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Sélection bibliographique, filmographique et sites internet

Numéro 12 Décembre 2007 par Aude Merlin

janvier 2008

Ouvrages géné­raux : his­toire et actua­li­té récente Caza­cu M., Au Cau­case, Russes et Tchét­chènes, récits d’une guerre sans fin, coll. « L’O­rient proche », Les voya­geurs, Georg, Genève, 1998. Cette chro­nique retrace avec force détails l’his­toire de la grande guerre du Cau­case, appor­tant un éclai­rage spé­ci­fique sur la rela­tion entre Russes et Tchét­chènes. De nom­breux épi­sodes de la […]

Ouvrages généraux : histoire et actualité récente

Caza­cu M., Au Cau­case, Russes et Tchét­chènes, récits d’une guerre sans fin, coll. « L’O­rient proche », Les voya­geurs, Georg, Genève, 1998.

Cette chro­nique retrace avec force détails l’his­toire de la grande guerre du Cau­case, appor­tant un éclai­rage spé­ci­fique sur la rela­tion entre Russes et Tchét­chènes. De nom­breux épi­sodes de la vie quo­ti­dienne, des des­crip­tions sur les tra­di­tions des peuples du Cau­case, rendent la lec­ture très aisée.

Dumas Alexandre, Cha­mil et la résis­tance tchét­chène contre les Russes, Nau­ti­lus, Paris, 2001.

Dumas, dont l’é­crit en 1840 Le maitre d’armes, dans lequel il pre­nait la défense des décem­bristes, en avait fait une per­so­na non gra­ta dans l’empire russe, peut se rendre en Rus­sie sous Alexandre II. À l’in­vi­ta­tion de ses amis, les Kou­le­chev, il entre­prend un voyage dans l’empire en 1858, durant lequel il accorde une atten­tion par­ti­cu­lière au Cau­case. C’est ain­si qu’il va deve­nir un témoin pri­vi­lé­gié des der­nières années de la grande guerre du Cau­case. On peut dou­bler la lec­ture de cet ouvrage de celle de Au Caucase.

Hoes­li Eric, À la conquête du Cau­case, édi­tions des Syrtes, 2006. 

L’his­toire de la conquête du Cau­case revi­si­tée, sur la base de témoi­gnages d’é­poque, de dépouille­ment de dizaines de docu­ments. Se lit comme une épopée.

Marie Jean-Jacques, Les peuples dépor­tés d’U­nion sovié­tique, Ques­tions au XXe siècle, éd. Com­plexe, 1995. 

Peuple par peuple, Jean-Jacques Marie revient sur les chiffres et les tra­jec­toires des dif­fé­rents peuples déportés.

Nekritch Alexandre, Les peuples punis, Mas­pe­ro, 1969. 

Dans ce docu­ment d’a­na­lyse, A. Nekritch docu­mente l’his­toire des dépor­ta­tions et, en amont, tente d’a­na­ly­ser ce qui a pré­si­dé à ces dépla­ce­ments mas­sifs de popu­la­tion. Il apporte des élé­ments inté­res­sants de faits sur la stra­té­gie mise en place par le IIIe Reich pour s’af­fi­lier des col­la­bo­ra­teurs des dif­fé­rents peuples punis, tout en met­tant en évi­dence le carac­tère abso­lu­ment limi­té de cette stra­té­gie dans les faits.

On peut com­plé­ter la docu­men­ta­tion sur l’his­toire des dépor­ta­tions des peuples nord­cau­ca­siens avec des articles parus dans des revues spé­cia­li­sées, en par­ti­cu­lier les articles de J. Otto Pohl, B. Brauer, et avec des tra­vaux parus en russe sous la plume de S. Alie­va, I. Chamanov.

Comi­té Tchét­ché­nie, Tchét­ché­nie, Dix clés pour com­prendre, Paris, La Décou­verte, 2005 (3e édition).

Dans cet ouvrage col­lec­tif écrit sur le vif au début de la deuxième guerre et réac­tua­li­sé deux fois, les auteurs tentent de répondre à dix ques­tions que se pose le grand public pour décryp­ter l’his­toire des rela­tions rus­so-tchét­chènes, pour com­prendre les res­sorts des
deux guerres de Tchét­ché­nie post-sovié­tique et ana­ly­ser leurs consé­quences sur les sociétés.
De la place des isla­mistes dans la reprise de la guerre à la ques­tion de la res­pon­sa­bi­li­té face aux exac­tions, en pas­sant par le rôle pos­sible de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale ou l’a­na­lyse des évo­lu­tions des deux socié­tés russe et tchét­chène, cet ouvrage représente
un outil d’« entrée en matière » très utile, qui se lit aisé­ment et rapidement.

Le Hué­rou Anne, Mer­lin Aude, Rega­mey Aman­dine, Ser­ra­no Sil­via, Tchét­ché­nie : une affaire inté­rieure ? Russes et Tchét­chènes dans l’é­tau de la guerre, Paris, Autrement/CERI, 2005.

