falas­ti­ni) et non plus les « Arabes d’Eretz-Israël ».

Oslo, revu et corrigé par les militaires

Pour­tant, trois aspects de la Décla­ra­tion de prin­cipes et de ses accords d’application allaient peu à peu saper le pro­ces­sus de paix. Pre­miè­re­ment, si l’OLP était recon­nue comme le repré­sen­tant légi­time du peuple pales­ti­nien, ce der­nier ne se voyait nul­le­ment recon­nu le droit à l’autodétermination dans le cadre d’un État indé­pen­dant et sou­ve­rain. Deuxiè­me­ment, la fina­li­té des négo­cia­tions enta­mées entre l’OLP et Israël était l’instauration d’un régime inté­ri­maire d’autonomie pales­ti­nienne en Cis­jor­da­nie et dans la bande de Gaza (et non de la Cis­jor­da­nie et de la bande de Gaza), régime inté­ri­maire cen­sé débou­cher cinq ans plus tard (en mai 1999) sur un « sta­tut per­ma­nent » où seraient tran­chés les points fon­da­men­taux du conflit israé­lo-pales­ti­nien : Jéru­sa­lem, les réfu­giés pales­ti­niens, les implan­ta­tions juives de peu­ple­ment et l’autodétermination. Troi­siè­me­ment, si les accords ins­tau­raient des zones auto­nomes admi­nis­trées par une toute nou­velle Auto­ri­té pales­ti­nienne, ils garan­tis­saient un sta­tut d’extraterritorialité aux colo­nies juives de peu­ple­ment. En outre, celles-ci béné­fi­ciaient désor­mais d’une pré­sence mili­taire israé­lienne qui en assu­rait la pro­tec­tion et l’expansion, tout en « cein­tu­rant » un espace pales­ti­nien enclavé. 

L’édifice appa­rem­ment ver­tueux mis sur pied par les accords d’Oslo se dis­lo­qua sous les pres­sions conju­guées, d’une part, des ins­ti­tu­tions sécu­ri­taires israé­liennes et du lob­by des colons natio­na­listes reli­gieux et, d’autre part, des mou­ve­ments isla­mistes irré­den­tistes pales­ti­niens. Mis sur la touche par le gou­ver­ne­ment Rabin-Per­es au début des accords d’Oslo, les res­pon­sables mili­taires israé­liens par­vinrent à reprendre la main à des diplo­mates jugés trop « idéa­listes » et étran­gers à l’éthos de la « Clô­ture »18.

En février 1994, alors que les négo­cia­tions sur le volet « Gaza et Jéri­cho d’abord » (la pre­mière phase d’instauration de l’autonomie pales­ti­nienne) n’en finis­saient pas de pié­ti­ner depuis près de cinq mois, le quo­ti­dien Yediot Aha­ro­not publiait une longue inves­ti­ga­tion menée par deux jour­na­listes de pre­mier plan19. On y décou­vrait qu’à la tête d’un état-major dont plu­sieurs offi­ciers se deman­daient « com­ment mener des négo­cia­tions dans les­quelles il n’y a que nous qui puis­sions faire des conces­sions ? », le chef d’état-major de l’époque, un cer­tain Ehoud Barak, lui-même hos­tile aux accords d’Oslo, enten­dait « fixer des limites sub­stan­tielles à l’ac­cord [d’Oslo] et ce, pas seule­ment sur le plan sécu­ri­taire », mais en « dres­sant autour de l’OLP une muraille d’acier, recou­verte de coton, mais infranchissable ».

Cette pro­fes­sion de foi fut rapi­de­ment concré­ti­sée. À peine conclus, les accords d’Oslo débou­chèrent sur l’érection de bar­rages de sépa­ra­tion (mah­so­mim) qua­si étanches entre les zones auto­nomes pales­ti­niennes, d’une part, et le ter­ri­toire israé­lien et son « gla­cis » colo­nial de peu­ple­ment, d’autre part.

