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Ariel Sharon, une vie israélienne

Numéro 2 février 2014 par Pascal Fenaux

février 2014

Avec le décès, ce 11 jan­vier 2014, de l’an­cien Pre­mier ministre Ariel Sha­ron, c’est l’un des der­niers repré­sen­tants de la « Géné­ra­tion 5708 » qui dis­pa­rait, le plus illustre et encore en acti­vi­té n’é­tant autre que l’i­noxy­dable Shi­mon Pérès, l’ac­tuel pré­sident de l’É­tat d’Is­raël. Illustre, Ariel Sha­ron l’é­tait autant que contro­ver­sé, au terme d’une car­rière mili­taire et poli­tique carac­té­ri­sée par des ini­tia­tives bru­tales, des mas­sacres et aus­si des retour­ne­ments sur­pre­nants de prag­ma­tisme et d’in­tui­tion poli­tique. Une chose est évi­dem­ment cer­taine : la trace qu’il lais­se­ra dans la mémoire col­lec­tive israé­lienne ne sera pas de même nature dans les mémoires col­lec­tives arabes, par­ti­cu­liè­re­ment chez les Liba­nais et les Palestiniens.

Ariel Sha­ron était un repré­sen­tant arché­ty­pique, mais extrême de la « Géné­ra­tion 57081 ». Comme de nom­breux jeunes mili­taires et poli­ti­ciens israé­liens ayant par­ti­ci­pé à l’édification de l’État d’Israël en 1947 – 1949, Ariel Sha­ron était un sabra2, né en 1928 de parents issus d’une Europe orien­tale mixte polo­no-rus­so-juive et ayant gran­di dans une Pales­tine man­da­taire dont la popu­la­tion était encore arabe à une écra­sante majo­ri­té. Son père, Szmuel Sze­j­ner­man, était un ingé­nieur agro­nome ori­gi­naire de Brest3. Aujourd’hui en Béla­rus, sur la fron­tière polo­naise, cette ville était à l’époque une cité mixte polo­naise (Brzec Litews­ki), béla­russe (Brest-Litovsk) et, sur­tout, à 67% juive (Brisk de-Lito). Quant à sa mère, Vera Shnu­rov, c’était un méde­cin ori­gi­naire de Mogui­lev. Aujourd’hui en Béla­rus, cette ville était pour sa part une cité mixte russe (Mogi­lov), béla­russe (Mahy­liov) et, sur­tout, à 52% juive (Moh­lev). Il n’est pas inutile de pré­ci­ser que les com­mu­nau­tés juives majo­ri­taires de ces deux villes seront empor­tées dans le géno­cide juif com­mis par les nazis dans les cen­taines de bour­gades juives d’Europe cen­trale et orientale.

Du Yiddishland à la Palestine

Si les époux Sze­j­ner­man fuient la guerre civile russe et son cor­tège de pogromes pour émi­grer en Pales­tine man­da­taire en 1920, seul Szmuel Sze­j­ner­man adhé­rait plei­ne­ment à l’utopie sio­niste4, son propre père, Mor­de­chaj Sze­j­ner­man, étant, à Brest, un diri­geant du mou­ve­ment des Amants de Sion et un délé­gué du Congrès sio­niste mon­dial fon­dé en 1897 par Theo­dor Herzl. Ce qui explique que, trois ans plus tard, le couple Sze­j­ner­man quit­te­ra Tel-Aviv pour aller s’installer en pleine cam­pagne arabe, à Kfar Malal, un moshav5 récem­ment implan­té sur des terres appe­lées en arabe Khir­bat al-Hayya. Ariel Sze­j­ner­man y nai­tra en 1928. Plus tard, lorsqu’il s’agira d’hébraïser son patro­nyme, il choi­si­ra de s’appeler Sha­ron, du nom hébreu de la plaine lit­to­rale pales­ti­nienne où a été édi­fié son vil­lage natal en 1922.

Le rap­pel des ori­gines fami­liales d’Ariel Sha­ron, ain­si que de l’arabité de la Pales­tine man­da­taire au sein de laquelle il va gran­dir, et où va se créer et s’imposer l’État d’Israël, est essen­tiel pour com­prendre dans quel contexte va se for­ger la per­son­na­li­té poli­tique de cette figure du sio­nisme. Le sio­nisme, pour rap­pel, est l’appellation géné­rique d’une mul­ti­tude de mou­ve­ments natio­na­listes juifs appa­rus dans un contexte his­to­rique bien déter­mi­né, celui des cen­taines de bour­gades et vil­lages juifs yid­di­sho­phones de l’Europe cen­trale et orien­tale polo­no-russe du tour­nant des XIXe et XXe siècles. Le déno­mi­na­teur com­mun de ces mou­ve­ments était un pro­fond pes­si­misme quant aux pos­si­bi­li­tés d’intégration et/ou d’émancipation col­lec­tive des Juifs ash­ké­nazes dans des socié­tés chré­tiennes en lutte pour leur propre indé­pen­dance éta­tique et tra­vaillées au corps par un pro­fond et violent anti­sé­mi­tisme6.

Au sein des mondes juifs d’Europe cen­trale et orien­tale, les mou­ve­ments sio­nistes n’étaient pas les seuls à reven­di­quer l’émancipation cultu­relle et/ou natio­nale de col­lec­ti­vi­tés carac­té­ri­sées par un héri­tage reli­gieux com­mun, l’usage de langues com­munes (yid­dish pro­fane et hébreu cultuel), la convic­tion de par­ti­ci­per à une culture com­mune et la réa­li­té tan­gible de dis­cri­mi­na­tions et de vio­lences de plus en plus féroces à mesure que les États nations pre­naient bru­ta­le­ment le pas sur les struc­tures d’Ancien Régime. Ain­si, en des termes certes moins radi­caux, d’autres mou­ve­ments poli­tiques juifs allaient faire de la « ques­tion juive » (dans ses dimen­sions natio­nale, sociale, cultu­relle et lin­guis­tique) un enjeu cen­tral de leurs luttes, qu’il s’agisse des fol­kistes de Simon Dub­now ou des sociaux-démo­crates du Bund.

