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Barcelone versus Madrid : les supporteurs exultent
Football et politique ? Certes, les liens entre les deux ne datent pas d’hier. En général, le foot sert de diversion pour que les gens regardent ailleurs. Parfois, les supporteurs font office de troupes de choc, comme ce fut le cas récemment en Ukraine. Une fois au moins il fut un outil de libération. En avril 1958, […]
Football et politique ? Certes, les liens entre les deux ne datent pas d’hier. En général, le foot sert de diversion pour que les gens regardent ailleurs. Parfois, les supporteurs font office de troupes de choc, comme ce fut le cas récemment en Ukraine. Une fois au moins il fut un outil de libération. En avril 1958, lorsque des joueurs de foot algériens qui évoluaient en Europe ont quitté leur équipe, leurs carrières et leurs salaires, pour fonder une équipe du FLN.
Dans le cas catalan, c’est autre chose. Il s’agit cette fois de penser la politique avec un regard de supporteur : Barcelone contre Madrid.
Et le petit supporteur que nous avons tous en nous est ému, voire comblé : des coups bas, un arbitre partial, une équipe brutale… que demander de plus ? On va même peut-être refaire « le » match, celui de 1936, et changer l’histoire, gagner la guerre civile.
Le pouvoir castillan y a mis tout ce qu’il pouvait, il fait des efforts. On ne peut plus simplement parler « d’accents franquistes », évoquer les « mêmes réflexes » n’est même plus suffisant, c’est carrément le contenu qui est au diapason du vieux général. Le tout proclamé en grande pompe le jour de la fête nationale… le 12 octobre, l’anniversaire de l’arrivée de Colomb en Amérique : l’État espagnol rend hommage avec fierté à la naissance du colonialisme.
Alors notre petit supporteur intérieur est aux anges : comme dans un film hollywoodien, les méchants sont vraiment méchants.
Chez les supporteurs de l’autre camp, il y a des drapeaux, des chants, de courageux résistants.
Mais la future Constitution catalane prévoit toutefois qu’auront la nationalité catalane ceux qui avaient la nationalité espagnole. Si vous n’aviez pas de papiers, vous n’êtes pas plus bienvenu là qu’ailleurs. Comme dans l’État espagnol, comme dans l’État belge, comme dans l’État français, celles et ceux qui vivent en Catalogne n’auront pas les mêmes droits en cas d’indépendance.
C’est peut-être à force de faire mousser son esprit de supporteur critique, plutôt que d’aller jouer le match, que la gauche est devenue millionnaire… en images de révolution.