Cinq ans plus tard, le même Ehoud Barak devint Pre­mier ministre à la tête d’un gou­ver­ne­ment mariant le centre-gauche à l’extrême droite, après avoir conquis à la hus­sarde le vieux Par­ti tra­vailliste. En juillet 2000, après avoir impro­vi­sé la négo­cia­tion à Camp David d’un « sta­tut défi­ni­tif » avec les Pales­ti­niens, le Pre­mier ministre et ministre de la Défense Ehoud Barak per­dit sa majo­ri­té par­le­men­taire et ten­ta d’intégrer le Likoud (alors diri­gé par Ariel Sha­ron) à sa coa­li­tion. À l’occasion du Nou­vel An juif, Barak accor­da une inter­view au conte­nu édi­fiant20 : « Pen­dant une géné­ra­tion, les Pales­ti­niens ont eu la légi­ti­mi­té inter­na­tio­nale. Or, en un an, nous avons ren­ver­sé la situa­tion, sans rien céder du tout, ni 5% ni 13% [des ter­ri­toires]. Et nous avons mis la légi­ti­mi­té inter­na­tio­nale de notre côté tout en met­tant Ara­fat sur la défen­sive. Tout cela alors que nous n’avons cédé sur rien. »

De fait, en sep­tembre 2000, sept ans après la céré­mo­nie de Washing­ton, l’OLP ne contrô­lait tou­jours que 39% de la Cis­jor­da­nie et 80% de la bande de Gaza, tan­dis que la popu­la­tion des implan­ta­tions juives (y com­pris les quar­tiers colo­niaux de Jéru­sa­lem-Est) était pas­sée de 269.000 à 372.000 habi­tants21, soit une crois­sance de 38%. En outre, pour des rai­sons de sécu­ri­té et au nom du prin­cipe de « sépa­ra­tion » (hafra­da), plu­sieurs cen­taines de kilo­mètres de routes de dévia­tion (ma‘akafim) ou « rocades ») avaient été tra­cées pour per­mettre aux colons israé­liens de contour­ner les agglo­mé­ra­tions pales­ti­niennes et relier les implan­ta­tions juives les unes aux autres, ain­si qu’au ter­ri­toire de l’État d’Israël.

L’automne 2000 et la descente aux enfers

Le 28 sep­tembre 2000, appro­ché par Ehoud Barak pour mettre sur pied un gou­ver­ne­ment d’union natio­nale, Ariel Sha­ron obtint du Pre­mier ministre tra­vailliste en dif­fi­cul­té de pou­voir fou­ler l’esplanade des Sanc­tuaires de Jéru­sa­lem et ce, afin de réaf­fir­mer la sou­ve­rai­ne­té d’Israël sur la Vieille Ville et l’Esplanade des Sanc­tuaires22. D’une vio­lence sans pré­cé­dent (voir ci-des­sus), la répres­sion par l’armée israé­lienne des pre­mières mani­fes­ta­tions pales­ti­niennes déclen­cha la seconde Inti­fa­da, un sou­lè­ve­ment mili­ta­ri­sé cette fois, lequel n’épargna pas le ter­ri­toire israé­lien et y sema la mort et la des­truc­tion par­mi les civils.

L’irruption mas­sive de la vio­lence indis­cri­mi­née à l’intérieur de la « Ligne Verte » et la dis­sé­mi­na­tion d’une angoisse conta­gieuse dans tous les pores de la socié­té juive israé­lienne réac­ti­vèrent le réflexe de la sépa­ra­tion et légi­ti­ma l’érection d’un édi­fice sécu­ri­taire que l’hébreu nomme « bar­rière » ou « clô­ture de sépa­ra­tion ». Les innom­brables atten­tats sui­cides com­mis de 2001 à 2006 (et dont le pic se situa en 2002 et 2003) convain­quirent éga­le­ment la majo­ri­té des Israé­liens que les Pales­ti­niens ne se résou­draient jamais à accep­ter la péren­ni­té d’un État juif sur le ter­ri­toire de l’ancienne Pales­tine et jus­ti­fièrent des opé­ra­tions mili­taires de plus en des­truc­trices et meur­trières contre les Palestiniens.

Cette convic­tion, expri­mée quelques décen­nies aupa­ra­vant par Vla­di­mir Jabo­tins­ky, était tou­jours défen­due par les res­pon­sables mili­taires, qu’ils soient encore d’active ou aient entre-temps embras­sé la car­rière poli­tique. Mais les choses s’aggravèrent avec l’effondrement du pro­ces­sus diplo­ma­tique à l’automne 2000. Ehoud Barak et une par­tie de l’armée israé­lienne accu­sèrent Yas­ser Ara­fat de ne pas être un par­te­naire et de n’avoir en rien renon­cé à son objec­tif de détruire l’État juif.

