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Fachoréaliste !
Depuis que l’extrême droite a raflé plus de 35 % des suffrages aux élections européennes en France, qu’elle participe au pouvoir en Hongrie, en Italie ou en Finlande, qu’elle se maintient à des scores stratosphériques en Flandre et qu’elle a prêté l’essentiel de ses thèmes de campagne à la droite conservatrice francophone, il est de bon ton, chez les gauchistes, de pousser des cris d’orfraies.
Depuis que l’extrême droite a raflé plus de 35 % des suffrages aux élections européennes en France, qu’elle participe au pouvoir en Hongrie, en Italie ou en Finlande, qu’elle se maintient à des scores stratosphériques en Flandre et qu’elle a prêté l’essentiel de ses thèmes de campagne à la droite conservatrice francophone, il est de bon ton, chez les gauchistes, de pousser des cris d’orfraies.
Le fascisme serait aux portes, annonçant un bouleversement de nos sociétés, le retour des heures les plus sombres de notre histoire, l’oppression des minorités, l’abandon des plus faibles, les bruits de bottes, les saluts au drapeau et les trains à l’heure.
Heureusement, certaines voix s’élèvent pour appeler au calme et à la raison, telle celle du président du MR qui confiait récemment ne pas voir en quoi le programme du Vlaams Belang pouvait être d’extrême droite. Vernis que nous sommes de bénéficier des lumières d’un tel visionnaire, qui nous rappelle que les gens peuvent changer, que l’on peut tendre le bras dans des réunions intimes et être un loyal partenaire gouvernemental, poser des gerbes sur la tombe de collaborateurs nazis, mais savoir faire la part des choses quand il s’agit d’immigration (c’est non !) et d’accueil des gens du voyage (c’est non aussi !).
Car, au fond, sommes-nous bien surs d’avoir affaire à de véritables fachos, et pas seulement à des gens un petit peu plus à droite que la moyenne ? Il faudrait se donner le temps d’y réfléchir. Mener des études. Peser le pour et le contre. Ne pas se précipiter, ni surréagir, ni sombrer dans des délires catastrophistes !
Bref, nous avons besoin d’un peu de recul. Rien ne presse.
Et puis, même s’ils étaient fascistes, qu’y pouvons-nous ? Le fascisme comme chacun sait, ça va, ça vient. Ce sont des cycles, comme ceux de l’activité solaire, comme les saisons, comme El Niño… Si on n’aime pas, il suffit d’attendre que ça passe.
De toute façon, on n’y peut pas grand-chose.
Et puis, ces fascistes, qui peut affirmer qu’ils sont réellement dangereux ? Qu’ils aiment l’ordre et les coupes bien dégagées derrière les oreilles, je n’en disconviens pas. Qu’ils puissent être bruts de décoffrage, voire un peu vifs, c’est un fait. Mais de là à dire qu’ils menacent nos sociétés démocratiques, ça semble très exagéré. Le danger n’est-il pas avant tout pour ceux qui ont peur d’un peu de rigueur budgétaire ou qui ont quelque chose à se reprocher ? Au fond, le fascisme est peut-être même une forme de gentillesse, une manière de bien châtier parce qu’on aime bien. On ne sait pas vraiment. Il faudrait essayer.
Laissons-leur une chance, il sera bien temps de les balayer d’un revers de la main s’ils ne donnent pas satisfaction.
Et puis, si certains continuent d’avoir des craintes, qu’ils se rassurent : on trouvera surement une solution technique contre le fascisme. Il faut juste laisser aux chercheurs le temps de trouver une solution : une pilule antifasciste, une grosse machine pour extraire le fascisme de l’air ambiant et le stocker dans des mines désaffectées, ou de grandes fusées pour envoyer tous les déchets fascistes sur la Lune. On pourrait aussi songer à compenser nos politiques fascistes en promouvant des projets gauchistes ailleurs, en Afrique, par exemple. Nous pourrions alors être fascistes entre nous et les étrangers seraient heureux de leur gauchisme, en Étrangerie, et y resteraient.
La technique peut tout résoudre, tout le monde le sait. Il suffit d’attendre que les solutions sortent des labos !
Oh, je m’attends bien à subir les foudres des bienpensants, lesquels m’accuseront certainement d’être fachosceptique. Je préfère me définir comme fachoréaliste.