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Aux sources tumultueuses de la paix en Colombie De San Vicente del Caguán à La Havane
La signature prochaine de la paix entre Bogotá et les FARC est le fruit d’un long processus, dont les circonvolutions et les échecs passés éclairent les défis du présent.
« Retour amont » : ces mots du poète René Char se sont imposés à moi, il y a quelques semaines, lorsque j’ai redécouvert les archives audio de mon premier séjour en Colombie (septembre 1998-juillet 2000) durant lequel j’ai suivi le processus de paix de San Vicente del Caguán, une localité où je me suis rendue pour un reportage en octobre 1999. Dix-sept ans plus tard, qu’est-ce que ces voix ont encore à dire ? Quelles visions d’avenir exprimaient-elles déjà ? Quels avertissements aussi ?
L’accord historique de cessez-le-feu bilatéral signé le 23 juin 2016 à La Havane entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC comporte une clause garantissant la lutte contre les groupes paramilitaires, leurs héritiers, et leurs alliés politiques et économiques. Car, entre le Caguán et La Havane, il y a eu dix-sept années de calvaire vécu par les populations du département du Caquetá — à l’image du reste du pays —, endurées le plus souvent en silence et occultées par les élites locales et internationales.
Retrouver et dévider le fil de l’histoire collective des habitants de San Vicente et des environs jusqu’à aujourd’hui, rappelle combien les avancées sans retour des négociations exigent aussi d’affronter d’ultimes dangers avant qu’un état de paix puisse exister sur tout le territoire colombien1.
9 octobre 1999 San Vicente Del Caguán
La place prête pour l’hommage à Ernesto « Che » Guevarra convoqué par les FARC
Photo : Laurence Mazure
Les voix de 1999
Un commandant des FARC prend la parole : « Le paramilitarisme est une politique de l’État colombien, qui s’inscrit dans une stratégie anti-insurrectionnelle. Les forces armées et la police donnent de l’importance aux AUC (Autodéfenses unies de Colombie) car ainsi ils n’apparaissent pas comme les exécutants de la terreur officielle. Tous les hauts gradés savent parfaitement où se trouvent les chefs paramilitaires (…). Il y a des relations étroites entre eux et les forces armées — cela se sait et a été prouvé —, des officiers ont été démis de leurs fonctions à la suite de massacres. (…) Quant à nous, nous pensons que les négociations de paix peuvent avancer par un chemin beaucoup plus sûr : celui du démantèlement du paramilitarisme. (…) Dès le début, les FARC ont proposé de mettre comme condition au dialogue de paix le démantèlement du paramilitarisme. »
Un autre commandant de la guérilla enchaîne : « Nous sommes convaincus que la paix a besoin de perspectives en matière de développement (…). Il faut aider les paysans ainsi que les industries agroalimentaires locales, et résoudre le problème du chômage. (…) La paix peut générer de nouveaux investissements (…). Il faut un nouveau gouvernement, un nouvel État pour résoudre les problèmes en matière de santé et d’éducation. »
Les voix sont intactes sur les anciennes cassettes de reportage : ce n’est pas La Havane en 2016, mais San Vicente del Caguán en octobre 1999, durant le dernier processus de paix en date, qui s’est déroulé de fin 1998 au 21 février 2002 sous le mandat du président Andrés Pastrana.
Ce 9 octobre 1999, cela fait à peine un an que le président a mis en place la zone démilitarisée de 40.000 km2 contrôlée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Les localités de San Vicente ainsi que Los Pozos et Cartagena del Chaira y sont le cœur battant des négociations entre le gouvernement et la guérilla — les troisièmes d’une longue série depuis sa fondation en 1964 puisque, entretemps, il y a déjà eu dialogues de La Uribe 1984, et de Casa Verde en 1990.
Echos du Caguán
Le premier commandant s’appelle Ivan Rios, en charge des relations de la guérilla avec la presse. Le second est Simon Trinidad. Il fait lui aussi partie du haut commandement. Ils participent tous les deux régulièrement, ainsi que d’autres membres des FARC, aux émissions d’Ecos del Caguán, une radio communautaire créée il y a plus d’un an par des jeunes avec l’aide du père Luis Fernando Molina, prêtre aux convictions sociales inébranlables, qui a jadis eu pour compagnon de séminaire l’un des membres du haut commandement des FARC, Ivan Marquez.
Les priorités de l’antenne ? Avant tout, la paix, par le dialogue, l’éducation, l’information, et aussi le divertissement. Les ondes sont un espace social qui accueille les questions locales : les gens appellent, parlent de leur vie, suggèrent des solutions à des problèmes aussi concrets que le ramassage des ordures, l’approvisionnement en eau, le pavage des rues.