Plu­sieurs négo­cia­teurs israé­liens comme Yos­si Bei­lin23 et Mena­hem Klein24 eurent beau le désa­vouer, Ehoud Barak ne craint pas d’affirmer que, s’il avait accep­té de négo­cier avec Yas­ser Ara­fat (enten­dez, l’OLP) un règle­ment défi­ni­tif du conflit israé­lo-pales­ti­nien, c’était dans le seul but de le démas­quer et de mon­trer « son vrai visage»((part­zou­fo ha-ami­ti), celui d’un ter­ro­riste moti­vé par le seul anéan­tis­se­ment d’Israël. Dans une socié­té israé­lienne lar­ge­ment struc­tu­rée par la crainte de la dis­pa­ri­tion col­lec­tive, la mémoire du géno­cide nazi et le sou­ve­nir dif­fus et équi­voque de l’exode pales­ti­nien de 1948, cette théo­rie de la dupli­ci­té pales­ti­nienne fonc­tion­na à plein.

« Détruire ou être détruit »

En jan­vier 2004, alors qu’il s’apprêtait à publier une édi­tion actua­li­sée de son ouvrage The Birth of the Pales­ti­nian Refu­gee Pro­blem paru en 1989, Ben­ny Mor­ris, le pion­nier de la « nou­velle His­toire » israé­lienne, accor­da une inter­view explo­sive au quo­ti­dien Haa­retz25. Dans cet entre­tien, Mor­ris esti­mait qu’en 1948, Ben Gou­rion avait com­pris que l’État d’Israël ne sur­vi­vrait jamais avec une large mino­ri­té arabe en son sein et qu’il avait donc eu rai­son d’ordonner l’expulsion de cen­taines de mil­liers d’Arabes pales­ti­niens hors du ter­ri­toire israélien.

Lorsque son inter­lo­cu­teur Ari Sha­vit lui deman­da s’il se ren­dait compte qu’il par­lait « de l’assassinat de plu­sieurs mil­liers de per­sonnes et de la des­truc­tion d’une socié­té entière », l’historien israé­lien répon­dit : « Une socié­té qui a l’in­ten­tion de vous tuer vous oblige à la détruire. L’al­ter­na­tive est détruire ou être détruit. En 1948, l’al­ter­na­tive était : l’é­pu­ra­tion eth­nique ou le géno­cide, l’a­néan­tis­se­ment de notre peuple. Un État juif ne pou­vait naître sans le déra­ci­ne­ment de 700.000 Pales­ti­niens. Il fal­lait expul­ser la popu­la­tion et épu­rer l’ar­rière-pays, les zones fron­ta­lières et les routes. Le peuple pales­ti­nien a subi une ter­rible tra­gé­die. Mais, si la volon­té d’é­di­fier ici un État juif était légi­time, il était impos­sible de lais­ser une cin­quième colonne dans le pays. […] Le fait de voter à gauche et même de refu­ser de ser­vir dans les Ter­ri­toires ne m’a jamais empê­ché de dou­ter des inten­tions réelles des Pales­ti­niens. Ara­fat veut nous ren­voyer en Europe, à la mer d’où nous venons. Il nous voit comme des croi­sés et nous sou­haite la même fin [le royaume chré­tien fon­dé en 1099 par les croi­sés à Jéru­sa­lem fut détruit en 1187 par Sala­din]. Au-delà d’A­ra­fat, c’est toute l’é­lite pales­ti­nienne et 30 à 40 % de la socié­té pales­ti­nienne qui adhèrent à la théo­rie des étapes en s’ac­cro­chant au droit au retour. Idéo­lo­gi­que­ment, je sou­tiens une solu­tion fon­dée sur deux États. Mais, en pra­tique, nous sommes condam­nés à sur­vivre par le glaive. »

