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Dictateurs à la manque !

Blog - Anathème - crise droits humains injustice par Anathème

mai 2021

Notre socié­té et notre démo­cra­tie sont à bout de souffle. Il est depuis long­temps clair que seule une res­tau­ra­tion de l’ordre et de la dis­ci­pline peuvent sau­ver notre bel Occi­dent judéo-chré­­tien des inva­sions bar­bares, fémi­nistes et trans­genres. Et de l’écriture inclu­sive. Et du déclin de l’usage des chiffres romains. Nous en sommes convain­cus depuis long­temps : il […]

Anathème

Notre socié­té et notre démo­cra­tie sont à bout de souffle. Il est depuis long­temps clair que seule une res­tau­ra­tion de l’ordre et de la dis­ci­pline peuvent sau­ver notre bel Occi­dent judéo-chré­tien des inva­sions bar­bares, fémi­nistes et trans­genres. Et de l’écriture inclu­sive. Et du déclin de l’usage des chiffres romains.

Nous en sommes convain­cus depuis long­temps : il y va de notre sur­vie, l’ennemi est à nos portes, l’heure n’est pas aux ater­moie­ments par­le­men­taires, il n’est plus temps de s’encombrer du réel, etc. Bref, le temps est venu du règne de la main de fer du mar­ché dans le gan­te­let de cotte de maille des fonc­tions réga­liennes de l’État.

Nous le répé­tons depuis des années, nous le pré­pa­rons de longue date, nous pro­gres­sons patiem­ment dans les son­dages, nous bana­li­sons nos thèses, si bien qu’hier encore, tout nous sem­blait prêt pour des len­de­mains qui chantent en rythme, en culotte courte et en fai­sant tour­noyer des dra­peaux, comme à la Vlaams Natio­naal Zangfeest.

Mais l’édition de 2021 de ce fes­ti­val des amou­reux de pas caden­cé — plus haut, le pied ! — est repor­tée à fin juin… en plein air… si les cir­cons­tances le per­mettent… Du reste, la N‑VA n’est plus au gou­ver­ne­ment fédé­ral, l’extrême droite fran­co­phone conti­nue de cher­cher le sens dans lequel enfi­ler sa che­mise brune, les poli­ciers conti­nuent de tabas­ser, mais s’en prennent à tout le monde, et l’État se muscle, mais sans nous.

Quel déchi­re­ment que de voir le pro­jet d’une vie nous échap­per ! Au nom de quoi a‑t-on pu éta­blir un couvre-feu, régler la tenue des gens en rue, sou­mettre les com­merces à des auto­ri­sa­tions d’ouverture, fer­mer des écoles, confi­ner la popu­la­tion civile et même obli­ger les dif­fé­rents niveaux de pou­voir en Bel­gique à coopé­rer (un peu) ? Au nom de la san­té du Bel20, de la pros­pé­ri­té des classes supé­rieures, des pri­vi­lèges des popu­la­tions autoch­tones, des valeurs de la famille tra­di­tion­nelle, de la flui­di­té des échanges com­mer­ciaux, de la lutte contre le Grand Rem­pla­ce­ment et du res­pect dû à l’uniforme ?

Pas du tout !

Ces mesures dont nous rêvions ont été mises en place au nom de la néces­saire pro­tec­tion des plus faibles, de l’importance de gérer col­lec­ti­ve­ment la menace, de pré­ser­ver la san­té de la popu­la­tion et d’éviter l’engorgement du sys­tème de santé.

Avons-nous au moins la conso­la­tion d’être confron­tés à un tra­vail bien fait ? Même pas ! Pas d’exécutions som­maires, pas de milices patrouillant dans les rues, pas de chars aux portes des villes, pas d’occupation mili­taire de la télé­vi­sion et de la radio, pas de rem­pla­ce­ment des manuels sco­laires, pas de dis­pa­ri­tion de jour­na­listes ! Comme s’il ne suf­fi­sait pas de subir une dic­ta­ture atten­tant gra­ve­ment à nos liber­tés, il faut que celle que nous subis­sons soit médiocre. Com­ment, dans ces condi­tions, être les résis­tants aux­quels les pou­voirs auto­ri­taires qui ne man­que­ront de triom­pher au terme d’un com­bat épique éri­ge­ront des monu­ments com­mé­mo­ra­tifs ? Com­ment entrer dans l’histoire en se fai­sant infli­ger une amende pour non-port du masque en rue ? Com­ment voir sa mémoire révé­rée à jamais pour avoir par­ti­ci­pé à une fête au Bois de la Cambre et bra­vé les autopompes ?

Il faut ajou­ter à cela que nous sommes cen­su­rés en per­ma­nence. Mais au lieu de voir nos ouvrages brû­lés sur les places du pays et d’être envoyé en colo­nie péni­ten­tiaire, nous nous fai­sons contre­dire et ridi­cu­li­ser sur les réseaux sociaux par des fémi­nistes citant des études scien­ti­fiques. De même, nous subis­sons de plein fouet la can­cel culture, mais, au lieu de devoir nous réunir en secret, de craindre le gou­lag et de nous écrire en mes­sages codés, nous devons nous conten­ter de fran­chir une haie de repré­sen­tants des mino­ri­tés pro­tes­tant contre notre venue lorsque nous allons péro­rer dans une librai­rie ou diva­guer sur une chaine de télé­vi­sion à une heure de grande audience.

Bref, notre beau pro­jet, non seule­ment a été uti­li­sé contre nous, mais, en plus, l’a été de manière ridi­cule. Le mépris à notre égard de la dic­ta­ture en place est tel que ceux qui en tirent les ficelles ne se donnent même pas la peine de nous oppri­mer dans les règles de l’art. Il y a là de quoi dis­cré­di­ter toute idée de pou­voir fort, ce qui est sans doute le plus douloureux.

Mais nous sau­rons nous ven­ger ter­ri­ble­ment de ce cui­sant affront et nous bâti­rons le plus puis­sant et le plus into­lé­rant des régimes auto­ri­taires, pour mon­trer à tous que nous sommes les seuls héri­tiers légi­times de nos tra­di­tions sécu­laires. Aux armes !

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.