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À vélo au pays du cimetière joyeux

Numéro 1 Janvier 2008 par Bernard De Backer

janvier 2008

« … au terme de ma vie, tout au long de laquelle j’ai connu de nom­breux pays et lu de nom­breux livres, j’en arrive à la conclu­sion que celui qui a rai­son c’est bien le pay­san rou­main. Ce pay­san qui ne croit en rien, qui pense que l’homme est per­du d’a­vance, qu’on ne peut rien faire, que […]

« … au terme de ma vie, tout au long de laquelle j’ai connu de nom­breux pays et lu de nom­breux livres, j’en arrive à la conclu­sion que celui qui a rai­son c’est bien le pay­san rou­main. Ce pay­san qui ne croit en rien, qui pense que l’homme est per­du d’a­vance, qu’on ne peut rien faire, que l’his­toire le broie. »

Émile Cio­ran, cycliste et phi­lo­sophe né en Tran­syl­va­nie

C’est une plon­gée endia­blée : cinq cents mètres de déni­ve­lée abrupte entre les arbres et les sources, dans la fraî­cheur d’une forêt de hêtres tapis­sée d’hu­mus. Des masses d’air frais odo­rantes, cap­tives dans les sous-bois, s’é­panchent sur la route, nous caressent le visage et les jambes. Si la des­cente pou­vait se pro­lon­ger toute la jour­née… Cet été 2007, la cani­cule étouffe les plaines et le pié­mont car­pa­tique, taillé comme un jar­din (petits vignobles ali­gnés, ran­gées de maïs, pru­niers en bos­quets). Les buffles d’eau se mor­fondent dans l’eau tiède des mari­gots. À près de qua­rante degrés cel­sius, le bitume se liqué­fie, les gre­nailles collent aux pneus, puis frappent les garde-boue comme nuées de sauterelles.

Dans l’as­cen­sion du col que nous venons de fran­chir, de vieux camions « Die­sel Roman », bleus et dodus comme les balances que l’on trouve de Vla­di­vos­tok à Tira­na, nous avaient enve­lop­pés d’un nuage gris. Virage, faux plat, épingle à che­veux, soleil écra­sant, monas­tère clin­quant au bout d’un che­min pier­reux. Un groupe de pèle­rins accom­pa­gnés d’un pope impo­sant cas­sait la croûte au bord d’une source. Au col, nous avions pris le frais dans un bis­trot où des flics qui contrôlent la fron­tière posent leurs pétoires et leurs lunettes Ray-Ban. Ils n’a­vaient qu’in­dif­fé­rence pour ce trio à bicy­clette qui épon­geait sa sueur avant de plon­ger vers la rivière que tra­versent pas­seurs et clandestins.

La pénombre bien­fai­sante s’é­tiole, la pente se redresse, une lumière blanche nous fait cli­gner des yeux. Comme un mal­heur n’ar­rive jamais seul, il faut se remettre à péda­ler pour avan­cer. À l’o­rée de la val­lée brû­lante, les mai­sons res­semblent à des cabanes de sor­cières enva­hies par la ver­dure et la volaille, les arbres déversent leurs pru­neaux dans l’herbe et la tzui­ca (alcool de prune) se dis­tille dans les remises. Nous y voi­là enfin : la Tis­za nous barre la route et en face, de l’autre côté des flots, le dra­peau ukrai­nien bleu-jaune cintre de petites bornes de béton.

La nou­velle fron­tière de l’U­nion euro­péenne semble bien pai­sible, les rive­rains la tra­versent à gué, les­tés de quelques paquets de contre­bande. Le jus de fruits que l’on déniche dans les gar­gotes vient de Trans­car­pa­tie, en Ukraine. Mais pas la bière, le demi-litre de Timi­soa­rea­na ou d’Ur­sus, que des Rou­mains ven­tri­po­tents (t‑shirt rou­lé au-des­sus du nom­bril) éclusent avec appli­ca­tion : cette année, il y a cent Dacia Logan à gagner avec la Timisoareana !