Pour être cer­tain de bien com­prendre les inten­tions de Ben­ny Mor­ris, Ari Sha­vit insis­ta : « Nous sommes res­pon­sables pour une large part de la haine des Pales­ti­niens. Vous recon­nais­sez vous-même que les Pales­ti­niens ont subi une catas­trophe his­to­rique. Qui sont les tueurs en série ? » Et le nou­vel his­to­rien de répondre : « Les Bar­bares qui en veulent à notre vie. Les gens que la socié­té pales­ti­nienne envoie com­mettre des atten­tats et, dans une cer­taine mesure, la socié­té pales­ti­nienne elle-même, une socié­té malade qui doit être trai­tée comme le sont les tueurs en série. Nous devons essayer de soi­gner les Pales­ti­niens. La créa­tion d’un État pales­ti­nien fait peut-être par­tie du trai­te­ment. Mais, dans l’at­tente de la pana­cée, il faut les emmu­rer et les empê­cher de nous tuer. Il y a là une bête sau­vage qui doit être mise en cage. Ben Gou­rion voyait juste quand il disait que seule la force convain­crait les Arabes d’ac­cep­ter notre pré­sence ici. La diplo­ma­tie est néces­saire pour ras­su­rer l’Oc­ci­dent et notre propre conscience, mais seule notre force per­sua­de­ra les Arabes de recon­naître qu’ils ne peuvent nous vaincre. »

Ain­si donc, tout fit sens et tout fit sys­tème. Com­ment ne pas remar­quer la congruence par­faite entre les pro­pos de Ben­ny Mor­ris, pion­nier d’une recherche his­to­rique démys­ti­fi­ca­trice sur l’exode pales­ti­nien de 1948, et les paroles pro­non­cées par Ehoud Barak en mars 2008 lors d’un entre­tien réa­li­sé par Claude Lanz­mann ?26 « L’objectif d’Arafat n’était pas de cor­ri­ger 1967, c’est-à-dire l’occupation, mais de cor­ri­ger 1947, autre­ment dit l’émergence même d’un État juif, au milieu de cette région [le Moyen-Orient], sur une par­tie de la Pales­tine. […] Nous devons nous tenir fer­me­ment debout sur nos deux pieds […], prêts à tendre la main […] à la recherche des oppor­tu­ni­tés de paix à sai­sir […], mais les yeux grands ouverts, en regar­dant la réa­li­té bien en face. Et avec l’autre main, l’index posé sur la gâchette, pour pou­voir tirer […] pour défendre notre sur­vie. […] Nous devons trou­ver un moyen de vivre avec cette réa­li­té, à savoir que les gens autour de nous ne nous aiment pas. Beau­coup d’entre eux rêvent que nous puis­sions dis­pa­raître et retour­ner aux lieux d’où nous sommes venus. […] Les gens com­prennent aujourd’hui qu’un accord de paix avec nos voi­sins n’aboutira que lorsque ceux-ci auront défi­ni­ti­ve­ment admis qu’Israël ne peut être vain­cu mili­tai­re­ment, que le ter­ro­risme ne nous aura pas à l’usure et que nous ne nous lais­se­rons pas entraî­ner dans des guets-apens diplo­ma­tiques pro­po­sant des com­pro­mis à sens unique. »

Bref, la vision du monde fon­da­men­ta­le­ment pes­si­miste du sio­nisme ori­gi­nel expri­mée au début des années 1920 par Vla­di­mir Jabo­tins­ky repre­nait corps. L’exceptionnelle fenêtre d’opportunité ouverte à la fin des années 1980 se refer­mait vio­lem­ment en dés­in­hi­bant les res­pon­sables mili­taires israé­liens qui, depuis lors, n’ont eu de cesse, pour le plus grand bon­heur du mou­ve­ment idéo­lo­gique de colo­ni­sa­tion en Cis­jor­da­nie, de détruire toute mani­fes­ta­tion poli­ti­que­ment struc­tu­rée d’un natio­na­lisme pales­ti­nien dont la péren­ni­té reste syno­nyme de des­truc­tion d’Israël. Qu’imaginer alors lorsque la « menace » pro­vient de la bande de Gaza, un ter­ri­toire certes cein­tu­ré par une « clô­ture de sécu­ri­té » et un blo­cus assez inflexible, mais dont 80% des habi­tants sont tout sim­ple­ment des réfu­giés pales­ti­niens ori­gi­naires, entre autres, des zones frap­pées par les roquettes de leurs miliciens ?

