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Belarus 2008, la solitude des lendemains qui déchantent

Numéro 1 Janvier 2009 par Anaïs Marin

janvier 2009

Le Bela­rus, der­nier régime auto­ri­taire d’Eu­rope, est un phé­no­mène à plus d’un titre. Si, pour la plu­part des autres répu­bliques ex-sovié­tiques, l’in­dé­pen­dance a plu­tôt été le fruit d’une lutte démo­cra­tique, ici elle semble être tom­bée en 1991 comme un fruit trop mûr entre les mains d’ap­pa­rat­chiks qui comp­taient sur Mos­cou pour leur expli­quer qu’en faire, mais savaient per­ti­nem­ment com­ment empê­cher les réfor­ma­teurs de s’en empa­rer. Mais depuis deux ans, le « grand frère » russe, dont les sub­sides main­tiennent arti­fi­ciel­le­ment à flot un sys­tème éco­no­mi­que­ment insol­vable, menace de « lâcher » le pré­sident Lou­ka­chen­ka si celui-ci per­siste à mener une poli­tique éco­no­mique et diplo­ma­tique auto­nome. Tel un nou­veau Tito, Lou­ka­chen­ka s’est en effet enga­gé dans un aven­tu­reux chan­tage au rap­pro­che­ment avec l’Ouest, dis­tri­buant à qui veut bien les croire des pro­messes de libé­ra­li­sa­tion poli­tique, dans l’es­poir que la reprise du dia­logue avec Bruxelles, voire même Washing­ton, ferait affluer les inves­tis­se­ments dont le pays a tant besoin. Dans ce jeu de dupes où peu croient encore en une démo­cra­ti­sa­tion du régime — pas même l’op­po­si­tion, effi­ca­ce­ment exclue de la scène poli­tique par la rhé­to­rique offi­cielle selon laquelle elle serait un enne­mi inté­rieur à la solde d’es­pions amé­ri­cains — Lou­ka­chen­ka a beau­coup à perdre : dou­ble­ment iso­lé, com­bien de temps son régime, qua­li­fié désor­mais par ses oppo­sants de « néo­to­ta­li­taire », peut-il encore tenir ?