« Ici, c’est moi qui repose »

La petite route longe le cours d’eau, tra­verse un vil­lage fron­ta­lier dont le nom est écrit en trois langues (Pia­tra — Ferencvöl­gye — Kamy­nys­ta)1, croise nombre d’é­glises (gré­co-catho­lique, catho­lique, pro­tes­tante), quelques « salles du para­dis » des Témoins de Jého­vah ou temples d’ad­ven­tistes. Des vieux et des vieilles regardent pas­ser les char­rettes et les camions, bien au frais sous leurs pru­niers, assis devant leurs por­tails sculp­tés comme des couques de Dinant. Sapin­ta (Sza­plo­ne­za) n’est pas loin, les vil­la­geois com­mencent à prendre la pose des stèles du Cimi­ti­rul Vesel, le cime­tière joyeux qui a fait la renom­mée du coin jus­qu’au Japon.

Tout a com­men­cé en 1934, quand un sculp­teur local, Stan Ion Patras, se mit à fabri­quer des croix ornées d’un bas-relief évo­quant le défunt, sa vie et par­fois les condi­tions de sa mort. Le tout légen­dé d’une épi­taphe tendre, iro­nique ou poé­tique, et sur­mon­té d’un couple de pigeons blancs. Le texte est écrit à la pre­mière per­sonne, comme si le mort lui-même pre­nait la parole. Sou­vent pour indi­quer, d’en­trée de jeu, que c’est bien lui qui se trouve sous la croix : « Aici eu ma odih­nesc » (« Ici c’est moi qui repose »). Il y a des chas­seurs, des ber­gers, des filles légères (qui montent au ciel les­tées d’une mince culotte, sous le regard d’a­mants sou­riants), des fileuses de laine (comme les vieilles au bord de la route), des méca­ni­ciens et même des cyclistes (un pla­teau et un pignon). Plu­sieurs enfants, aus­si, ren­ver­sés par une Dacia rouge ou blanche sur cette route où sévit la Timisoareana.

Nous nous sommes ran­gés à côté de véhi­cules tout ter­rain, Adven­ture in Tran­syl­va­nia, dont les flancs sont macu­lés de boue. Le pays étant sec comme de l’é­toupe, on ima­gine qu’une bombe « Sprayon­mud »2 a com­pen­sé l’a­ri­di­té. Nos bécanes (trois pla­teaux et huit pignons), qui viennent de Buda­pest et ont arpen­té pas mal de sen­tiers cam­pa­gnards, ne sont pas tachées de la moindre crotte. Quant aux ravages de la méca­nique et de la gnôle dans le Mara­mures3 (le nom de la région), une des tombes que nous décou­vrons dans le cime­tière en témoigne.

Ici, c’est moi qui repose
Pop Gri­gore est mon nom
J’ai aimé le tracteur
Et me conso­ler avec l’alcool
Triste j’ai tou­jours vécu
Car mon père m’a quit­té petit
Ce fut peut-être mon destin
J’ai vite quit­té la vie
La mort me prit jeune,
À 33 ans.

Mal­gré quelques aven­tu­riers échap­pés de leur véhi­cule et les mar­chands de tra­di­tions qui encerclent le cime­tière, celui-ci est aus­si pro­di­gieux que les his­toires de vie sont tristes. Le soleil rasant fait flam­boyer les croix poly­chromes, sou­ligne les reliefs. Il y a les anciennes tombes aux cou­leurs écaillées : vieux rose, mauve fané, myo­so­tis dis­cret. Et puis les plus récentes, sculp­tées par l’é­lève de Patras, Dumi­tru Pop, toutes vives et modernes (trac­teurs, auto­mo­biles…). Mais c’est le bleu qui domine, le « bleu Sapin­ta » sym­bo­li­sant, dit-on dans les guides, « l’es­poir et la liber­té ». Dans l’a­te­lier de Patras où tra­vaille son suc­ces­seur, un pan­neau sculp­té en 1974 montre le Comi­té cen­tral du par­ti com­mu­niste rou­main au grand com­plet : Ceau­ses­cu Ier (son fils Nicu devait lui suc­cé­der) a droit à une grande case, juste au-des­sus de sa femme, la géniale Ele­na, entou­rée des autres membres, cha­cun dans son alvéole.