D’aucuns objec­te­ront que les convul­sions propres au Moyen-Orient arabe et la dérive sui­ci­daire de pans entiers du mou­ve­ment natio­nal pales­ti­nien n’ont rien fait pour convaincre les Israé­liens de leur accep­ta­tion par leurs sia­mois pales­ti­niens. Certes. Mais on ne peut s’empêcher de médi­ter ce qui suit. À l’été 2004, alors que la théo­rie du ein lanou part­ner (« nous n’avons pas de par­te­naire ») était remise en cause par plu­sieurs hauts res­pon­sables mili­taires israé­liens et déclen­chait une vio­lente polé­mique entre les géné­raux Amos Gilad et Amos Mal­ka, l’éditorialiste Ofer She­lah (désor­mais dépu­té cen­triste) deman­dait à ses lec­teurs de s’interroger27. « À quelle super­sti­tion avons-nous cédé quand nous avons bu la thèse de Barak et des mili­taires selon laquelle Ara­fat est cou­pable de tout, cette thèse qui fait le sel de notre poli­tique et de nos opé­ra­tions mili­taires depuis trois ans et demi ? N’est-ce pas en fait la majo­ri­té des Israé­liens qui ont fini par créer un monde qui cor­res­pond à l’image qu’ils s’en sont faite ? »

Un discours mortifère porteur de sens

Depuis, le conflit israé­lo-pales­ti­nien n’a fait qu’empirer et tour­ner le dos à toute pers­pec­tive d’un accord poli­tique glo­bal et exhaustif.

Côté israé­lien, les élec­teurs, échau­dés par la vio­lence de la seconde Inti­fa­da et pro­té­gés par la « clô­ture de sépa­ra­tion » (geder ha-hafra­da) éri­gée en Cis­jor­da­nie occu­pée, ont été de plus en plus nom­breux à offrir leurs suf­frages à des par­tis popu­listes sur le plan inté­rieur et ultra­na­tio­na­listes sur le ter­rain israé­lo-pales­ti­nien. Aujourd’hui, les natio­naux-reli­gieux, via leur par­ti Ha-Bayit ha-yehou­di (« Foyer juif ») donnent le ton au sein du gou­ver­ne­ment diri­gé par Binya­min Neta­nya­hou. Face à un per­son­nel poli­tique médiocre et ver­sa­tile, ils imposent leur agen­da en mul­ti­pliant les pro­po­si­tions de loi liber­ti­cides (envers les ONG israé­liennes) et annexion­nistes (envers les ter­ri­toires occu­pés palestiniens). 

Côté pales­ti­nien, après la « décon­nexion » (hit­nat­kout) uni­la­té­rale opé­rée dans la bande de Gaza par feu l’ancien Pre­mier ministre Ariel Sha­ron en août 2005, les deux cou­rants domi­nants du mou­ve­ment natio­nal pales­ti­nien, le Fatah et le Hamas 28 isla­mo-natio­na­liste, ont rom­pu les ponts au terme d’une brève, mais vio­lente guerre civile en juin 2007. Ce sont désor­mais deux Auto­ri­tés pales­ti­niennes (AP) qui gou­vernent « l’État de Pales­tine » admis à l’Assemblée géné­rale de l’ONU à titre d’État obser­va­teur non membre le 29 novembre 2012 : une AP estam­pillée Hamas dans la bande de Gaza et une AP estam­pillée OLP (à domi­nante Fatah) dans les enclaves auto­nomes pales­ti­niennes de Cis­jor­da­nie29. Ces deux AP, vides de sens et… d’autorité, sont contes­tées paci­fi­que­ment par des ONG ten­tant de reprendre la main dans la socié­té civile pales­ti­nienne30.

Le contexte régio­nal arabe (guerres civiles syrienne et ira­kienne) a eu deux effets.

Pre­mier effet, la réti­cence de la socié­té pales­ti­nienne occu­pée à déclen­cher un nou­veau sou­lè­ve­ment qui ris­que­rait d’ouvrir les vannes à des orga­ni­sa­tions nihi­listes du type État isla­mique (Daech) et le désa­veu des deux AP, avec des son­dages d’opinion pré­voyant un taux astro­no­mique d’abstention en cas de nou­veau scru­tin légis­la­tif pales­ti­nien (onze ans après le précédent).