Depuis que les négociations ont commencé, les FARC ayant souhaité se joindre à un espace de débat, Ecos del Caguán donne aussi la parole à la guérilla, aux autorités municipales, principalement le maire Oscar Garcia, et aux habitants de San Vicente et des alentours. Pour eux, un coup de fil en direct à la station est la seule occasion de poser les questions qui les préoccupent. Même s’ils ne donnent jamais leurs noms, par peur d’être stigmatisés d’une façon ou d’une autre, les habitants interpellent longuement Ivan Rios, Simon Trinidad et le maire de San Vicente : « Que se passe-t-il réellement à San Vicente et dans la région ? », « Pourquoi n’a‑t-on pas consulté les habitants avant de créer la zone démilitarisée ? », « Comment peut-on espérer la paix si le chômage et la pauvreté continuent ? », « Pourquoi, chaque fois que les grands médias parlent de cultures illicites de coca, dit-on que ça se passe ici ? »
Vastes sujets et amples réponses. Un souci récurrent : celui du manque d’infrastructures nécessaires à l’économie agraire de San Vicente del Caguán, au cœur d’une région d’élevage, mais dépourvue de tout accès à des frigorifiques : abandonnée des pouvoirs publics qui n’ont jamais concrétisé les promesses d’investissements, l’économie locale n’arrive pas à se développer.
Ce mois d’octobre 1999 est celui de tous les espoirs : l’Iran a promis de soutenir les efforts de paix en aidant l’économie locale avec l’installation de ces frigorifiques. Même si elles viennent de loin, les promesses de la communauté internationale semblent plus fiables que celles, non tenues, de l’État central colombien. Une silhouette juvénile en uniforme de la guérilla entre dans le studio. Les cheveux bruns très courts, son fusil automatique à l’épaule et un sourire éclatant, c’est Lucero, la compagne de Simon Trinidad, qui s’assied dans un fauteuil. Si sa présence est remarquée, elle ne prend toutefois pas part aux débats de ce matin.
Fantômes du passé
En cette fin de semaine d’octobre 1999, on célèbre aussi l’anniversaire de la mort du « Che ». Un autre commandant fait irruption dans le studio, tombe la Kalachnikov pour attraper vite fait une guitare, se plante face à l’un des micros, chante « live » et « unplugged » le plus grand classique de Carlos Puebla sur la révolution cubaine — puis conclut avec une note de lyrisme signée des FARC «… y con Manuel te decimos, hasta siempre Comandante»…
Manuel, c’est Manuel Marulanda Velez, pseudo de Pedro Antonio Marin, un des fondateurs de la guérilla colombienne des FARC, et, à plus de septante ans, son chef historique indiscuté. Il y a plus d’un an de cela, durant la campagne présidentielle, il s’est réuni dans la jungle avec le candidat Pastrana et tous deux se sont engagés à mener des négociations de paix dans une zone de distension, si ce dernier était élu. Mais le jour de l’ouverture officielle du processus de paix du Caguán, le 7 janvier de cette même année 1999, le président Pastrana n’a qu’une chaise vide pour voisin, Marulanda et la guérilla jugeant que les conditions de sécurité ne sont pas réunies.
Depuis, les négociations passent par quelques hauts et beaucoup de bas — pourtant, le 26 mai, les deux parties donnent à connaître l’Agenda commun pour la paix. Les douze points à négocier portent, entre autres, sur une politique agraire intégrale, la lutte contre le trafic de drogue, les droits humains, la réforme de l’État, le rôle des forces armées, et les mécanismes de finalisation des accords.
Mais le jour même de cette bonne nouvelle, les forces armées et le ministre de la Défense, Rodrigo Lloreda, qui, le 3 août 1998, avant même l’investiture du président Pastrana, rencontrait déjà le président Clinton pour poser les premières pierres de ce qui allait devenir le Plan Colombia, orchestrent une crise, à coups de démissions vite rengainées, pour protester contre l’existence de la zone démilitarisée qui a rendu possibles les dialogues et ces mêmes avancées. Peu après, c’est au tour des FARC de marquer le coup en rejetant tout principe de monitoring international des négociations et de la zone.
Indépendamment de ces soubresauts, la vie dans la zone démilitarisée sous contrôle des FARC continue. Et rien n’empêche, pour le moment, à l’humour de trouver aussi sa place à l’antenne : ce matin, après les débats les plus sérieux, le commandant Ivan Rios et l’un des animateurs se livrent en direct à une « trova paisa », une joute oratoire chantée et rimée, accompagnée à la guitare, qui s’improvise autour des derniers couacs des négociations — une sortie de la langue de bois par la virtuosité et l’ironie décapante ! Une façon de mettre entre parenthèses trente-cinq ans de conflit, le temps d’un échange porté par une tradition culturelle de la région de Medellin, d’où sont originaires les protagonistes de ce duo improbable.
