Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.
Au travail ! Pour rien !
En septembre, entrera en vigueur une nouvelle législation permettant de contraindre un bénéficiaire du RIS (revenu d’intégration sociale) à s’engager volontairement à prester un travail non rémunéré, pour faire preuve de sa pleine soumission au système de mise au pas par la rareté du travail.
C’est, une fois de plus, une réforme extrêmement intéressante proposée par la majorité Kamikaze. Certes, une mesure similaire a été prise chez nos voisins néerlandais. Mais il s’est trouvé un journal, réputé pour sa nostalgie d’un marxisme martial, l’Algemeen Dagblad, pour s’offusquer de ce genre de mesures et évoquer l’exemple d’un Néerlandais qui, licencié par le service de nettoyage communal qui l’employait, fut mis au travail gratuitement par l’instance qui lui accorda alors une allocation sociale… dans l’organisation qu’il venait de quitter. Au même poste. Il effectuait alors le même travail, mais en étant payé 400€ de moins. Cet a priori est bien caractéristique d’une presse, par définition crypto-maoïste, qui rêve de faire de l’Europe occidentale une nouvelle Corée du Nord.
En fait, outre la remarquable économie de deniers publics qu’un tel système permet, il faut saluer les perspectives réjouissantes ouvertes par le PIIS (projet individualisé d’intégration sociale). Ne vous laissez pas effrayer par l’appellation ridicule de la mesure, il n’est question, c’est heureux, ni d’individualisation ni d’intégration sociale, mais bien d’une salutaire baisse des coûts de la main‑d’œuvre. Déjà, les exemples actuellement évoqués indiquent la possibilité d’opérer un transfert des coûts d’une série de services publics, de l’enveloppe des salaires à celle de l’aide sociale et de crever allègrement le plancher du salaire minimum. C’est déjà un grand pas que celui d’ouvrir la possibilité de réduire le poids financier de l’État en maintenant des actifs sous le seuil de pauvreté, en toute légalité.
Mais il n’est pas question d’en rester là et il est bien entendu que l’avenir doit être à la fourniture gratuite de main‑d’œuvre — y compris qualifiée — au privé. Vu la pression actuelle sur l’emploi et la limitation dans le temps des allocations de chômage, vu également la suppression des allocations d’attente pour des milliers de jeunes, l’approvisionnement des CPAS en une abondante force de travail de tous niveaux de qualification est assuré, c’est un des grands acquis du gouvernement Di Rupo.
C’est sur cette base que les entreprises devraient refuser de conclure des contrats de travail et exiger de pouvoir bénéficier de la mise au travail gratuite de ces crève-la-faim. Pourquoi en effet ces gisements de ressources (humaines) devraient-ils rester inexploités plutôt que de doper notre compétitivité ? Il est donc absolument évident que l’allocation idéale de ces ressources commande de laisser le choix aux parasites concernés entre une suppression de leur RIS et des prestations bénévoles dans des entreprises.
Est-ce là une perspective indigne ? Bien au contraire, c’est l’application pure et simple de l’imparable logique libérale selon laquelle celui qui paie peut tout se permettre. En effet, pendant des années, les entreprises ont trainé le boulet d’un salariat hors de prix, non seulement du fait du salaire minimum, mais également de celui des cotisations sociales. Ces charges pesant sur les entreprises ont distrait de leurs actionnaires des sommes considérables. Au profit de qui ? Au profit des chômeurs !
Voilà que les entreprises payaient pour un service qui ne leur était pas rendu à elles ! Cette anomalie se devait d’être corrigée. C’est bientôt chose faite puisque la réjouissante perspective d’une sécurité sociale au bénéfice des entreprises et non des inutiles se profile à l’horizon. Ainsi, les cotisations payées par les entreprises permettront-elles de financer une main‑d’œuvre soumise et bon marché. Ce sera un juste retour des choses.
Ce sera également un souffle nouveau pour notre société qui a bien davantage besoin d’entreprises en bonne santé que d’assistés payés à ne rien faire. Une véritable sécurité sociale, en toute logique, doit bénéficier à la société et, pour ce faire, rapporter aux sociétés.
Maintenant que la machine est lancée, je ne vois pas ce qui pourrait contrarier ces enthousiasmants projets ; certainement pas les syndicats qui, ces dernières décennies, ont abondamment prouvé qu’ils se foutaient comme d’une guigne des allocataires sociaux.