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Dangereuses victimes

Blog - Anathème par Anathème

avril 2016

Pré­ci­sons-le d’emblée : je ne consi­dère pas les ter­ro­ristes comme des per­sonnes recom­man­dables. Bien enten­du, il est impar­don­nable de tuer aveu­glé­ment, de muti­ler, d’endoctriner, de ter­ro­ri­ser. Bien enten­du. Cepen­dant, il faut leur recon­naître au moins une qua­li­té – au-delà de leur dévoue­ment à leur cause – celle de nous aider à col­ma­ter les failles de nos sys­tèmes de sécu­ri­té. Grâce à eux, nous pre­nons conscience des dan­gers liés à la mul­ti­pli­ci­té des accès aux gares, du manque de poli­ciers, de l’intérêt consi­dé­rable de faire patrouiller les mili­taires en rue et de la néces­si­té abso­lue de lais­ser la bride sur le cou aux ser­vices de sécu­ri­té. Le pro­cé­dé est peut-être radi­cal, mais il faut se réjouir que nous soit don­née l’occasion d’améliorer notre socié­té. Sans eux, ce n’aurait sans doute pas été pos­sible pour une socié­té qui a fait de l’atermoiement un art de vivre.

Anathème

On ne peut mal­heu­reu­se­ment pas en dire autant des vic­times. Alors que la popu­la­tion entière est émue par leur sort tra­gique, alors qu’elles pour­raient consti­tuer un maillon essen­tiel de la fabrique du consen­te­ment à une socié­té sécu­ri­taire, alors qu’elles pour­raient reprendre en chœur les décla­ra­tions de Jan Jam­bon, les voi­là qui prennent le contrepied.

Refu­sant l’amalgame, se met­tant en scène en Juifs amis des musul­mans, appe­lant à la modé­ra­tion, se disant atta­chées aux liber­tés publiques et à la démo­cra­tie, elles menacent l’union sacrée contre le ter­ro­risme. Elles refusent de par­ler de monstres, du pro­blème de l’islam, de l’échec de l’intégration, de la guerre des civi­li­sa­tions, de la déca­dence de l’État, de la néces­si­té d’un ordre nou­veau, du désir du peuple de s’abriter à l’ombre d’un homme fort ! Elles sont autant d’obstacles à une réac­tion ferme et effi­cace à la menace terroriste.

Heu­reu­se­ment, nom­breux sont nos conci­toyens qui ne se laissent pas pié­ger et qui com­prennent bien que le pro­blème, c’est le voile isla­mique, que l’État est leur ami (sévère, mais juste) et que leur argent sera mieux uti­li­sé dans le bud­get de la police que dans celui de la sécu­ri­té sociale. Heu­reu­se­ment, la popu­la­tion garde son sang-froid et admet l’importance d’acheter des avions de guerre, de réfor­mer le droit pénal et de déra­di­ca­li­ser tout qui se laisse pous­ser la barbe.

Il n’en demeure pas moins que la vision de nos lea­ders est mena­cée, non seule­ment par les bobos bien-pen­sants, mais encore par ces per­sonnes ordi­naires qui eurent le mal­heur d’être trop proches d’une valise par­ti­cu­lière ou de mon­ter dans une cer­taine rame de métro.

Il est temps de mettre fin à cette situa­tion et de sou­mettre l’expression des vic­times à un strict contrôle. Bien enten­du, leurs appels à la modé­ra­tion ont moins d’écho que les danses musul­manes de Jan Jam­bon, mais il faut prendre la menace au sérieux et nous pré­mu­nir contre les enne­mis inté­rieurs qui entendent abu­ser des liber­tés démocratiques.

Quand la démo­cra­tie est en dan­ger, il est de notre devoir de faire montre de la plus grande fermeté.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.