La radi­ca­li­té du sio­nisme poli­tique euro­péen rési­dait dans une pro­fonde méfiance envers les socié­tés chré­tiennes et dans le déve­lop­pe­ment d’un natio­na­lisme roman­tique fonc­tion­nant en miroir avec des natio­na­lismes slaves impré­gnés autant des idéaux de la révo­lu­tion fran­çaise que de ceux du popu­lisme russe. Toutes les com­po­santes du mou­ve­ment sio­niste par­ta­geaient le même enjeu : posi­ti­ver l’immense vague de migra­tions hors d’Europe cen­trale et orien­tale en lui redon­nant une dimen­sion natio­nale et mira­cu­leuse et en l’orientant vers le « Pays d’Israël » (Eretz-Israël). Ou, en d’autres termes, échap­per à la dis­pa­ri­tion col­lec­tive en Europe orien­tale et à l’émigration indi­vi­duelle (mais mas­sive) vers l’Europe occi­den­tale et l’Amérique du Nord.

La culture du « Mur de fer »

Entre les Pre­mière et Seconde Guerres mon­diales, les révoltes pales­ti­niennes et les affron­te­ments entre immi­grants-colons juifs et pay­sans arabes7 vont encou­ra­ger une frac­tion déter­mi­nante des futurs Israé­liens et de leurs diri­geants, qu’ils soient issus des mou­vances « ouvrières » (majo­ri­taires jusqu’à la moi­tié des années 1970) ou « droi­tières », à faire leur la vision du monde pes­si­miste et vio­lente déve­lop­pée par Vla­di­mir « Zeev » Jabo­tins­ky, le père fon­da­teur de la droite pré-israé­lienne. Dans « À pro­pos du mur de fer8 », un article publié le 4 novembre 1923 dans Rass­viet (L’Aurore), un heb­do­ma­daire sio­niste rus­so­phone édi­té à Ber­lin et à Paris, Jabo­tins­ky tient un rai­son­ne­ment déci­sif pour l’Histoire à venir, ces lignes ayant été écrites en un temps où la Pales­tine était encore majo­ri­tai­re­ment arabe et où les Juifs, essen­tiel­le­ment des immi­grants d’Europe cen­trale et orien­tale, n’y consti­tuaient encore que 11% de la population.

« Tout peuple autoch­tone lutte contre les colons étran­gers. […] C’est ain­si que feront éga­le­ment les Arabes d’Eretz-Israël [Pales­tine], tant que sub­sis­te­ra dans leur esprit une lueur d’espoir de par­ve­nir à empê­cher la trans­for­ma­tion d’Eretz-Israël d’un pays arabe en un pays juif. […] [Nous devons faire en sorte] que notre colo­ni­sa­tion [de peu­ple­ment] puisse se déve­lop­per sous la pro­tec­tion d’une force qui ne dépende pas de la popu­la­tion locale [arabe] et à l’abri d’un mur de fer que celle-ci ne pour­ra pas abattre. […] Cela ne signi­fie pas qu’aucune forme d’accord n’est pos­sible. Mais un accord spon­ta­né est inima­gi­nable. Tant que les Arabes conser­ve­ront une lueur d’espoir de par­ve­nir à se débar­ras­ser de nous, rien au monde ne pour­ra les détour­ner de cet espoir. […] La seule voie vers un accord [futur entre les deux peuples], c’est le mur de fer, c’est-à-dire la créa­tion en Eretz-Israël d’une force qui ne puisse subir la pres­sion arabe. »

Huit décen­nies plus tard, en février 2001, alors que se ter­mine une cam­pagne élec­to­rale qui va anéan­tir l’Avoda (Par­ti tra­vailliste) d’Ehoud Barak et alors que la répres­sion de la Deuxième Inti­fa­da bat son plein9, Ariel Sha­ron est un reve­nant. L’invasion du Liban de 1982, ponc­tuée par les mas­sacres des camps de réfu­giés pales­ti­niens de Sabra et Cha­ti­la10, avait anéan­ti le rêve de Sha­ron d’accéder à la magis­tra­ture suprême, lui dont, en sa qua­li­té de ministre de la Défense, les men­songes et les ini­tia­tives mili­taires non concer­tées avaient été stig­ma­ti­sés par une com­mis­sion d’enquête pré­si­dée par le pré­sident de la Cour suprême, Yitz­hak Kahane11.

Le prisme « vieux-travailliste » d’Ariel Sharon

Le 2 février 2001, alors que la cam­pagne élec­to­rale bat son plein, le por­trait de celui qui était alors pré­sident du Likoud est bros­sé par un jour­na­liste émi­nent du quo­ti­dien de centre-gauche Ha’Aretz12. « Par une de ces iro­nies dont l’Histoire a le secret, le can­di­dat likoud­nik se révèle un pur mapaï­nik13. Il s’inscrit en droite ligne dans le pas­sé du mou­ve­ment tra­vailliste lorsqu’il clame sa foi dans la “ouv­da”, le fait accom­pli, et dans le vieux slo­gan “dunam po, ‘ez sham” [“un hec­tare par-ci, une chèvre par-là”]. Les Juifs doivent se sou­ve­nir qu’ils ont un droit abso­lu sur Eretz-Israël, et que ce n’est qu’ensuite que d’autres y ont aus­si des droits. Cette ligne de démar­ca­tion est essen­tielle et mar­te­lée : “Les droits sur ce pays sont exclu­si­ve­ment juifs, mais ses habi­tants arabes ont aus­si des droits”.