Un dernier jingle vient clore cette matinée de débats et de divertissement entre la guérilla des FARC et la société civile. Avec un rappel de l’animation du jour : « N’oubliez pas aujourd’hui samedi 9 octobre de venir aux célébrations du guérillero héroïque en souvenir de Che Guevera ! Hasta siempre ! »
Peurs prémonitoires
Bien d’autres sujets sont abordés à Ecos del Caguán : un des animateurs, Eduardo, souligne qu’ils réservent de larges plages d’antenne aux mères et aux proches des militaires et des policiers retenus prisonniers par les FARC, pour envoyer des messages de soutien, « en espérant vraiment contribuer ainsi au processus de paix ».
Mais, justement, en matière de paix, rien n’est simple.
Un autre animateur, Efraim, explique que ce qu’il y a de plus difficile, c’est quand les grands médias colombiens débarquent à San Vicente, les traitent avec mépris, voire suspicion, et, en marge des informations sur les négociations, publient des articles de pure désinformation qui stigmatisent toute la zone et ceux qui y vivent jusqu’à la caricature : « Cela fait beaucoup de mal à tous les habitants, en fait à tous les Colombiens, car si le processus de paix se brise, nous souffrirons tous. Nous espérons vraiment aboutir à un accord de paix, sinon le conflit va se faire sentir avec force à travers tout le pays. Les gens ont peur de l’avenir. Des sources sérieuses nous disent que les États-Unis vont envahir notre pays. La grande peur, ce sont les paramilitaires. Il y a de graves menaces qui inquiètent tout le monde. » Luis Fernando confirme : « Les gens ont peur qu’après [la fin des négociations] les paramilitaires viennent ici ».
En ces journées d’octobre 1999, il y a aussi des déplacés du conflit, à San Vicente – environ 400 à 500 familles. L’un d’entre eux, Daniel, a dû fuir en 1996 la guerre que se livraient la guérilla et les forces armées dans le village où il vivait à 200 kilomètres de là. Sa famille et lui survivent avec difficulté de petits emplois : « Ce serait vraiment bien si nous pouvions avoir la paix, cela génèrerait beaucoup de travail, du moins à long terme. Pour le moment, la seule aide, ce sont des paroles, pas des actes. Si je pouvais avoir accès à un microcrédit très bas, je pourrais retourner chez moi. » Plus pauvre d’entre les pauvres, Daniel n’a pas échappé à la méfiance collective qui stigmatise immanquablement les déplacés : « Il y a des gens qui nous ont accusés d’être des auxiliaires de la guérilla, qui ont menacé de nous tuer. »
Blocage économique
Membre de la Commission de paix de San Vicente, Nestor León souligne que l’entrée en vigueur de la zone démilitarisée sous contrôle des FARC a fait baisser la violence : « Avant, il y avait trois ou quatre personnes qui se faisaient tuer chaque semaine. Ceci a disparu. À cause de la seule présence des FARC ici, les délinquants n’osent plus rien faire. »
Pourtant, le seul fait de devoir cohabiter au jour le jour avec la guérilla, au nom des espoirs de paix, crée une stigmatisation des populations civiles dont se plaint Antonio : « Nous voulions devenir une région exemplaire, mais il y a un blocage économique : pas de crédit, pas de notaires, plus aucun des investissements habituels, on ne nous a donné aucun moyen. »
Et les préjugés ne connaissent pas de limites : « Quand ils ont voulu aller à l’université dans d’autres régions les jeunes d’ici ont été montrés du doigt et ostracisés, tout cela, parce qu’ils sont nés à San Vicente. On a conseillé à mes enfants, pour entrer à l’université, à Bogotá, de s’identifier comme déplacés du conflit. Le rejet n’est pas officiel, mais il s’exprime par en dessous, de façon sournoise. »
Un silence. « Cela fait déjà quelque temps que je ne sors plus de San Vicente. Ceux qui se rendent à Neiva (capitale du Meta, région voisine) sentent le poids d’être originaire d’ici. » En dépit de tout, Antonio veut rester positif : « San Vicente attend de pouvoir devenir une zone d’avant-garde pour le pays et aussi au niveau international2. »
À dix-sept années de distance, que sont devenues ces personnes et leur village ? Pourquoi la peur du retour des paramilitaires demeure-t-elle intacte ? Et que dire du cercle vicieux de l’abandon par l’État des zones rurales et de la pauvreté persistante ? En quoi ce qu’il est advenu de San Vicente, tout au cours de ces années passées depuis la suspension des négociations le 21 février 2002 par le président Pastrana, parle de tous les risques du post-conflit aujourd’hui en 2016 ?