Deuxième effet, l’adhésion d’une écra­sante majo­ri­té israé­lienne (même non colo­niale) au double leit­mo­tiv de l’ancien et éphé­mère (1990 – 2001) Pre­mier ministre tra­vailliste Ehoud Barak : « Nous n’avons pas de par­te­naire » (Ein lanou part­ner) et « Israël est une vil­la dans la jungle » (Yis­raël hi vil­la ba-djen­gel). L’effondrement du sys­tème régio­nal arabe, la guerre de Syrie et l’engagement de la Rus­sie, de l’Iran et du Hez­bol­lah liba­nais dans ladite guerre ont convain­cu l’opinion israé­lienne de la per­ti­nence de ce mantra.

Aujourd’hui, en juin 2017, cin­quante après le déclen­che­ment de la troi­sième guerre israé­lo-arabe, 130 colo­nies israé­liennes de peu­ple­ment, habi­tées par 570.000 citoyens israé­liens (370.000 en Cis­jor­da­nie et 200.000 à Jéru­sa­lem-Est)31, entre­lardent un ter­ri­toire que l’ensemble de la « com­mu­nau­té inter­na­tio­nale » consi­dère comme l’assiette d’un futur État de Pales­tine. De même, un racisme anti-juif retrouve droit de cité dans de nom­breux États arabes et en Europe occi­den­tale. Enfin, un ter­ro­risme juif se déve­loppe par­mi la seconde géné­ra­tion radi­ca­li­sée des colons idéo­lo­giques israé­liens, celle qui n’a pas connu la « Ligne Verte » et est née « natu­rel­le­ment » dans une Cis­jor­da­nie appe­lée Judée-Sama­rie32. Aucun de ces déve­lop­pe­ments n’est de nature à « paci­fier » les esprits. Il y a donc lieu d’afficher un pes­si­misme ins­truit et démo­ti­vant chez les tenants du double droit à l’autodétermination, celui des Arabes pales­ti­niens et celui des Juifs israéliens.

Une nostalgie trouble et ambivalente

Il y a trente ans, quelques mois avant la pre­mière Inti­fa­da, j’effectuais mon pre­mier séjour en Israël-Pales­tine. J’y ai noué des ami­tiés durables avec des Israé­liens et des Pales­ti­niens. Les quin­qua­gé­naires que nous sommes deve­nus par­ta­geons tous une étrange et incon­for­table nos­tal­gie. Celle des années 1970 et 1980t, ces années d’avant les accords d’Oslo, lorsqu’une cer­taine lumière poi­gnait à l’horizon. Trente ans plus tard et cin­quante ans après la troi­sième guerre israé­lo-arabe, cette nos­tal­gie a fait place au déses­poir. Tant du côté israé­lien que pales­ti­nien, plus rien, abso­lu­ment rien, n’autorise à faire preuve de volon­ta­risme et d’optimisme. Un demi-siècle n’a pas suf­fi à renouer des liens tran­sac­tion­nels sub­stan­tiels entre les nations juive israé­lienne et arabe palestinienne.

En cette année 2017, nous sommes reve­nus au cli­mat de 1947, lorsque Juifs israé­liens et Arabes pales­ti­niens ne pou­vaient que, légi­ti­me­ment, être sourds les uns envers les autres. Pour les tenants du double droit à l’autodétermination dans le cadre de deux États, ce jubi­lé est syno­nyme de mau­vaise cuvée.