Quand il pense aux cent-vingt ans d’implantation juive, Sha­ron reven­dique l’héritage du mou­ve­ment tra­vailliste d’avant 1948. “Sans son entre­prise d’implantation, nous n’aurions jamais tenu face aux Arabes.” Pour Sha­ron, Israël est un pays fas­ci­nant, mais encer­clé par une région dont l’hostilité met­tra encore beau­coup d’années avant de dis­pa­raitre. Certes, la paix est une valeur suprême. Mais nous devons tou­jours nous rap­pe­ler ce pos­tu­lat de base : “Seuls et cer­nés par une popu­la­tion hos­tile, nous ne pou­vons sur­vivre que par une dis­sua­sion telle que les Arabes réflé­chissent à deux fois avant de poser la main sur nous.” De son enfance à Kfar Malal, il se rap­pelle que son vil­lage était “encer­clé par les vil­lages arabes d’Abou Kishk, Khir­bat Azzoun, Mou­wei­lih, Biyar Adas, Mirr, Tira, Kafr Saba et Qal­qi­lya14. Les rap­ports étaient cor­rects parce que, si les Juifs trai­taient les Arabes avec res­pect, ils savaient aus­si se faire res­pec­ter. Aujourd’hui, ces valeurs sont tom­bées en désuétude.”

Pour Sha­ron, les paroles pro­non­cées par Moshé Dayan aux funé­railles du kib­boutz­nik Roï Ruten­berg, assas­si­né par un fedayin en 1956, res­tent d’actualité. “Ne mau­dis­sons pas ses assas­sins. Que savons-nous de leur haine envers nous ? De leurs camps de réfu­giés de Gaza, ils ont vu com­ment nous nous étions empa­rés de leurs champs et des vil­lages de leurs ancêtres. Nous sommes une géné­ra­tion de pion­niers. Sans glaive, nous ne pour­rons survivre.”»

La fibre « tra­vailliste » et mar­tiale d’Ariel Sha­ron, disions-nous… « L’objectif d’Arafat n’était pas de cor­ri­ger 1967, c’est-à-dire l’occupation, mais de cor­ri­ger 1947, autre­ment dit l’émergence même d’un État juif, au milieu de cette région [le Moyen-Orient], sur une par­tie de la Pales­tine. […] Nous devons nous tenir fer­me­ment debout sur nos deux pieds […], prêts à tendre la main […] à la recherche des oppor­tu­ni­tés de paix à sai­sir […], mais les yeux grands ouverts, en regar­dant la réa­li­té bien en face. Et avec l’autre main, l’index posé sur la gâchette, pour pou­voir tirer […] pour défendre notre sur­vie. […] Nous devons trou­ver un moyen de vivre avec cette réa­li­té, à savoir que les gens autour de nous ne nous aiment pas. Beau­coup d’entre eux rêvent que nous puis­sions dis­pa­raitre et retour­ner aux lieux d’où nous sommes venus. […] Les gens com­prennent aujourd’hui qu’un accord de paix avec nos voi­sins n’aboutira que lorsque ceux-ci auront défi­ni­ti­ve­ment admis qu’Israël ne peut être vain­cu mili­tai­re­ment, que le ter­ro­risme ne nous aura pas à l’usure et que nous ne nous lais­se­rons pas entrai­ner dans des guets-apens diplo­ma­tiques pro­po­sant des com­pro­mis à sens unique. » De qui sont ces pro­pos ? De son pré­dé­ces­seur… tra­vailliste au poste de Pre­mier ministre, Ehoud Barak15.

Du « Mur de fer » au « Rideau de feu »

C’est cette vision du monde pes­si­miste, mar­tiale, « construc­ti­viste » et sans conces­sion envers les Pales­ti­niens (dont il estime néan­moins com­pré­hen­sibles les aspi­ra­tions natio­nales et la ten­ta­tion de la revanche) qui va gui­der Ariel Sha­ron dans sa car­rière mili­taire et ensuite poli­tique. Enta­mée au mitan des années 1950, son acti­vi­té mili­taire aura pour objec­tif de rele­ver le défi qu’est pour les fon­da­teurs de l’État d’Israël la pré­sence à ses fron­tières de plu­sieurs cen­taines de mil­liers de réfu­giés arabes pales­ti­niens en attente du retour et ins­tal­lés dans des camps admi­nis­trés par l’ONU au Sud-Liban, en Syrie et, sur­tout, sur deux por­tions de la Pales­tine qui ne sont alors pas tom­bées sous contrôle israé­lien : la bande de Gaza (admi­nis­trée par l’Égypte) et la Cis­jor­da­nie (annexée par la Jordanie).

Entre 1949 et 1956, plu­sieurs mil­liers de Pales­ti­niens tentent de rejoindre leurs familles res­tées en ter­ri­toire israé­lien ou, tout sim­ple­ment, de récu­pé­rer des biens ou de mois­son­ner leurs champs. Tous n’ont pas la chance de se faire refou­ler sains et saufs. Sur la base des archives mili­taires, l’historien israé­lien Ben­ny Mor­ris estime que, si entre 200 et 250 Israé­liens péris­sent sous les coups d’«infiltrés » armés, ce sont entre 2700 et 5000 « infil­trés », sou­vent non armés, qui tombent sous les balles de l’armée israé­lienne ou sur les mines israé­liennes pla­cées le long des lignes de ces­sez-le-feu16.