8 octobre 1999 — San Vicente Del Caguán
Le commandant des FARC Ivan Rios, en charge des contacts avec la presse
Photo : Ariel Rámirez
La mort, la prison : destins de guérilleros, 1999 – 2016
Des commandants guérilléros rencontrés à ce moment-là, nombreux sont ceux qui sont morts sous les bombes du Plan Colombia élaboré patiemment, chapitre par chapitre, entre le gouvernement colombien et les États Unis tout au long des dialogues du Caguán — ce ne sont pas des soldats américains qui ont envahi la Colombie, mais les nouvelles technologies militaires de pointe, négociées dès 2000 à coup de plus de 7 milliards de dollars : cette offensive militaire a effectivement permis à l’État d’affirmer suffisamment sa supériorité à la guérilla pour la forcer à retourner à la table des négociations, à Cuba, avec un agenda thématique et une méthodologie qui reprenait les grandes lignes posées durant le Caguán.
La voix du premier commandant, Ivan Rios, de son vrai nom José Juvenal Velandia Topo, résonne d’outre-tombe : il sera assassiné par un de ses hommes de confiance le 3 mars 2008 — un coup dur supplémentaire pour la guérilla dont le numéro 2, Raul Reyes, vient d’être abattu, le 1er mars, dans un bombardement américano-colombien en territoire équatorien. Sans compter que les circonstances de sa mort font état d’une dégradation certaine du moral des troupes : animé par la rancœur à la suite des mauvaises conditions de survie dans le « monte », les montagnes colombiennes, et, surtout, par l’appât du gain, la tête de Rios étant mise à prix, son chef de sécurité l’abat puis lui tranche la main droite afin de pouvoir réclamer sa récompense auprès des autorités.
Après trois mois de débats juridiques intenses, malgré les déclarations des forces armées prêtes lui à payer ce que l’assassin considérait comme son dû, l’ex-guérillero sera condamné à plus dix-huit ans de prison — les juges décidant pour une fois qu’un crime aussi crapuleux ne doit pas payer.
Une voix d’outre-geôle
On pourrait dire du second, Ricardo Palmera, « alias Simon Trinidad », que sa voix, elle, résonne d’outre-geôle : cet économiste, issu d’une famille aisée de Valledupar, diplômé d’une des grandes universités de Bogotá, milite dans les rangs de l’Union patriotique, parti fondé en 1985 dans le contexte de précédentes négociations de paix entre le président Belisario Betancur et les FARC afin d’intégrer ces derniers à la vie politique du pays.
Mais le succès de l’UP aux élections générales de 1986 va déclencher l’extermination systématique de tous ses membres — entre 3.500 et 5.000 victimes, un véritable génocide politique – dans une impunité quasi-totale qui, aujourd’hui encore, maintient ce dossier ouvert auprès de la Cour interaméricaine des droits humains. Leurs assassins ? Les plus grands mafieux de l’époque, les réseaux paramilitaires, avec la bénédiction des services de renseignements et des forces armées.
Réclusion aux États-Unis
Face à cette déferlante, Palmera échappe aux assassins en rejoignant les FARC en 1987, comme d’ailleurs beaucoup d’intellectuels engagés et de syndicalistes. Tenu par les Étasuniens pour responsable de l’enlèvement en 2003 de trois agents de la Drug Enforcement Administration (DEA), ce qu’il a toujours récusé, Simon Trinidad est arrêté en territoire équatorien en 2004 lors d’une opération menée conjointement par la police équatorienne et des militaires colombiens, pour être ramené à Bogotá puis extradé aux États Unis, jugé et condamné à soixante ans de prison — peine qu’il purge dans le pénitencier de haute sécurité de Florence, Colorado.
Reclus vingt-trois heures sur vingt-quatre, n’ayant droit qu’aux visites de membres de sa famille et de ses avocats, Simon Trinidad, L’Homme de fer3 dont le journaliste Jorge Enrique Botero a retracé la vie et le procès américain marqué par de nombreuses anomalies, a néanmoins été mis au courant du sort de Lucero, la compagne de toute sa vie dans le « monte », et de leur enfant, née au début des années 1990 : la mère et la jeune fille d’environ seize ans ont toutes deux péri le 19 septembre 2010 sous les bombes de l’armée colombienne contre le Front 48 des FARC, dans la région du Putumayo.
Aujourd’hui, à La Havane, chaque photo de la délégation des FARC inclut une silhouette en carton – une photo grandeur nature de Simon Trinidad. Au mois d’avril de cette année, la guérilla a fait savoir qu’elle voulait lui confier la responsabilité de veiller au désarmement des guérilléros lors de l’application de l’accord final — une façon de rappeler ce qu’elle demande depuis le début, à savoir sa libération. Au gouvernement colombien de savoir être suffisamment convaincant auprès de Washington.
Quant aux civils, eux, ils ont vécu — et vivent toujours — à l’heure de la peur et du silence.
Pas de trêve pour la peur
À San Vicente, et dans ses environs, il y a plusieurs raisons au silence dans lequel sont murés les civils, vivants et morts, ainsi que l’invisibilité à laquelle ils ont été assignés.
