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Barcelone versus Madrid : les supporteurs exultent

Numéro 7 - 2017 par Guillermo Kozlowski

novembre 2017

Foot­ball et poli­tique ? Certes, les liens entre les deux ne datent pas d’hier. En géné­ral, le foot sert de diver­sion pour que les gens regardent ailleurs. Par­fois, les sup­por­teurs font office de troupes de choc, comme ce fut le cas récem­ment en Ukraine. Une fois au moins il fut un outil de libé­ra­tion. En avril 1958, […]

Billet d’humeur

Foot­ball et poli­tique ? Certes, les liens entre les deux ne datent pas d’hier. En géné­ral, le foot sert de diver­sion pour que les gens regardent ailleurs. Par­fois, les sup­por­teurs font office de troupes de choc, comme ce fut le cas récem­ment en Ukraine. Une fois au moins il fut un outil de libé­ra­tion. En avril 1958, lorsque des joueurs de foot algé­riens qui évo­luaient en Europe ont quit­té leur équipe, leurs car­rières et leurs salaires, pour fon­der une équipe du FLN.

Dans le cas cata­lan, c’est autre chose. Il s’agit cette fois de pen­ser la poli­tique avec un regard de sup­por­teur : Bar­ce­lone contre Madrid.

Et le petit sup­por­teur que nous avons tous en nous est ému, voire com­blé : des coups bas, un arbitre par­tial, une équipe bru­tale… que deman­der de plus ? On va même peut-être refaire « le » match, celui de 1936, et chan­ger l’histoire, gagner la guerre civile.

Le pou­voir cas­tillan y a mis tout ce qu’il pou­vait, il fait des efforts. On ne peut plus sim­ple­ment par­ler « d’accents fran­quistes », évo­quer les « mêmes réflexes » n’est même plus suf­fi­sant, c’est car­ré­ment le conte­nu qui est au dia­pa­son du vieux géné­ral. Le tout pro­cla­mé en grande pompe le jour de la fête natio­nale… le 12 octobre, l’anniversaire de l’arrivée de Colomb en Amé­rique : l’État espa­gnol rend hom­mage avec fier­té à la nais­sance du colonialisme.

Alors notre petit sup­por­teur inté­rieur est aux anges : comme dans un film hol­ly­woo­dien, les méchants sont vrai­ment méchants.

Chez les sup­por­teurs de l’autre camp, il y a des dra­peaux, des chants, de cou­ra­geux résistants.

Mais la future Consti­tu­tion cata­lane pré­voit tou­te­fois qu’auront la natio­na­li­té cata­lane ceux qui avaient la natio­na­li­té espa­gnole. Si vous n’aviez pas de papiers, vous n’êtes pas plus bien­ve­nu là qu’ailleurs. Comme dans l’État espa­gnol, comme dans l’État belge, comme dans l’État fran­çais, celles et ceux qui vivent en Cata­logne n’auront pas les mêmes droits en cas d’indépendance.

C’est peut-être à force de faire mous­ser son esprit de sup­por­teur cri­tique, plu­tôt que d’aller jouer le match, que la gauche est deve­nue mil­lion­naire… en images de révolution.

Guillermo Kozlowski


Auteur

Né à Buenos Aires en 1974. DEA en Philosophie à Paris 1 en 1999. Chercheur au collectif Malgré tout entre 1995 et 2001. Il travaille depuis 2009 comme chercheur à CFS asbl. Son travail est notamment centré sur l’écriture d’analyses et études (en accès libre sur le site de CFS asbl) dans une démarche d’éducation populaire : confronter les savoirs théoriques et les savoirs d’expérience, sur un pied d’égalité. Ce travail de recherche est très inspiré par les expériences du cinéma documentaire. Il participe régulièrement à des émissions de radio (Radio libertaire, Paris pluriel, Panik, Air libre, Campus…). Il a par ailleurs réalisé trois documentaires de création sonore pour la RTBF ({Histoires Souterraines d’Argentine}, {Le modélisateur}, {Paysages}), et coréalise actuellement l’émission mensuelle {Des singes en Hiver} pour Radio Panik.