C’est dans ce contexte que l’ethos du « mur de fer » se réac­tive et que fleu­rissent des expres­sions comme « rideau de feu » (masakh-esh), « muraille de feu » (homat-esh) ou « cein­ture de feu » (hagou­rat-esh) pour dési­gner, soit une poli­tique défen­sive impla­cable, soit des incur­sions ponc­tuelles, mais extrê­me­ment vio­lentes, que mènent des uni­tés spé­ciales de l’armée israé­lienne dans les années 1950 et 1960 contre la bande de Gaza et la Cis­jor­da­nie. Déjà à l’œuvre loca­le­ment dans les implan­ta­tions mili­ta­ro-agri­coles sous le régime du Man­dat bri­tan­nique (1922 – 1948), cet ethos s’exprime désor­mais à l’échelle de tout un ter­ri­toire natio­nal dis­po­sant des attri­buts mili­taires que lui confère la puis­sance éta­tique. Cette poli­tique de « défense active » s’intensifie pour contrer l’apparition, dans les années 1960, d’une géné­ra­tion de mili­tants armés dans les ter­ri­toires pales­ti­niens contrô­lés par l’Égypte et la Jor­da­nie, ain­si qu’au Liban.

La plus célèbre de ces uni­tés est l’Unité 101, créée sur ordre des tra­vaillistes David Ben Gou­rion et Moshé Dayan, com­man­dée par Ariel Sha­ron et spé­cia­li­sée dans des opé­ra­tions de repré­sailles visant sciem­ment autant les civils pales­ti­niens que les mili­tants armés et ce, avec l’objectif d’imposer un équi­libre de la peur favo­rable à Israël. La san­glante neu­tra­li­sa­tion mili­taire de l’Organisation de libé­ra­tion de la Pales­tine (OLP) en 1982 (inva­sion du Liban ou opé­ra­tion « Paix en Gali­lée ») et l’écrasement des enclaves auto­nomes gérées par l’Autorité pales­ti­nienne en 2002 (opé­ra­tion « Bou­clier défen­sif ») ne sont, à cet égard, que la pour­suite de cette politique.

Le juge­ment de Gidéon Lévy, chro­ni­queur de gauche à Ha’Aretz, est à cet égard impla­cable. « Ariel Sha­ron fut un res­tau­ra­teur du lan­gage israé­lien. Si Elie­zer Ben Yehu­da17 réin­ven­ta le voca­bu­laire israé­lien, Ariel Sha­ron le tra­dui­sit en actions israé­liennes. Comme son pré­dé­ces­seur à la Défense, Moshé Dayan, Sha­ron fut plus influent que nombre de ses col­lègues dans la for­mu­la­tion du lan­gage domi­nant de l’État d’Israël, celui de la force, de la guerre, de la conquête et de la vio­lence. Comme Israël à sa suite, il pen­sait que les Arabes ne com­pre­naient que la parole du poing ser­ré et que c’était la seule façon pour nous de sur­vivre. Israël aurait pu et dû essayer un autre lan­gage, mais il ne l’a jamais fait. Les Sha­ron et les Dayan, ces pay­sans-sol­dats cruels, sont fina­le­ment par­ve­nus à convaincre les Israé­liens qu’il n’existait tout sim­ple­ment pas d’autre lan­gage18. »

Les Palestiniens dans la vision de Sharon

L’absence de scru­pules ou d’inhibition d’Ariel Sha­ron relève-t-elle pour autant d’une haine ou d’un racisme envers les Arabes ? À cette inter­ro­ga­tion, Gidéon Lévy, tou­jours lui, répond par la néga­tive19. « En novembre 1989, alors qu’il était ministre du Com­merce et de l’Industrie [dans un gou­ver­ne­ment tra­vailliste-Likoud diri­gé par Yitz­hak Sha­mir], j’avais accep­té d’accompagner Ariel Sha­ron dans un voyage dans la bande de Gaza. C’était du Sha­ron tout cra­ché : des cartes, des pay­sages et des Juifs. À cette époque comme aujourd’hui, il ne croyait pas à la pos­si­bi­li­té de faire la paix avec les Arabes et il consi­dé­rait que leur seul but était de nous exter­mi­ner : “Les Arabes font tou­jours ce qu’ils disent, même s’ils doivent par­fois tem­po­ri­ser.” Pour Sha­ron, il fal­lait croire les Arabes quand ils par­laient d’extermination, pas quand ils par­laient de paix. Il n’y croyait pas. Ce fut une étrange balade, pleine de contra­dic­tions entre son charme incon­tes­table (immense quand vous étiez seul à seul avec lui), ses posi­tions extré­mistes, son manque abso­lu de confiance envers les Arabes, sa com­pré­hen­sion de la néces­si­té de résoudre le pro­blème des réfu­giés, sa vision vio­lente des Arabes et son absence abso­lue de haine à leur égard. Contrai­re­ment à d’autres, Sha­ron ne haïs­sait pas les Arabes. Sim­ple­ment, il ne leur fai­sait pas confiance. »

Le constat posé par Gidéon Lévy a le mérite de s’appuyer éga­le­ment sur un maté­riau de pre­mière main, un texte publié par Ariel Sha­ron lui-même en 1993, alors que se dis­cu­tait la pos­si­bi­li­té pour les dépu­tés arabes (pales­ti­niens) de la Knes­set de par­ti­ci­per à un vote sur un éven­tuel accord de paix20.

« Nos grands-parents et nos parents ne sont pas venus ici [en Israël] pour bâtir une démo­cra­tie. Tant mieux si elle est pré­ser­vée, mais ils sont venus ici pour créer un État juif. […] Le sio­nisme n’a jamais prô­né la démo­cra­tie, mais la créa­tion en Pales­tine d’un État juif appar­te­nant à tout le peuple juif et à lui seul. Cette contra­dic­tion entre le retour à Sion et les fon­de­ments de la démo­cra­tie est connue depuis long­temps. Aux yeux des Arabes et de leurs alliés, il n’est évi­dem­ment pas démo­cra­tique d’offrir un pays à des mil­lions d’étrangers contre la volon­té de ses autoch­tones. Impo­sé par la force par des étran­gers qui y ont émi­gré illé­ga­le­ment, cet État est entré en guerre contre les autoch­tones, a conquis leurs villes et les a encou­ra­gés à par­tir, quand il ne les a tout sim­ple­ment pas exilés.