  1. Appe­lée « Guerre d’Indépendance » (Mil­he­met ha-Atzma‘out) par les Israé­liens et « Catas­trophe » (Nak­ba) par les Arabes.
  2. En hébreu, Mil­he­met She­shet ha-Yamim ; en arabe, pudi­que­ment, Nak­sa. La deuxième guerre israé­lo-arabe ou « Crise de Suez » (automne 1956) vit la France, Israël et le Royaume-Uni atta­quer l’Égypte nas­sé­rienne à la suite de la natio­na­li­sa­tion du canal de Suez. Elle est appe­lée « Opé­ra­tion Kadesh » (Mivt­za‘ Kadesh) en hébreu et « Agres­sion Tri­par­tite » (al-‘Oudwan ath-Thou­la­thi) en arabe.
  3. Res­pec­ti­ve­ment : Mou­ve­ment de Libé­ra­tion natio­nale pales­ti­nienne (Yas­ser Ara­fat ✝), Front popu­laire de Libé­ra­tion de la Pales­tine (Georges Habache ✝) et Front démo­cra­tique de Libé­ra­tion de la Pales­tine (Nayef Hawathmeh).
  4. Par­mi les­quels Shi­mon Per­es (✝) et Moshe Dayan (✝).
  5. Richard Z. Ches­noff, Edward Klein et Robert Lit­tell, If Israel Lost the War, Coward-McCann, 1969. Publiée dans la fou­lée de la Guerre des Six Jours et co-écrite par le père de Jona­than Lit­tell, cette uchro­nie de sen­si­bi­li­té pro-israé­lienne n’en recon­nais­sait pas moins l’existence de Pales­ti­niens et d’un peuple pales­ti­nien, ce qui était à l’époque extrê­me­ment mar­gi­nal dans les opi­nions occidentales.
  6. Azmi Bisha­ra, « Guerre de juin 1967… Une lec­ture après 50 ans », Al-Ara­by Al-Jadid, 20 mai 2017. Tra­duit et par­tiel­le­ment repu­blié en fran­çais sous le titre « Pour­quoi les Arabes ont per­du la guerre des Six Jours » dans Cour­rier inter­na­tio­nal, n°1387, 1er juin 2017.
  7. Nir Has­son, « Les che­va­liers de l’Ordre du Mur sortent de l’ombre », Haa­retz, 31 mai 2017.
  8. Azmi Bisha­ra, op cit.
  9. Pour d’avantage de déve­lop­pe­ments sur l’évolution du mou­ve­ment natio­nal pales­ti­nien entre 1959 et 2004 : Pas­cal Fenaux, « La Pales­tine, entre pro­messe et élec­tion », La Revue nou­velle, décembre 2004.
  10. Pas­cal Fenaux, « Vie et mort de Mon­sieur Jour­dain », La Revue nou­velle, mars 1999.
  11. Pas­cal Fenaux, « Du Yid­di­sh­land à Eretz-Israël, de la Pologne à la Pales­tine », La Revue nou­velle, mai-juin 1998.
  12. Rass­viet, Ber­lin, n° 42 – 43, 4 novembre 1923. Une ver­sion fran­çaise inté­grale est pro­po­sée dans le livre de Denis Char­bit, Sio­nismes – Textes fon­da­men­taux, Albin Michel, 1998.
  13. Eretz-Israël se tra­duit par le Pays d’Israël ou la Terre d’Israël. À ne pas confondre avec l’État d’Israël, le Pays d’Israël englobe les ter­ri­toires israé­liens et pales­ti­niens, ain­si qu’une par­tie de la Jor­da­nie actuelle. Jusqu’en 1948, pour dénom­mer les Juifs de Pales­tine, l’hébreu et le yid­dish, langue majo­ri­taire des immi­grants-colons, par­lait de Juifs eret­zis­raé­liens, tan­dis que ces der­niers se dénom­maient, dans les autres langues, Juifs pales­ti­niens ou… Pales­ti­niens.
  14. Qui peut éga­le­ment signi­fier « tir de barrage ».
  15. Pas­cal Fenaux, « Ariel Sha­ron, une vie israé­lienne », La Revue nou­velle, février 2014.
  16. En hébreu, ha-Ḳav ha-Yarok ; en arabe, al-Khatt al-Akh­dar. Terme géné­rique dési­gnant les anciennes lignes d’armistice négo­ciées en 1949 avec la Jor­da­nie, l’Égypte et la Syrie.