Musée de la pensée arrêtée

Nous arri­vons le len­de­main à Sighet (Szi­get), une petite ville au confluent de trois rivières : la Tis­za, la Roni­soa­ra et l’I­za. Le centre conserve quelques ves­tiges aus­tro-hon­grois et une seule syna­gogue en res­tau­ra­tion. Tout autour de ce noyau, le béton pré­dé­la­bré s’a­mon­celle sur fond de Car­pates ver­doyantes. Nos vélos déam­bulent dans ce qui reste du quar­tier juif où se niche une mai­son bleue et blanche, celle où naquit Élie Wie­sel en 1928. C’est là qu’il fut ini­tié à la Kabale par Moshé-le- Bedeau comme il le raconte dans les pre­mières pages de La nuit (1958). Mais Moshé eut bien­tôt d’autres choses à racon­ter, après avoir été dépor­té comme Juif étran­ger et avoir échap­pé aux Ein­satz­grup­pen à Kolo­maye, dans les forêts de Gali­cie de l’autre côté de la Tis­za. Per­sonne ne le crut et la com­mu­nau­té de Sighet, de natio­na­li­té hon­groise4, se ras­su­ra en espé­rant l’ar­ri­vée immi­nente de l’Ar­mée Rouge dont on enten­dait sif­fler les Katiou­chas dans la mon­tagne. Mais en 1944, l’ar­mée alle­mande péné­tra dans le ter­ri­toire et dépor­ta les Juifs hon­grois à Auschwitz.

La pri­son aus­tro-hon­groise, qui avait ser­vi de centre de tran­sit pour les Juifs de Sighet, devint un lieu de déten­tion mor­tel pour les anciens digni­taires rou­mains incar­cé­rés après la prise de pou­voir du par­ti com­mu­niste. Sa loca­li­sa­tion, à quelques kilo­mètres de l’U­kraine alors sovié­tique, en fai­sait un lieu idéa­le­ment « sécu­ri­sé ». Nous ran­geons nos vélos sous l’ar­cade du bâti­ment, deve­nu musée sous les aus­pices du Conseil de l’Eu­rope. Bap­ti­sé éga­le­ment Muzeu al Gân­di­rii Ares­tate (« Musée de la pen­sée arrê­tée »), le Mémo­rial des vic­times du com­mu­nisme et de la résis­tance, fon­dé en 1992 par l’é­cri­vain Romu­lus Rusan et la poé­tesse Anna Blan­dia­na, alors pré­si­dente de l’Al­liance civique, occupe l’an­cienne pri­son entiè­re­ment réno­vée. La ven­deuse de billets semble sor­tie d’un groupe de pleu­reuses. Vêtue de noir, le regard affli­gé, la voix atone, elle nous tend notre billet émis au nom de la fon­da­tion Aca­dé­mie civique. Au centre de la pri­son, ran­gées sur plu­sieurs étages qui donnent sur un haut cou­loir cen­tral, les cel­lules ras­sem­blant des docu­ments d’é­poque racontent l’his­toire d’un déte­nu, d’une période ou d’un aspect par­ti­cu­lier de la répres­sion com­mu­niste. Autour du céno­taphe sou­ter­rain creu­sé dans la cour exté­rieure, des éco­liers pia­notent sur leurs portables.