En novembre 1947, la déci­sion de l’ONU de par­ta­ger la Pales­tine a été prise en contra­dic­tion fla­grante avec la volon­té des Arabes pales­ti­niens, qui consti­tuaient encore l’écrasante majo­ri­té de la popu­la­tion. À des Juifs qui ne for­maient que le tiers de la popu­la­tion, les Nations unies allouaient 55% du ter­ri­toire. Le sio­nisme et la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale ont ain­si agi en vio­la­tion des prin­cipes démo­cra­tiques, tout en en res­pec­tant l’esprit et en appuyant le prin­cipe du droit his­to­rique du peuple juif sur la terre des Patriarches. Cela signi­fie per­mettre la pour­suite de l’immigration de mil­lions de Juifs en Israël et la colo­ni­sa­tion du pays dans sa totalité.

Depuis tou­jours, les Arabes d’Israël-Palestine estiment avoir un droit légi­time sur ce pays. Par­mi eux, les modé­rés sont peut-être prêts à recon­naitre des droits aux Juifs, mais seule­ment s’ils sont subor­don­nés à ceux des Arabes. À leurs yeux, l’idéal sio­niste d’immigration et de sou­ve­rai­ne­té juives est une “agres­sion cri­mi­nelle” qui doit être contre­car­rée afin de per­mettre aux “pro­prié­taires légi­times” d’exercer leur sou­ve­rai­ne­té, au besoin en n’y tolé­rant qu’une pré­sence juive minime. L’allégeance de la majo­ri­té des Arabes d’Israël, de leurs hommes poli­tiques et de leurs dépu­tés ne va pas à Israël, mais à l’intérêt des Arabes pales­ti­niens. Cela ne découle pas d’une haine d’Israël ou d’une volon­té irra­tion­nelle de le détruire, mais d’une simple prise en compte d’un devoir natio­nal élémentaire.

Per­mettre aux dépu­tés arabes israé­liens de déci­der du sort d’Israël est une illu­sion dan­ge­reuse. Des ques­tions aus­si cru­ciales qu’un retrait du Golan ou l’instauration d’une auto­no­mie pales­ti­nienne en Judée-Sama­rie (c’est-à-dire un second État arabe pales­ti­nien après la Jor­da­nie) sont du seul res­sort des Juifs, pas des Arabes israé­liens. Une appli­ca­tion aveugle des prin­cipes démo­cra­tiques revient à don­ner rai­son au natio­na­lisme pales­ti­nien. C’est le contraire de la démo­cra­tie, c’est un sui­cide natio­nal, un cou­teau entre les mains de ceux qui, s’ils res­pectent les inté­rêts de leur peuple, ne peuvent que deve­nir nos futurs bour­reaux. Nos lea­deurs — Zeev Jabo­tins­ky, Ben Gou­rion, Gol­da Meïr et Yigal Allon — ne nous ont pas don­né ce droit. »

La « déconnexion » ou le formol du professeur Sharon

Au vu des lignes qui pré­cèdent et sachant quel rôle majeur a joué Ariel Sha­ron dans la mul­ti­pli­ca­tion des implan­ta­tions juives de peu­ple­ment dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occu­pés depuis 1967, on pei­ne­rait à détec­ter une quel­conque cohé­rence avec l’Ariel Sha­ron qui, en tant que Pre­mier ministre, reti­re­ra l’été 2005 l’armée israé­lienne de la bande de Gaza et en éva­cue­ra de force une ving­taine de colo­nies de peu­ple­ment, ce que cer­tains com­men­ta­teurs inter­prè­te­ront quelque peu rapi­de­ment comme le pre­mier pas vers la créa­tion d’un État palestinien.

La cohé­rence de ce par­cours sinueux réside dans le prisme « vieux-tra­vailliste » ou mapaï­nik du prag­ma­tisme d’un Ariel Sha­ron qui, fon­da­men­ta­le­ment, n’a jamais été par­fai­te­ment en phase avec un Likoud arc­bou­té à l’idéologie roide de ses tuteurs his­to­riques, Vla­di­mir Jabo­tins­ky, Mena­hem Begin ou Ben­zion Neta­nya­hou, père de l’actuel Pre­mier ministre Binya­min Neta­nya­hou. Pour rap­pel, le Likoud fut d’abord un car­tel élec­to­ral ima­gi­né en 1973 par Ariel Sha­ron, tout juste démo­bi­li­sé de l’armée, pour sor­tir le Herout ultra-conser­va­teur de Mena­hem Begin de son iso­le­ment en l’alliant aux petits par­tis libé­raux de centre-droit et, in fine, pour mettre fin à la domi­na­tion d’un mou­ve­ment tra­vailliste dont il était pour­tant proche.

Élu Pre­mier ministre en février 2002, Ariel Sha­ron, contrai­re­ment à ses concur­rents de droite, mais en réso­nance par­faite avec son chal­len­geur tra­vailliste Ehoud Barak, a la capa­ci­té d’évaluer les rap­ports de force inter­na­tio­naux (essen­tiel­le­ment, la rela­tion stra­té­gique avec les États-Unis) et, plus encore, les rap­ports de force et les ten­sions à l’œuvre au sein du mou­ve­ment natio­nal pales­ti­nien (la lutte à mort entre l’OLP domi­née par un Fath démo­né­ti­sé et le Hamas islamo-nationaliste).