Pour les vivants, le silence s’ancre, hier comme aujourd’hui encore, dans la peur des représailles des paramilitaires — voire des forces armées —, pour avoir tout simplement vécu, jadis, au côté des FARC dans le cadre de la zone démilitarisée décrétée en 1998 par le président Andrés Pastrana (notre édition du 1er juillet). Sans compter que la guérilla est restée présente dans la région. Ici, le temps ne passe pas, et la menace d’être considéré comme un « auxiliaire de la guérilla » est une épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de tous les civils.
De quoi est fait ce silence qui les entoure ?
En premier lieu, ce sont toutes les questions sans réponse sur le destin des personnes rencontrées dans la zone démilitarisée, après sa fin brutale le 20 février 2002. Rappelons que ce jour-là, le président Pastrana annonce la fin des négociations et la reprise des 40.000 km2 par les forces armées colombiennes Quelques heures auparavant, les FARC ont enlevé le sénateur Jorge Gechem après avoir détourné son avion. Les médias vont se concentrer sur les bombardements de l’aviation colombienne pour reprendre le contrôle de la zone. Puis, le 23 février, c’est le début de la saga de la candidate présidentielle Ingrid Betancourt. Malgré les avertissements catégoriques et répétés des forces de sécurité, voyant les sondages d’opinion lui accorder moins de 1% des intentions de vote à la présidentielle de mai 2002, elle tente un coup d’éclat en se rendant par la route à San Vicente et termine prisonnière de la guérilla.
9 octobre 1999 — San Vicente Del Caguán
Vagabond écoutant avec dévotion l’hommage des FARC à Ernesto « Che » Guevara _ Photo : Ariel Rámirez
Que sont-ils devenus ?
Son histoire va, dès lors, occulter tout le reste du conflit, ce qui arrange d’ailleurs beaucoup de monde car le vacarme médiatique contribue à étouffer les vraies questions.
Entre autres : qu’est-il arrivé aux habitants du village de San Vicente et des autres localités de la zone démilitarisée, après la fin des négociations ? Que sont devenus celles et ceux qui se sont rendus à toutes les réunions convoquées par les FARC — et qui étaient filmés en boucle par des équipes de guérilleros qui tournaient autour de la place de San Vicente dans de rutilants 4x4 réquisitionnés d’office pour l’occasion ? Qu’est devenu ce vagabond mystique qui, le 9 octobre 1999, s’est drapé dans sa « ruana » élimée et a écouté chaque parole de l’hommage rendu au « Che » par les commandants de la guérilla, avec une expression aussi insondable qu’intense sur le visage ? Et Daniel et les autres déplacés ? Ont-ils pu retourner chez eux, finalement ? Et s’ils ont pu le faire, quelles circonstances, clémentes ou hostiles, ont prévalu sur leurs destins ultérieurs ? En fait, il a fallu attendre une décennie avant de pouvoir commencer à se faire une idée de ce qu’ont enduré des dizaines de milliers de personnes à San Vicente et aux alentours.
Chasse aux « collabos »
Le dixième anniversaire de la fin de la zone démilitarisée en février 2012 est l’occasion pour les journalistes Katherine Loaiza et David Felipe Rincón d’effectuer un reportage dans le Caguán pour le réseau d’information Terra. Au travers d’interviews et de photos, ils brossent le panorama de ce qu’a subi la société civile. Ainsi, le père Luis Alfonso Molina, déjà mentionné pour son rôle dans la création de la radio communautaire Ecos del Caguán, rappelle que la vie dans le voisinage des FARC, avant même les négociations, était relativement plus facile : « La guérilla était là, avant la démilitarisation, mais elle n’était pas si agressive. Nous vivions plus tranquilles, on pouvait passer du temps sur le pas de la porte, avec ses voisins. Il n’y avait pas ces bandes de voleurs qui maintenant nous envahissent et nous attaquent à n’importe quelle heure du jour ».
Quant à la situation après le 20 février 2002, « le Père Molina explique qu’après l’arrivée de l’armée colombienne (…), les combats entre les uns et les autres ont eu des conséquences dévastatrices pour la population civile, qui est toujours celle qui se retrouve prise au milieu de tout ».
