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Fachoréaliste !

Blog - Anathème - élections Europe extrême droite Nazisme par Anathème

juin 2024

Depuis que l’extrême droite a raflé plus de 35 % des suf­frages aux élec­tions euro­péennes en France, qu’elle par­ti­cipe au pou­voir en Hon­grie, en Ita­lie ou en Fin­lande, qu’elle se main­tient à des scores stra­to­sphé­riques en Flandre et qu’elle a prê­té l’essentiel de ses thèmes de cam­pagne à la droite conser­va­trice fran­co­phone, il est de bon ton, chez les gau­chistes, de pous­ser des cris d’orfraies.

Anathème

Depuis que l’extrême droite a raflé plus de 35 % des suf­frages aux élec­tions euro­péennes en France, qu’elle par­ti­cipe au pou­voir en Hon­grie, en Ita­lie ou en Fin­lande, qu’elle se main­tient à des scores stra­to­sphé­riques en Flandre et qu’elle a prê­té l’essentiel de ses thèmes de cam­pagne à la droite conser­va­trice fran­co­phone, il est de bon ton, chez les gau­chistes, de pous­ser des cris d’orfraies.

Le fas­cisme serait aux portes, annon­çant un bou­le­ver­se­ment de nos socié­tés, le retour des heures les plus sombres de notre his­toire, l’oppression des mino­ri­tés, l’abandon des plus faibles, les bruits de bottes, les saluts au dra­peau et les trains à l’heure.

Heu­reu­se­ment, cer­taines voix s’élèvent pour appe­ler au calme et à la rai­son, telle celle du pré­sident du MR qui confiait récem­ment ne pas voir en quoi le pro­gramme du Vlaams Belang pou­vait être d’extrême droite. Ver­nis que nous sommes de béné­fi­cier des lumières d’un tel vision­naire, qui nous rap­pelle que les gens peuvent chan­ger, que l’on peut tendre le bras dans des réunions intimes et être un loyal par­te­naire gou­ver­ne­men­tal, poser des gerbes sur la tombe de col­la­bo­ra­teurs nazis, mais savoir faire la part des choses quand il s’agit d’immigration (c’est non !) et d’accueil des gens du voyage (c’est non aussi !).

Car, au fond, sommes-nous bien surs d’avoir affaire à de véri­tables fachos, et pas seule­ment à des gens un petit peu plus à droite que la moyenne ? Il fau­drait se don­ner le temps d’y réflé­chir. Mener des études. Peser le pour et le contre. Ne pas se pré­ci­pi­ter, ni sur­réa­gir, ni som­brer dans des délires catastrophistes !

Bref, nous avons besoin d’un peu de recul. Rien ne presse.

Et puis, même s’ils étaient fas­cistes, qu’y pou­vons-nous ? Le fas­cisme comme cha­cun sait, ça va, ça vient. Ce sont des cycles, comme ceux de l’activité solaire, comme les sai­sons, comme El Niño… Si on n’aime pas, il suf­fit d’attendre que ça passe.

De toute façon, on n’y peut pas grand-chose.

Et puis, ces fas­cistes, qui peut affir­mer qu’ils sont réel­le­ment dan­ge­reux ? Qu’ils aiment l’ordre et les coupes bien déga­gées der­rière les oreilles, je n’en dis­con­viens pas. Qu’ils puissent être bruts de décof­frage, voire un peu vifs, c’est un fait. Mais de là à dire qu’ils menacent nos socié­tés démo­cra­tiques, ça semble très exa­gé­ré. Le dan­ger n’est-il pas avant tout pour ceux qui ont peur d’un peu de rigueur bud­gé­taire ou qui ont quelque chose à se repro­cher ? Au fond, le fas­cisme est peut-être même une forme de gen­tillesse, une  manière de bien châ­tier parce qu’on aime bien. On ne sait pas vrai­ment. Il fau­drait essayer.

Lais­sons-leur une chance, il sera bien temps de les balayer d’un revers de la main s’ils ne donnent pas satisfaction.

Et puis, si cer­tains conti­nuent d’avoir des craintes, qu’ils se ras­surent : on trou­ve­ra sur­ement une solu­tion tech­nique contre le fas­cisme. Il faut juste lais­ser aux cher­cheurs le temps de trou­ver une solu­tion : une pilule anti­fas­ciste, une grosse machine pour extraire le fas­cisme de l’air ambiant et le sto­cker dans des mines désaf­fec­tées, ou de grandes fusées pour envoyer tous les déchets fas­cistes sur la Lune. On pour­rait aus­si son­ger à com­pen­ser nos poli­tiques fas­cistes en pro­mou­vant des pro­jets gau­chistes ailleurs, en Afrique, par exemple. Nous pour­rions alors être fas­cistes entre nous et les étran­gers seraient heu­reux de leur gau­chisme, en Étran­ge­rie, et y resteraient.

La tech­nique peut tout résoudre, tout le monde le sait. Il suf­fit d’attendre que les solu­tions sortent des labos !

Oh, je m’attends bien à subir les foudres des bien­pen­sants, les­quels m’accuseront cer­tai­ne­ment d’être fachos­cep­tique. Je pré­fère me défi­nir comme fachoréaliste.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.