Sur le plan inter­na­tio­nal, Ariel Sha­ron com­prend vite que la lune de miel que son gou­ver­ne­ment vit depuis un cer­tain 11 sep­tembre 2001 avec l’administration néo­con­ser­va­trice de George W. Bush n’aura qu’un temps et que les pres­sions vont reprendre en faveur du retrait israé­lien de la majeure par­tie des ter­ri­toires occu­pés et de l’établissement d’un État pales­ti­nien. C’est alors que, pour anti­ci­per d’éventuelles pres­sions amé­ri­caines, Ariel Sha­ron reprend à son compte une vieille idée tra­vailliste : éva­cuer la bande de Gaza et ce, de façon uni­la­té­rale, c’est-à-dire sans devoir négo­cier avec l’OLP.

Dans une inter­view accor­dée à Ha’Aretz en octobre 2004, Dov Weis­glass, avo­cat et prin­ci­pal conseiller poli­tique d’Ariel Sha­ron, s’explique cru­ment sur la signi­fi­ca­tion et l’objectif du plan de « décon­nexion21 » à venir : « La signi­fi­ca­tion du plan de décon­nexion, c’est le gel du pro­ces­sus de paix. En d’autres termes, la décon­nexion, c’est une bou­teille rem­plie du for­mol néces­saire pour nous évi­ter tout pro­ces­sus diplo­ma­tique avec les Pales­ti­niens. Pour­quoi ? Parce que ce pro­ces­sus n’a pour objec­tif que de créer un État pales­ti­nien, avec tous les risques sécu­ri­taires qui en découlent. Le pro­ces­sus diplo­ma­tique, c’est l’évacuation des implan­ta­tions, le retour des réfu­giés et la par­ti­tion de Jéru­sa­lem. Tout cela est désor­mais gelé. [Concer­nant la Cis­jor­da­nie], une par­tie des implan­ta­tions ne sera pas négo­ciable. Quant aux autres, elles ne le seront que lorsque les Pales­ti­niens se seront trans­for­més en Fin­lan­dais22. »

Sur le plan inter-pales­ti­nien, Ariel Sha­ron indique à l’opinion publique pales­ti­nienne que l’OLP et son éma­na­tion, l’Autorité pales­ti­nienne, ne sont plus d’aucun poids et que les négo­cia­tions ouvertes à Oslo en 1993 entre le gou­ver­ne­ment Rabin et l’OLP sont caduques. Cette neu­tra­li­sa­tion poli­tique de l’OLP par­achève sa neu­tra­li­sa­tion mili­taire de 2002 et pave le che­min à une mon­tée en puis­sance (tant popu­laire que poli­tique) du Hamas, lequel, après avoir empor­té les élec­tions légis­la­tives de jan­vier 2006, par­vien­dra, en juin 2007, à expul­ser l’OLP hors de la bande de Gaza23. En dépit des négo­cia­tions en cours ce mois de janvier2014 entre l’OLP de Mah­moud Abbas, le gou­ver­ne­ment israé­lien de Binya­min Neta­nya­hou et le secré­taire d’État amé­ri­cain John Ker­ry, négo­cia­tions por­tant sur ces sujets exis­ten­tiels que vou­lait évi­ter Ariel Sha­ron, la scis­sion du mou­ve­ment natio­nal pales­ti­nien et l’irrédentisme de la bande de Gaza face à l’OLP rendent ubuesque toute appli­ca­tion d’un hypo­thé­tique accord de paix israé­lo-pales­ti­nien24.

De l’accoucheur au fossoyeur du Likoud

Une autre trace que lais­se­ra Ariel Sha­ron, c’est l’édification en Cis­jor­da­nie de la « Clô­ture de sécu­ri­té », selon un prin­cipe déjà éprou­vé autour de la bande de Gaza. Cette « clô­ture » ne suit pas le tra­cé de l’ancienne ligne de démar­ca­tion tra­cée par l’ONU entre Israël et les ter­ri­toires pales­ti­niens, mais pénètre pro­fon­dé­ment à l’intérieur de la Cis­jor­da­nie pour englo­ber les plus grosses colo­nies israé­liennes ain­si que tout l’hinterland de Jéru­sa­lem, de façon à empê­cher l’édification d’un État de Pales­tine réel­le­ment viable et sou­ve­rain. Or, his­to­ri­que­ment, l’idée d’ériger un « mur » en Cis­jor­da­nie n’est pas d’Ariel Sha­ron, mais de son pré­dé­ces­seur tra­vailliste Ehoud Barak, lequel ne jurait lui-même que par le détri­co­tage des accords d’Oslo et leur rem­pla­ce­ment par des accords stric­te­ment sécu­ri­taires fon­dés sur le prin­cipe de la hafra­da, la sépa­ra­tion. Mais le déchai­ne­ment d’un cycle infer­nal d’attentats sui­cides pales­ti­niens contre des cibles civiles en ter­ri­toire israé­lien va finir par avoir rai­son des réti­cences d’une majo­ri­té d’Israéliens et Ariel Sha­ron va capi­ta­li­ser l’angoisse de ses conci­toyens pour impo­ser une par­ti­tion de fac­to du Grand Israël tout en sau­ve­gar­dant un maxi­mum de colonies.