  17. Elias San­bar (entre­tien avec Pas­cal Fenaux), « Les incon­nus et les absents », La Revue nou­velle, mai-juin 1998.
  18. En 1997, Meron Ben­ve­nis­ti, his­to­rien, poli­to­logue et, de 1971 à 1978, maire adjoint de la Jéru­sa­lem « réuni­fiée », résu­mait la situa­tion en ces termes : « Les concep­teurs d’Oslo étaient ani­més par la pour­suite de deux pers­pec­tives très dif­fé­rentes. Selon la pre­mière, le pro­ces­sus d’Oslo allait ins­tau­rer un cli­mat de confiance, lequel crée­rait les condi­tions néces­saires pour en finir avec le conflit israé­lo-pales­ti­nien. […] Mais, d’un autre côté, les par­ti­sans de la paix se voyaient obli­gés de s’adjoindre les ser­vices de ceux qui, en Israël, pour­sui­vaient une toute autre pers­pec­tive. Selon celle-ci, Oslo devait per­mettre de rem­pla­cer l’exercice direct de la domi­na­tion israé­lienne (et que l’Intifada avait fait vaciller) par un autre, indi­rect celui-ci, c’est-à-dire par l’intermédiaire de l’Autorité pales­ti­nienne », Haa­retz, 10 avril 1997.
  19. Nahum Bar­nea et Shi­mon Shif­fer, « Tsa­hal cherche une crise avec Ara­fat », Yediot Aha­ro­not, 4 février 1994.
  20. Maa­riv, 29 sep­tembre 2000.
  21. Sta­tis­ti­cal Abs­tract of Israel, Cen­tral Bureau of Sta­tis­tics, 1992 – 2006.
  22. Le Mont du Temple (Har ha-Bayit) pour les Juifs ; le Noble Sanc­tuaire (al-Haram ash-Sha­rif) pour les Arabes. Pour plus de déve­lop­pe­ments sur les iden­ti­tés de l’Esplanade : Pas­cal Fenaux, « Jéru­sa­lem, à cou­teaux tirés », La Revue nou­velle, 15 octobre 2015.
  23. Maa­riv, 8 février 2002.
  24. Maa­riv, 26 octobre 2001.
  25. Ari Sha­vit, « En atten­dant les Bar­bares – En route vers le Trans­fert », Haa­retz, 9 jan­vier 2004. Tra­duit par P.F. et par­tiel­le­ment repu­blié en fran­çais sous le titre « Ben Gou­rion aurait dû expul­ser tous les Arabes » dans Cour­rier inter­na­tio­nal, n°689, 15 jan­vier 2004.
  26. Ehoud Barak (entre­tien avec Claude Lanz­mann), « L’ombre et la lumière », Les Temps modernes, n°651, Paris, novembre-décembre 2008.
  27. Ofer She­lah, « La triste his­toire d’Amos et Amos », Yediot Aha­ro­not, 11 juin 2004.
  28. Mou­ve­ment de la Résis­tance isla­mique, fon­dé en 1987 par la branche de Gaza des Frères musulmans
  29. Pas­cal Fenaux, « Aveugles à Gaza », La Revue nou­velle, août 2007.
  30. Pas­cal Fenaux, « Pales­tine, un pays à réin­ven­ter, Alter­na­tives Sud (CETRI), 15 décembre 2010.
  31. Ser­gueï Lavrov, John Ker­ry, Fede­ri­ca Moghe­ri­ni, Ban Ki-moon, « Report of the Middle East Quar­tet », Foun­da­tion for Middle East Peace (FMEP), 1er juillet 2016.
  32. Dans la presse inter­na­tio­nale non fran­co­phone, la Cis­jor­da­nie occu­pée est appe­lée « Rive occi­den­tale » (sous-enten­du du Jour­dain). En arabe, on parle éga­le­ment de la « Rive occi­den­tale » (ad-Dif­fat al-ghar­biya), des « Ter­ri­toires occu­pés » (al-Ara­di al-mouh­tal­la) ou de « Pales­tine occu­pée » (Filas­tin al-mouh­tal­la), par dis­tinc­tion avec la « Pales­tine usur­pée » (Filas­tin al-mough­ta­sa­ba), c’est-à-dire l’État d’Israël. En hébreu, on hésite entre « les Ter­ri­toires » (ha-Shta­him), « la Rive occi­den­tale » (ha-Gada ha-ma‘aravit) ou « Judée-Sama­rie » (Yehou­da ve-Shom­ron, par­fois tra­duit en arabe dans les docu­ments offi­ciels par Yahou­da wa-as-Sam­ra).