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C’est du vent

Blog - Belgosphère - Belgique (België) MR Société par

avril 2015

Il est des jour­nées pleines de coïn­ci­dences. Où des évè­ne­ments à prio­ri indé­pen­dants finissent par sem­bler se répondre les uns aux autres. Pre­nez ce dimanche 29 mars où l’on se réveille avec déjà l’impression d’être floué. Ce n’est pas l’heure d’été. On s’attend à une longue saga média­tique sur un contrôle bud­gé­taire qui, selon les pré­vi­sions, devrait […]

Belgosphère

Il est des jour­nées pleines de coïn­ci­dences. Où des évè­ne­ments à prio­ri indé­pen­dants finissent par sem­bler se répondre les uns aux autres. Pre­nez ce dimanche 29 mars où l’on se réveille avec déjà l’impression d’être floué. Ce n’est pas l’heure d’été. On s’attend à une longue saga média­tique sur un contrôle bud­gé­taire qui, selon les pré­vi­sions, devrait entrai­ner de sérieuses bour­rasques au sein du gou­ver­ne­ment Michel. Un crash pour en rem­pla­cer un autre sur les écrans télé ? 

La tem­pête, ce sont les sym­pa­thi­sants de « Tout Autre chose » et de « Hart boven Hard » qui l’ont affron­tée dans les rues de Bruxelles. Quand vingt mille per­sonnes se mouillaient contre l’austérité et pour une autre poli­tique sociale et éco­no­mique, la coa­li­tion sué­doise pre­nait, vite fait, mal fait, quelques mesures d’ajustement qui ne feront pas de vagues. Un bud­get indo­lore, assure Charles Michel. « Sans impact social néga­tif », pré­cise le pré­sident du MR Oli­vier Chas­tel. Et dans la plu­part des médias, une seule conclu­sion appa­rais­sait sur les sites lun­di : le bud­get est bou­clé, il n’y aura pas de taxe nou­velle. C’est tout ? C’est l’essentiel en tout cas. D’ailleurs, il ne s’agissait que d’un « ajus­te­ment », un arran­ge­ment, un habillage quoi ! 

Cer­tains jour­na­listes, cer­tains experts sont-ils à ce point conta­mi­nés par l’idéologie libé­rale qu’ils consi­dèrent que l’absence de taxes ou d’impôts est à prio­ri la seule bonne mesure qu’un gou­ver­ne­ment puisse prendre pour son pays et que cela rend de fac­to la poli­tique bud­gé­taire « indo­lore » ? Ne par­lons même pas ici du tra­que­nard ten­du aux Régions qui devront, elles, prendre des mesures d’économies qui tou­che­ront direc­te­ment la popu­la­tion. C’est un joli coup, mais ce sont les mesures pré­cé­dentes prises par le gou­ver­ne­ment qui auront leur impact (social néga­tif) sur le bud­get. L’ajustement ne fait que rha­biller les baisses de dépenses en soins de san­té, en sécu­ri­té sociale grâce aux mesures prises à l’encontre des chô­meurs et des malades chro­niques. Grâce au dégrais­se­ment des admi­nis­tra­tions publiques, de la SNCB, de l’armée, de la Jus­tice. Et affir­mer qu’on va « ren­for­cer » la Jus­tice en payant ses dettes les plus urgentes, c’est… du vent. 

Le plus sidé­rant fina­le­ment, c’est la rapi­di­té avec laquelle on nous habi­tue à tolé­rer l’appauvrissement de l’État et du ser­vice public en géné­ral. Une Jus­tice qui ne juge plus faute de magis­trats et qui est de plus en plus inac­ces­sible au com­mun des mor­tels, des gares qui tombent en ruine, des trains sup­pri­més sur­tout s’ils roulent en Wal­lo­nie, une admi­nis­tra­tion fis­cale ren­due inca­pable de détec­ter et de pour­suivre les gros frau­deurs, les hôpi­taux en faillite, la Poste qui dis­tri­bue moins de cour­rier en plus de temps, la pri­va­ti­sa­tion de cer­taines mis­sions de l’armée comme le ser­vice de sau­ve­tage en mer du Nord… On pour­rait faire le même exer­cice pour tout ce qui relève de la com­pé­tence des Régions. L’enseignement, les routes. On s’habitue. On se dit que par rap­port aux Grecs, c’est tout de même mieux ou « moins pire ». Que, oui, d’accord, pour com­bler le défi­cit de l’État, il fau­drait ima­gi­ner une autre poli­tique fis­cale, mais le tax shift, c’est poli­ti­que­ment com­pli­qué. On ver­ra plus tard et de toute façon les vents ne sont pas favo­rables pour mon­ter dans ce genre d’embarcation.

Dimanche, « Tout Autre Chose » mani­fes­tait. Lun­di, c’étaient les syn­di­cats. Les tracts se sont envo­lés. Les pho­tos ont ces­sé de cir­cu­ler sur Face­book. Dimanche, c’était aus­si les élec­tions dépar­te­men­tales en France. Là on a vu à l’œuvre une autre manière de pro­tes­ter, une autre expres­sion du désar­roi des élec­teurs qui s’estiment tra­his. On a sen­ti un vent mau­vais que l’on n’espère bien ne pas voir souf­fler vers le Nord.