La der­nière trace que lais­se­ra Ariel Sha­ron est para­doxale. Comme dit ci-des­sus, en par­ti­ci­pant à la créa­tion du Likoud en 1973, il fut l’un des prin­ci­paux arti­sans de l’arrivée de la droite his­to­rique au pou­voir en 1977, après des décen­nies d’hégémonie du mou­ve­ment tra­vailliste et d’isolement du Herout ultra-natio­na­liste de Mena­hem Begin. Le Par­ti tra­vailliste, si l’on excepte l’intermède du gou­ver­ne­ment de Yitz­hak Rabin (1992 – 1995), ne s’en est jamais remis et vit depuis trente-cinq ans une inter­mi­nable ago­nie. Mais Ariel Sha­ron n’a pas hési­té à détruire ce qu’il avait aidé à construire. Pour faire ava­li­ser un plan de « décon­nexion » majo­ri­tai­re­ment reje­té par le Likoud, il va sus­ci­ter des majo­ri­tés alter­na­tives au Par­le­ment israé­lien. En novembre 2005, il passe à la vitesse supé­rieure en quit­tant le Likoud, en pro­vo­quant des élec­tions anti­ci­pées et en fon­dant, avec de nom­breux trans­fuges du Likoud et dans une moindre mesure du Par­ti tra­vailliste (dont Shi­mon Pérès), un nou­veau par­ti de centre-droit, Kadi­ma, par­ti cen­sé mener de futures « décon­nexions » en Cis­jor­da­nie occu­pée. Quelques semaines plus tard, Ariel Sha­ron sera frap­pé par deux attaques céré­brales. Mais le Likoud ne se remet­tra pas davan­tage du « big bang » pro­vo­qué par Sha­ron et, depuis lors, ne ces­se­ra de se radi­ca­li­ser pour reve­nir aux posi­tions du Herout originel.

Ariel Sha­ron sera inhu­mé à Hav­vat ha-Shik­mim, la Ferme des Syco­mores, une pro­prié­té fami­liale bâtie en 1972 sur les terres d’un ancien petit vil­lage arabe, Houj, à quelques kilo­mètres de Gaza. Il y a huit ans, Nahum Bar­néa, chro­ni­queur vedette israé­lien, rap­pe­lait une anec­dote éclai­rante25. « Voi­ci quelques années, un expert nucléaire pales­ti­nien m’a racon­té être ori­gi­naire de Houj et s’y être un jour ren­du avec trois autres réfu­giés. Arri­vés à quelques cen­taines de mètres, ils se sont fait inter­cep­ter par des garde-fron­tières et Lily, l’épouse de Sha­ron. À leur grande sur­prise, elle les a auto­ri­sés à se recueillir vingt minutes, mais pas une de plus. “Vous com­pre­nez, Arik va bien­tôt arri­ver.” Aujourd’hui, tout cela prend un sens par­ti­cu­lier. Car l’ancien vil­lage arabe se situe dans la sec­tion sud des terres ache­tées par Arik. C’est là qu’il a inhu­mé son épouse Lily, décé­dée en mars 2000. De Houj, il ne reste plus grand-chose, des ter­rasses, un puits et des décombres. Mais c’est à Houj l’Arabe, sur cette col­line magni­fique, entre les veaux et les mou­tons, à côté de Lily, que Sha­ron va bien­tôt repo­ser pour l’éternité. »

(14 jan­vier 2014)