Baignoire à ciel ouvert

À l’Est s’é­tendent les plus belles val­lées du Mara­mures, celles de l’I­za, de la Mara, de la Cosâu et de la Viseu. Pas­sée la ban­lieue grise et un peu chao­tique de Sighet, nous péda­lons dans une Arca­die pas­to­rale que la cani­cule n’a pas encore jau­nie. Mai­sons de bois aux por­tails immenses, lopins fami­liaux, ver­gers cen­te­naires, pota­gers aux perches obliques cou­vertes de hari­cots, « arbres à pots » où sèchent cas­se­roles et bols de terre cuite, cochons voraces, vaches alan­guies sous un soleil de plomb. Tout autour, les flancs des mon­tages sont soi­gnés comme des parcs immenses. Au nord d’un col aérien entre les vil­lages de Cali­nes­ti et Bar­sa­na, on aper­çoit le mas­sif des Mon­tagnes Noires et leurs deux som­mets jumeaux, le Petros et le Gover­la, points culmi­nants de l’U­kraine qui étaient autre­fois situés dans le même comi­tat5 aus­tro-hon­grois du Maramaros.

Les petits bis­trots le long de la route sont des case­mates de béton pous­sié­reux où la bière se boit par litres entiers. Trois gars, l’œil un peu humide, nous accueillent à bras ouverts. On n’é­chap­pe­ra pas à la Timi­soa­rea­na et aux his­toires. L’un d’entre eux parle plu­sieurs langues : il a fait des chan­tiers dans le monde entier. Notam­ment à Mos­soul en 1985, du temps de Sad­dam Hus­sein. Plu­sieurs mil­lions de ruraux tra­vaillent à l’é­tran­ger (sur­tout en Ita­lie et en Espagne) et cer­taines mai­sons pha­rao­niques qui s’é­rigent dans les cam­pagnes concré­tisent les flux finan­ciers qu’ils génèrent. Comme le dit iro­ni­que­ment le cinéaste Angus Mac­queen, auteur d’un docu­men­taire sur la région du Mara­mures6, « Pen­dant que les Rou­mains rêvent d’ar­ri­ver dans le para­dis occi­den­tal, les Occi­den­taux à leur tour rêvent de vivre dans les vil­lages rou­mains, où ils pensent retrou­ver le para­dis per­du de leurs ancêtres. »

À Boti­za, un vil­lage idyl­lique posé dans son couf­fin de col­lines, jus­te­ment, nous évi­tons les « pen­siu­na » qui fleu­rissent dans la région et deman­dons à loger dans une antique mai­son de bois. Une grand-mère vigou­reuse au pro­fil de médaille nous reçoit pour la nuit. Elle accepte notre offre de cent lei avec un brin de per­plexi­té, se deman­dant sans doute com­ment conci­lier hos­pi­ta­li­té tra­di­tion­nelle et rela­tions mar­chandes. Mais une fois l’ac­cord conclu et nos vélos plan­qués au dos de la palis­sade, elle nous accueille avec une géné­ro­si­té sans faille. Une grande bai­gnoire d’é­tain est posée à même l’herbe d’un petit jar­din. Nous nous suc­cé­dons dans l’eau tiède, pour le plus grand bon­heur de trois enfants qui nous observent en riant, visage posé sur leurs paumes ouvertes. Des odeurs de cui­sine nous titillent les narines, une table cou­verte d’une nappe blanche se dresse à quelques mètres de la baignoire.

Mais ce bon­heur pas­to­ral n’est pas sans ombre. Alors que nous man­geons dans la fraî­cheur du soir, un homme à moi­tié ivre fran­chit la bar­rière et s’in­vite à notre table. C’est le fils de la mai­son qui a fini sa jour­née de bûche­ron. Il branche la sono et nous inonde de musique dis­co, avant de nous acca­bler d’his­toires que nous pei­nons à déco­der. Mal­gré les efforts de l’une des nôtres qui se débrouille bien en langue rou­maine, les pro­pos sont peu com­pré­hen­sibles : une plainte sans fin sur les condi­tions de vie au vil­lage, de longues his­toires accom­pa­gnées de regards brillants et de mou­li­nets. La bou­teille de Timi­soa­rea­na (le modèle d’un litre) est heu­reu­se­ment en plas­tique. La mère, embar­ras­sée, nous fera savoir que son grand dadais tren­te­naire n’est tou­jours pas marié. Elle risque de l’a­voir long­temps sur les bras.

