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Assez d’égalité !
S’il est un risque contre lequel nous avaient mis en garde les plus grands penseurs de notre temps, c’est bien celui de la passion de l’égalité. Notre bonté même, qui nous incline à rechercher l’égalité, nous pousse aux excès. C’est ainsi que l’on commence, au XIXe siècle, par souhaiter que l’ouvrier analphabète et le patron puissent, […]
S’il est un risque contre lequel nous avaient mis en garde les plus grands penseurs de notre temps, c’est bien celui de la passion de l’égalité. Notre bonté même, qui nous incline à rechercher l’égalité, nous pousse aux excès. C’est ainsi que l’on commence, au XIXe siècle, par souhaiter que l’ouvrier analphabète et le patron puissent, sur un pied d’égalité, conclure un contrat de travail permettant au premier de survivre à peine et au second de prospérer ; et puis, un jour, sans comprendre ce qui nous est arrivé, nous en venons à nous inquiéter de la faible présence de minorités visibles dans les médias, du mépris pour la parole des femmes ou du sort des pauvres dans les commissariats de police. Trop longtemps, nous avons méprisé la parole des grands esprits qui nous avertissaient et nous avons poursuivi dans la surenchère, faut-il s’étonner que nous ayons, ce faisant, gravement fragilisé les fondements mêmes de nos sociétés ?
Bref, la catastrophe annoncée se déroule sous nos yeux : méprisés en ligne à grands coups de « ok boomer », harcelés par les féministes intersectionnelles racisées, dénoncés par les indigénistes antiracistes, déboulonnés par les décoloniaux interculturels, moqués par les islamogauchistes transidentitaires, ceux qui ont construit notre si belle et si juste société, les hommes blancs sont le dos au mur.
C’est dans ce contexte qu’est survenue l’actuelle pandémie, laquelle ouvrit une nouvelle brèche en offrant l’occasion d’infliger à l’ensemble de la population des traitements d’ordinaire réservés aux individus problématiques. En effet, jusqu’à aujourd’hui, seuls les quartiers difficiles pouvaient faire l’objet d’un couvre-feu et seuls les jeunes issus de l’immigration se voyaient interpeller par la police s’ils étaient dans l’espace public après la tombée de la nuit. Or, nous voilà claquemurés chez nous. Et lorsque des jeunes ordinaires organisent une lockdown party, ils s’exposent au risque de passer une nuit au commissariat et d’être rudoyés par la police. De même, jusqu’à présent, seuls les chômeurs suspectés de cohabitation clandestine pouvaient voir débarquer les autorités à une heure indue, pour pénétrer dans leur domicile et compter les brosses à dents. Or, aujourd’hui, les familles honorables du Brabant wallon risquent aussi une descente de pandores leur signifiant discourtoisement qu’ils n’ont que le droit de se taire. Plus encore, depuis des décennies, seuls les pauvres et les indésirables se voyaient refouler aux frontières, tandis que nous voguions de minitrip à Londres en ski à Courchevel, de safari au Kenya en week-end de shopping à New York. Et voilà que nous sommes détenus dans nos frontières, les forces de l’ordre se souciant soudain d’autre chose que de nous protéger du Grand Remplacement !
Et demain ?
Bien entendu, ça aurait pu être pire. La population eût pu se découvrir solidaire des publics traditionnels des institutions de contrôle et de répression et remettre en cause leurs méthodes. Heureusement, plutôt que de se fourvoyer sur la voie du gauchisme égalitariste, elle préfère aujourd’hui, en un sursaut salvateur, protester contre la dictature qui la menace, elle, mais sans toucher au reste. Voyant l’égalité se retourner contre eux, les honnêtes citoyens se rebellent. Ils ne sont du reste pas les seuls : les hommes qui ne peuvent plus rien dire, les autochtones victimes du racisme anti-Blancs, les riches stigmatisés pour leur légitime réussite et mille autres groupes le font savoir : assez d’égalité !
Celle-ci ne doit, en effet, pas servir à contester les légitimes hiérarchies sociales. Sinon, comment reconnaitre les individus socialement problématiques ? Porter des vêtements exotiques, se travestir, être dans la misère, dépendre des aides sociales, être d’une couleur suspecte ou revendiquer plus de justice sociale doivent continuer d’orienter utilement l’attention des services de contrôle et de répression. Comment notre société pourrait-elle ne pas sombrer dans l’anarchie s’il n’était plus possible d’ainsi rationaliser l’action de ceux qui nous protègent et si même ceux qui ne présentent aucun de ces signes de déviance pouvaient désormais faire l’objet de leur attention et leur faire perdre leur temps ?
Il faut donc que cessent les violences et brimades à notre égard, parce qu’elles sont injustes et nous causent bien des tracas. Mais il convient aussi d’y mettre fin pour éviter le gaspillage des ressources limitées de l’appareil d’État. Il y a, en effet, fort à craindre que l’énergie consacrée à courir derrière nos enfants et à forcer la porte de nos villas ne puisse être déployée contre lesdits éléments sociaux problématiques, que ceux-ci ne s’enhardissent dès lors et redoublent de vigueur pour réclamer une stricte égalité de traitement, donnant encore plus d’élan à l’infernale spirale de l’égalité.
Comme nous avons tout mis en œuvre pour éviter la saturation des services de santé, il nous faut maintenant lutter contre la surcharge des services de sécurité. Et comme on nous incite quotidiennement à la frugalité et à la parcimonie dans le cadre des politiques de développement durable, il faut appliquer cette logique aux questions d’égalité. Bref, il est grand temps de mettre en place des politiques d’égalité soutenables afin de préserver notre si vertueux modèle social.