Cette dévastation est sobrement rapportée dans les commentaires du reportage photo des journalistes : « Après le départ de la guérilla, en six mois, 163 personnes ont perdu la vie de façon violente à San Vicente. De nombreuses personnes attribuent cette période de mort et de violence aux forces armées qui, selon elles, sont arrivées pour faire la chasse aux guérilleros qui auraient pu rester dans le périmètre de la municipalité. De nombreux civils, qui ont travaillé dans le cadre de la police civique durant la démilitarisation, ont été assassinés. » Ou bien encore : « Partout dans les environs, il y a de nombreuses histoires de personnes retrouvées démembrées ou le ventre rempli de pierres pour qu’elles ne flottent pas. Après la reprise de San Vicente (par l’armée colombienne), à la suite de la fin de la démilitarisation, il y a eu beaucoup de cas de morts violentes qui ont été attribuées, officieusement, aux groupes paramilitaires voire aux forces armées. »
Un des habitants de San Vicente, chauffeur de taxi, approché par le grand quotidien de Medellin, El Colombiano, à l’occasion du même anniversaire, témoigne en ces termes : « Après (la fin de la zone démilitarisée), les paramilitaires sont arrivés. Ils se sont installés dans cet endroit qui s’appelle Tijuana. De là, ils vous convoquaient et vous demandaient vos clés de voiture. Ils vous disaient de revenir la chercher le lendemain, et vous la retrouviez pleine de sang. Ils y avaient au moins assassiné et démembré un pauvre chrétien. Si vous refusiez, c’était vous qui risquiez de mourir. »
En fait, les inquiétudes exprimées par Efraim, Fernando, Daniel et Antonio en octobre 1999 étaient d’autant plus fondées que les paramilitaires étaient présents dans la région depuis 1997 — un fait connu de tout le monde.
Le massacre annoncé
Pour arriver jusqu’au Caguán, les « paras » sont venus de loin, plus exactement des régions de Córdoba et de l’Urabá dans le nord-ouest du pays, là où règnent alors les frères Vicente et Carlos Castaño. Ceux-ci sont en train de fédérer tous les fronts paramilitaires au niveau national au sein des AUC, Autodéfenses unies de Colombie. Le Bloque Central Bolivar, qui s’est déjà imposé par la terreur dans la région du Magdalena Medio, est envoyé dans le Caquetá. Le département est un bastion traditionnel de la guérilla et des luttes agraires — sans compter qu’il y a d’importants enjeux économiques liés au narcotrafic pour qui arrivera à reprendre à la guérilla une partie de cette économie illicite. Les grands propriétaires terriens, éleveurs et commerçants de la région du Caguán, quant à eux, réclament l’arrivée des « paras », lassés des extorsions et enlèvements contre rançon des FARC, et préférant les méthodes de terreur expéditive des AUC aux interventions un peu plus contenues des forces armées.
Les paramilitaires établissent donc leur contrôle territorial avant même le début officiel des négociations entre le gouvernement et les FARC. Mais l’ouverture des dialogues va accélérer leur arrivée dans la région, ainsi que le déferlement de leurs pratiques de terreurs, et tracer une nouvelle géographie de la guerre : au nord du Caquetá, à San Vicente, la guérilla, et le contrôle qu’elle exerce à partir de là vers d’autres départements et les 40.000 km2 de la zone démilitarisée. Au sud du département, près de Belén de los Andaquíes, dans le village de Puerto Torres, les hommes du Bloque Central Bolivar, rebaptisé Frente Sur Andaquíes, et leur chef Carlos Mario Jiménez alias « Macaco », qui installent leur centre de commandement et de torture dans l’école municipale.
L’horreur vécue alors dans le Caquetá et le Caguán est telle que, en mai 2015, le Centro Nacional de Memoria Histórica (CNMH) prend justement l’exemple de Puerto Torres pour documenter les apports de l’anthropologie légiste, de la justice ordinaire et de la justice transitionnelle dans la reconstruction de la mémoire historique afin de témoigner de ce qui s’est passé, non seulement à Puerto Torres, mais au-delà, à l’échelle du pays entier. Ce travail retrace les étapes selon lesquelles les paramilitaires organisaient leurs exactions, et les met en mots qui complètent les témoignages brefs, pudiques, voire allusifs des civils — un travail qui est aussi une brèche dans le silence où se murent encore aujourd’hui un grand nombre de survivants du Caquetá et du Caguán.
L’arbre aux suppliciés
Dans cette histoire de Puerto Torres, le plus effarant est l’écart entre le moment où la justice commence à travailler, et celui où la parole de la mémoire historique prend forme : en effet, dès août 2002, la Fiscalía, le parquet colombien, mène l’enquête, à la suite des confessions d’un déserteur du groupe paramilitaire qui évalue à une centaine le nombre de victimes dont les corps étaient enterrés dans différents endroits de la seule localité de Puerto Torres. Du 18 au 28 octobre 2002, la justice exhume trente-six corps.
Le rapport des enquêteurs et de l’équipe de médecine légale signale que « les personnes qui arrivaient agonisantes de la cave (…) étaient décapitées et leurs corps démembrés sur un autre tronc d’arbre destiné à cette fonction ». D’autres victimes, en attente d’exécution, étaient attachées à un arbre, forcées de regarder ces exécutions et démembrements, et, en attendant leur tour, étaient déjà torturées à coups de machette. Une photo du rapport du CNMH, qui reprend les documents de l’enquête judiciaire de 2002, montre le tronc de cet arbre, marqué d’innombrables et profondes entailles, ainsi que d’impacts de balles.