La veille, nous avions tra­ver­sé un vil­lage ter­reux au bord de l’I­za. Il était situé à l’é­cart de ceux, plus tou­ris­tiques, qui béné­fi­cient d’une des églises en bois (fines et gra­cieuses comme des mantes reli­gieuses) ins­crites au patri­moine mon­dial de l’U­nes­co. À l’ar­rêt du bus, une jeune femme un peu hâve allai­tait son enfant qui devait bien avoir cinq ou six ans. Dans les ruelles pous­sié­reuses où suin­tait la misère, les mai­sons de guin­gois crou­pis­saient dans la cha­leur, des coui­ne­ments de cochon fran­chis­saient les grillages.

Dans ces rudes cam­pagnes, la joyeu­se­té du cime­tière ne doit pas faire illu­sion. Il est un bras d’hon­neur à l’a­dresse de la camarde qui aura tou­jours le der­nier mot. Le pay­san rou­main le sait bien. Et Patras aus­si. Dans un coin du Cimi­ti­rul Vesel, il a sculp­té une tête de mort aux longues oreilles, bran­dis­sant une serpe, qui le rap­pelle à qui­conque veut bien ouvrir les yeux.

« Je suis plus forte que toi,
Regarde-moi bien, chrétien
Car je suis la mort hideuse
Et, petit à petit, j’emmènerai tout » 
  1. Rou­main, hon­grois et ukrainien.
  2. « Vapo­ri­ser de la boue ». La boue en spray a été inven­tée par deux hommes d’af­faires londoniens.
  3. Situé dans quelques val­lées au nord de la Tran­syl­va­nie, le long de la fron­tière ukrai­nienne, le Mara­mures (« Mara­mou­rech ») est renom­mé pour sa vie pas­to­rale et ses tra­di­tions pay­sannes qui ont échap­pé vaille que vaille à la volon­té « sys­té­ma­ti­sante » du Génie des Car­pates, Nico­lae Ceausescu.
  4. Les ter­ri­toires (Tran­syl­va­nie, Banat, Mara­mures, Cri­sa­na) situés à l’Ouest des Car­pates, vues de Buca­rest, ont sou­vent chan­gé de main au XXe siècle : aus­tro-hon­grois jus­qu’au trai­té de Tri­anon (1920), rou­mains ensuite, puis en par­tie hon­grois pen­dant la Seconde Guerre mon­diale (1940 – 1944). Sighet était la capi­tale du Mara­ma­ros (le Mara­mures « his­to­rique ») qui incluait une par­tie de la Trans­car­pa­tie aujourd’­hui ukrai­nienne. Pour une pré­sen­ta­tion syn­thé­tique (et drôle) de l’his­toire et de la géo­gra­phie rou­maines, voir Lucian Boia (2007).
  5. Terme fran­çais (d’o­ri­gine rou­maine) pour dési­gner les divi­sions admi­nis­tra­tives de pays d’Eu­rope centrale.
  6. The Last Pea­sants, Octo­ber Films, 2003. Le film raconte l’his­toire de trois familles du vil­lage de Budes­ti, tiraillées par les réa­li­tés de la migra­tion. Les jeunes n’ont pas de vision roman­tique de leur exis­tence et lorgnent vers l’Ouest. Dans le vil­lage, chaque famille comp­tait un migrant illé­gal au moment du tournage.

Bernard De Backer


Auteur

sociologue et chercheur