  1. Selon le calen­drier juif, l’année 1948, c’est-à-dire celle de la créa­tion de l’État d’Israël.
  2. De l’hébreu tzab­bar et de l’arabe sab­bar : figuier de Bar­ba­rie, sur­nom don­né aux membres de la pre­mière géné­ra­tion de Juifs israé­liens et sio­nistes nés sur le sol de l’ancienne Pales­tine et éle­vés en hébreu moderne. Tzab­bar est éga­le­ment l’acronyme de « tzaïr bari raa­nan » (« jeune sain fort »).
  3. C’est éga­le­ment de Brest qu’était ori­gi­naire Miec­zysław Wol­fo­wicz Bie­gun, alias Mena­hem Begin, le père fon­da­teur de la droite israélienne.
  4. Igal Sar­na, « Entre le vio­lon et le poi­gnard », Yediot Aha­ro­not, 6 jan­vier 2006. Tra­duit de l’hébreu et repu­blié en fran­çais sous le titre « Arik dans les yeux de sa mère », Cour­rier inter­na­tio­nal, 12 jan­vier 2006. 
  5. Implan­ta­tion agri­cole semi-collectiviste.
  6. Pas­cal Fenaux, « Du Yid­di­sh­land à Eretz-Israël, de la Pologne à la Pales­tine », La Revue nou­velle, n°5 – 6/1998.
  7. David Ben Gou­rion, La His­ta­drout : Com­bat et Édi­fi­ca­tion — Une réponse aux adver­saires du tra­vailleur juif orga­ni­sé en Pales­tine (en yid­dish), Ligue pour une Pales­tine ouvrière, 1933.
  8. Rass­viet, n°42 – 43, 4 novembre 1923. Une ver­sion fran­çaise inté­grale est pro­po­sée dans le livre de Denis Char­bit, Sio­nismes – Textes fon­da­men­taux, Albin Michel, 983 pages, 1998.
  9. Sur fond de blo­cage diplo­ma­tique entre un Ehoud Barak qui entend ne rien céder sur l’essentiel et un Yas­ser Ara­fat en déclin poli­tique, la Deuxième Inti­fa­da a été déclen­chée, le 28 sep­tembre 2000, par la visite d’Ariel Sha­ron (enca­dré par un mil­lier de poli­ciers) sur l’Esplanade des mos­quées Al-Aqsa et du Dôme du Rocher.
  10. En sep­tembre 1982, après le départ des com­bat­tants de l’OLP sous pro­tec­tion fran­çaise, Bey­routh-Ouest est inves­tie par l’armée israé­lienne, sans que le Pre­mier ministre Mena­hem Begin n’en ait été préa­la­ble­ment avi­sé par son ministre de la Défense, Ariel Sha­ron. Celui-ci confie à la milice extré­miste chré­tienne des Pha­langes liba­naises la mis­sion de s’assurer du désar­me­ment des camps de Sabra et Cha­ti­la et ce, quelques jours après l’assassinat du chef pha­lan­giste Bachir Gemayel par une offi­cine syrienne. Comme c’était pré­vi­sible, en guise de « désar­me­ment », du 16 au 18 sep­tembre, les pha­lan­gistes mas­sa­cre­ront entre 700 et 3500 civils pales­ti­niens dans leurs camps de réfu­giés encer­clés par les troupes israéliennes.
  11. Ben Kas­pit, « Le dos­sier Sha­ron », Maa­riv, 22 jan­vier 2001.
  12. Ari Sha­vit, « Israël selon Sha­ron », Ha’Aretz, 2 février 2001. Tra­duit de l’hébreu et repu­blié en fran­çais sous le titre « Sans glaive, nous ne pour­rons sur­vivre », Cour­rier inter­na­tio­nal, 8 février 2001.
  13. Du Mapaï, Par­ti ouvrier d’Eretz-Israël de David Ben-Gou­rion et ancêtre de l’actuel Par­ti travailliste.
  14. Des loca­li­tés pales­ti­niennes citées par Ariel Sha­ron, seules sub­sistent aujourd’hui Tira (en Israël) et Qal­qi­liya (en Cis­jor­da­nie occupée).
  15. Ehoud Barak (entre­tien avec Claude Lanz­mann), « L’ombre et la lumière », Les Temps modernes, n°651, novembre-décembre 2008.
  16. Ben­ny Mor­ris, Israel’s Bor­der Wars, 1949 – 1956. Arab Infil­tra­tion, Israe­li Reta­lia­tion and the Count­down to the Suez War, Cla­ren­don Press, 1993.
  17. Né dans le shtetl (bour­gade juive) de Łuž­ki, dans le Béla­rus actuel, sous le nom d’Eliezer Icchak Per­el­man Elja­now, ce lexi­co­graphe polo­no-litua­nien fut le pion­nier de la créa­tion de l’hébreu moderne ou hébreu israélien.
  18. Gidéon Lévy, « Ce qui res­te­ra après Sha­ron », Ha’Aretz, 5 jan­vier 2014.
  19. Gidéon Lévy, « Le voyage à Gaza », Ha’Aretz, 6 jan­vier 2006. Tra­duit de l’hébreu et repu­blié en fran­çais sous le titre « Han­té toute sa vie par les Arabes », Cour­rier inter­na­tio­nal, 12 jan­vier 2006.
  20. Ariel Sha­ron, « Démo­cra­tie et État juif », Yediot Aha­ro­not, 28 mai 1993. Tra­duit de l’hébreu et repu­blié en fran­çais sous le titre « Il n’a jamais été ques­tion d’État démo­cra­tique », Cour­rier inter­na­tio­nal, 12 jan­vier 2006.
  21. Impro­pre­ment tra­duit en anglais et en fran­çais par « désen­ga­ge­ment », le terme uti­li­sé en hébreu (hit­nat­kout) signi­fie en réa­li­té « décon­nexion », dans toutes ses acceptions.
  22. Ari Sha­vit, « Au nom de son client », Ha’Aretz, 8 octobre 2004.
  23. Pas­cal Fenaux, « Aveugles à Gaza », La Revue nou­velle, n°8, aout 2007.
  24. Dans son édi­tion du 13 jan­vier, Ha’Aretz révèle le conte­nu de câbles diplo­ma­tiques amé­ri­cains de 2004 – 2005, confor­tés par des docu­ments pales­ti­niens « fui­tés » en jan­vier 2011 par Al-Jazee­ra. En échange d’une « lutte radi­cale » de l’OLP contre le ter­ro­risme, Ariel Sha­ron se serait enga­gé devant les diplo­mates amé­ri­cains et pales­ti­niens à coor­don­ner avec l’Autorité pales­ti­nienne des retraits mas­sifs en Cis­jor­da­nie, à l’exception des gros blocs de colo­nies de peu­ple­ment et ce, en vue d’un accord de paix « négo­ciable quelques années plus tard ». Concer­nant Jéru­sa­lem, il aurait éga­le­ment été prêt à des conces­sions, sauf sur le Mont du Temple, la Cité de David et le Mont des Oli­viers. Si elles illus­trent le prag­ma­tisme de l’ancien Pre­mier ministre israé­lien, ces révé­la­tions ne contre­disent tou­te­fois pas les pro­pos de Dov Weis­glass. Tout indique que le conte­nu d’hypothétiques négo­cia­tions aurait exclu les prin­ci­pales colo­nies ain­si que le règle­ment de la ques­tion des réfu­giés pales­ti­niens. Barak Ravid, « Docu­ment amé­ri­cain : Sha­ron avait expri­mé sa dis­po­si­tion à un com­pro­mis sur Jéru­sa­lem », Ha’Aretz, 13 jan­vier 2014.
  25. Nahum Bar­néa, « Arik et Lily », Yediot Aha­ro­not, 6 jan­vier 2006. Tra­duit de l’hébreu et repu­blié en fran­çais sous le titre « À Houj, à côté de Lily », Cour­rier inter­na­tio­nal, 12 jan­vier 2006.

Pascal Fenaux


Auteur

Pascal Fenaux est membre du comité de rédaction de La Revue nouvelle depuis 1992. Sociologue, il a poursuivi des études en langues orientales (arabe et hébreu). Il est spécialiste de la question israélo-palestinienne, ainsi que de la question linguistique et communautaire en Belgique. Journaliste indépendant, il est également «vigie» (veille presse, sélection et traduction) à l’hebdomadaire Courrier international (Paris) depuis 2000. Il y traite et y traduit la presse «régionale» juive (hébréophone et anglophone) et arabe (anglophone), ainsi que la presse «hors-zone» (anglophone, yiddishophone, néerlandophone et afrikaansophone).