La reconstruction des faits et leur mise en récit restituent aux morts l’histoire de leurs derniers moments, brisant ainsi le silence qui est l’une des dimensions de la disparition forcée de ces victimes des paramilitaires.
Aujourd’hui, survivants et coupables judiciarisés estiment à un millier le nombre des victimes de l’offensive paramilitaire dans la seule région du Caquetá : l’un des anciens chefs « para » a signalé l’existence de 743 fosses communes et tombes clandestines, et, en octobre 2014, la Fiscalía avait exhumé 203 cadavres.
Pourtant, pendant et après les négociations de paix du Caguán, les habitants de San Vicente ont été confrontés à une propagande officielle et médiatique qui voulait rendre invisible la guerre civile colombienne. Il est particulièrement frappant de voir que, tout au long des négociations du Caguán, cette propagande témoigne du choix fait par la classe politique et de nombreux secteurs de la société, d’occulter ce qui se passe au même moment, à savoir, l’offensive et la montée en puissance paramilitaire à travers le pays et tout autour de la zone démilitarisée.
Certes, beaucoup d’encre coule alors sur les offensives continuelles de la guérilla des FARC hors de son fief de 40.000 km2, notamment sur ses prises d’otages, souvent spectaculaires, comme les « pêches miraculeuses » effectuées lors de barrages routiers. Mais tout au long de ces négociations, d’autres actes de guerre ne sont évoqués qu’épisodiquement par les grands médias colombiens et internationaux : quelque 449 massacres paramilitaires, presque toujours effectués avec la complicité des forces armées colombiennes, qui, de 1999 à 2002, ont permis aux AUC de monter en puissance et d’asseoir leur contrôle sur des régions entières4. Et, par là même, sur des pans entiers de l’économie et de la vie politique du pays. Une influence à long terme, qui va bien au-delà des démobilisations de façade engagées à partir de 2005 sous la loi dite de « Justice et Paix » durant le premier des deux mandats du président Alvaro Uribe. Une influence qui perdure aujourd’hui encore, sous d’autres formes.
20 juillet 2005 — Défilé militaire à Bogotá
Aujourd’hui l’espoir d’une guerre qui ne sera plus héréditaire
Photo : Laurence Mazure
Guerre occultée, guerre niée
Si 1999 a attiré l’attention du monde entier sur les négociations avec la guérilla des FARC qui s’ouvraient à San Vicente del Caguán, il faut rappeler que l’année a aussi commencé avec neuf grands massacres paramilitaires ciblant des communautés rurales à travers le pays — tous commis les 8, 9 et 10 janvier, c’est-à-dire dans le sillage immédiat de l’ouverture officielle des dialogues le 7 janvier. Cette même année va connaître un total de nonante-neuf massacres perpétrés par les AUC. Les grands médias continueront essentiellement à ne parler du conflit qu’au travers des actions de la guérilla des FARC.
Dans l’intelligentsia locale et internationale, personne ne veut parler de « guerre » et encore moins « civile ». Ironie sanglante de l’histoire, en août 1999, alors que Daniel Pécaut, directeur de recherche à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), spécialiste français de la Colombie et des FARC, reçu par les autorités et le monde universitaire colombiens, décrète, du haut de son expertise européenne qu’on ne peut parler de l’existence d’une guerre civile, quelque dix-sept massacres paramilitaires frappent le territoire.
En septembre 2001, durant une année sanglante où les AUC perpètrent 119 massacres, Pécaut joue sur les mots et les doubles messages en affirmant une fois de plus qu’«il n’y a pas de guerre civile en Colombie », mais « une guerre contre la société civile ». Pourtant, il y en a bien une en cours, avec prise de contrôle territorial à la clé : le 23 juillet de cette même année 2001, deux mois avant la publication de ces propos de Pécaut dans le grand hebdomadaire colombien Semant, une réunion secrète s’est tenue dans la localité de Santa Fé de Ralito entre les quatre plus grands chefs paramilitaires du pays et la classe politique locale ainsi que onze membres du Congrès, pour signer un pacte stratégique. Ce document établit la « tâche inéluctable de refonder notre patrie, de signer un nouveau contrat social ».
Du pacte de Ralito à la « parapolitique »
En fait le texte n’annonce rien de nouveau. Par contre, il prend acte de ce qui a été mis sur pied durant cette période où tous les regards sont fixés sur les négociations avec la guérilla : il s’agit de la collaboration de pans entiers de la classe politique avec les groupes paramilitaires. Leur but ? Mettre le pouvoir du narcotrafic (hommes, armes et argent) au service de la conquête politique du pays par certains secteurs économiques et politiques, notamment celui d’Alvaro Uribe, pour les élections générales de 2002, puis de 2006. Le pacte de Ralito est loin d’être un cas unique : au moins treize autres pactes similaires ont été conclus durant les années 2000/2001 dans le plus grand secret et la plus totale illégalité, comme le rapporte la fondation Arco Iris en mai 2012.
Pourtant les signes visibles de cette prise de contrôle du pays n’ont jamais manqué : ce sont les massacres paramilitaires qui ont particulièrement ensanglanté la Colombie durant les négociations du Caguán. Si le pacte de Ralito a été connu et est passé à la postérité, c’est parce que l’un des signataires a tenté, à la fin 2006, de minimiser sa culpabilité en en révélant l’existence — ouvrant la porte au scandale de la « parapolitique » et à la condamnation, entre autres, de soixante membres du Congrès colombien.
La menace paramilitaire prise en compte à La Havane
Aujourd’hui, alors qu’on célèbre l’accord historique du 23 juin sur la fin de la guerre entre le gouvernement et les FARC, la peur est pourtant toujours présente dans le département du Caquetá et le Caguán : en avril dernier, à Belén de los Andaquíes, à Puerto Torres et dans d’autres localités voisines, le correspondant du quotidien espagnol ABC a rencontré des habitants terrorisés par le retour des paramilitaires. Ces derniers ont convoqués les délégués communaux et leur ont tenu le discours suivant : « Nous sommes de retour, c’est notre territoire, et nous ne laisserons pas le pays être vendu aux terroristes des FARC par un gouvernement qui trahit la nation ». L’un des habitants exprime la crainte qui habite tout le monde : « Ces personnes (les paramilitaires) se sont déjà montrées à La Mona, à Puerto Torres, et ici, à Valparaiso. Les gens ont très peur, ils ne veulent pas revivre les horreurs qui nous ont frappés par le passé. »
Cette menace, pour tout le pays, est d’ailleurs prise en compte dans l’accord du 23 juin, grâce à la clause #2 sur « Les garanties de sécurité et de lutte contre les organisations criminelles responsables des homicides et massacres, ou qui portent atteinte aux défenseurs des droits humains, mouvements sociaux ou mouvements politiques. »5 La clause concerne également « les organisations criminelles qui ont été nommées héritières du paramilitarisme ainsi que leur réseaux d’appuis, et la poursuite des conduites criminelles qui menacent la mise en place des accords et la construction de la paix ».
Selon Ildefonso Henao, ancien démobilisé de la guérilla de l’EPL de 1991, qui a travaillé toutes ces dernières années avec le Haut-Conseil pour les droits des victimes, la paix et la réconciliation, auprès de la mairie de Bogotá, cet accord crée un équilibre militaire inédit : « Les FARC se retirant de la guerre, les deux-tiers des forces armées pourront être réorientées pour combattre les organisations paramilitaires qui se sont restructurées sous de nouveaux noms, les cartels dédiés au trafic de drogue, et tous leurs systèmes d’alliances — tels que leur coopération criminelle avec les pouvoirs locaux, la justice, les services de santé et les services sociaux. Ainsi, la légalité et les institutions vont pouvoir être mobilisées pour l’après-conflit, et déclarer la guerre aux organisations illégales et aux économies qui leurs sont associées. »6
Tandis que la signature de l’accord final est considérée comme imminente, libérer la Colombie de la terreur paramilitaire demeure le dernier défi, et pas le moindre, d’un pays où se livrent depuis 1948 ce que l’historienne Olga Behar appelle Les guerres de la paix7.
- Le quotidien suisse Le Courrier a publié cet article en deux parties, les 1er et 8 juillet 2016. La revue en ligne Mémoire des luttes (MEDELU) a également publié cet article le 3 août 2016. La version pour le site de La Revue nouvelle reprend ces deux éditions précédentes.
- Toutes les citations jusque-là proviennent des entrevues effectuées par l’auteure lors du reportage effectué les 8 et 9 octobre 1999 à San Vicente del Caguán.
- Jorge Enrique Botero, Simon Trinidad : El Hombre De Hierro, Random House Español, 2008.
- Diagrammes statistiques interactifs et évolutifs proposés par ce site consacré au recensement des violences liées au conflit armé colombien. Ce centre de ressources est entre autres animé par le Centre national de la mémoire historique. En rentrant dans les paramètres tous les départements de la Colombie, les regroupements de municipalités et les groupes paramilitaires, le total des massacres perpétrés par ces derniers est de 449 entre les années 1999 et 2001 (1999 : total de 119 pour les groupes paramilitaires sur un total tous groupes armés confondus de 182 ; 2000 : total de 169 sur 232 ; 2001 : total de 161 sur 224).
- Communiqué conjoint #76 du gouvernement colombien et de la guérilla des FARC.
- Courriel d’Ildefonso Henao avec l’auteur du 2 juillet 2016.
- Olga Behar, Las Guerras de la paz, Editorial Planeta, 1986.