Écrit par quatre des coau­teurs du livre pré­cé­dem­ment évo­qué, celui-ci se donne pour
objec­tif d’a­na­ly­ser quatre ques­tions prin­ci­pales. Qu’est ce qui lie his­to­ri­que­ment Russes
et Tchét­chènes, et com­ment l’hé­ri­tage com­mun incar­né par la sovié­ti­sa­tion joue-t-il
aujourd’­hui sur les pro­jets poli­tiques et sur la défi­ni­tion iden­ti­taire des Tchétchènes ?
Quelles sont les consé­quences des deux guerres récentes sur la socié­té tchétchène ?
Com­ment la Tchét­ché­nie et les rhé­to­riques « gref­fées » sur le conflit sont-elles utilisées
dans un « Grand Jeu » entre puis­sances ? Enfin, com­ment la guerre de Tchét­ché­nie se traduit-
elle dans les évo­lu­tions (pou­voir, socié­té) plus glo­bales de la Russie ?

Tish­kov Vale­ry, Chech­nya : Life in a war-torn Socie­ty, Uni­ver­si­ty of Cali­for­nia Press, Los Angeles, 2004.

Une ana­lyse par un his­to­rien russe des consé­quences de la pre­mière guerre de Tchét­ché­nie sur la socié­té tchét­chène, nour­rie d’é­tudes anthro­po­lo­giques sur le rôle des tra­di­tions, du sys­tème cla­nique, du fac­teur religieux.

Dun­lop John B., Rus­sia Confronts Chech­nya. Roots of a Sepa­ra­tist Conflict, Hoo­ver Ins­ti­tu­tion on War, Revo­lu­tion and Peace, Stan­ford Uni­ver­si­ty, 1998.

Remise en pers­pec­tive très utile sur les racines du conflit russo-tchétchène.

Evan­ge­lis­ta Mat­thew, The Che­chen Wars. Will Rus­sia go the way of the Soviet Union ?, Washing­ton D.C., Broo­kings ins­ti­tu­tions press, 2003.

Un des inté­rêts de ce livre est la remise en pers­pec­tive de la ques­tion tchét­chène dans le
cadre de la ques­tion plus géné­rale du fédé­ra­lisme russe, et la façon dont il pose la question
du vivre ensemble mul­tieth­nique en Russie.

Gam­mer Moshe, The Lone Wolf and the Bear : A His­to­ry of Chech­nya from Peter the Great to Bes­lan, Hurst, 2006.

Grand spé­cia­liste du Nord-Cau­case, l’his­to­rien Moshe Gam­mer pro­pose une fresque des rela­tions rus­so-tchét­chènes à tra­vers la colo­ni­sa­tion tsa­riste, la période sovié­tique, et la période post-sovié­tique. La remise en pers­pec­tive his­to­rique donne une grande force à l’ouvrage.

Sak­wa Richard (ed.), Chech­nya : From The Past To The Future, Anthem Press, 2005.

Livre col­lec­tif conte­nant plu­sieurs cha­pitres par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sants, par­mi les­quels un cha­pitre d’A­lexandre Tcher­kas­sov, Tom de Waal, Pavel Baev, Emil Pain.

Témoignages et livres de journalistes

Asti­gar­ra­ga Isa­belle, Tchét­ché­nie, un peuple sacri­fié, L’Har­mat­tan, Paris, 2000.

À tra­vers un tra­vail de ter­rain très minu­tieux alors qu’elle tra­vaillait comme cor­res­pon­dante pour l’AFP en Rus­sie, Isa­belle Asti­gar­ra­ga res­ti­tue la com­plexi­té de la socié­té tchét­chène, de son his­toire, de sa per­cep­tion de la pre­mière guerre, de ses espoirs aus­si. L’en­trée par la vie quo­ti­dienne des gens et les rela­tions fortes qu’elle a tis­sées avec de nom­breux habi­tants de Tchét­ché­nie a per­mis à des cen­taines de lec­teurs de se fami­lia­ri­ser avec cette région du monde.

Babits­ki Andreï, Un témoin indé­si­rable, Robert Laf­font, Paris, 2002.

Le récit, de l’in­té­rieur, d’un jour­na­liste russe par­ti­cu­liè­re­ment « indé­si­rable », qui décrypte
les modes d’ac­tion des pre­neurs d’o­tages et de leurs connexions avec les différents
services.

Baev Khas­san, avec Ruth et Nicho­las Dani­loff, Le ser­ment tchét­chène, un chi­rur­gien dans la guerre, J.-Cl. Lat­tès, tra­duit de l’an­glais (États-Unis) par Luc Baran­ger, 2003, édi­tion fran­çaise 2005.

Un des inté­rêts de ce livre est toute la recons­ti­tu­tion bio­gra­phique d’un iti­né­raire tchét­chène durant la période sovié­tique, à tra­vers la des­crip­tion des études de l’au­teur, avec toute une ana­lyse sur la façon dont s’emboite le patrio­tisme tchét­chène dans son patrio­tisme soviétique.

Fleu­tiaux Brice, Otage en Tchét­ché­nie, Robert Laf­font, Paris, 2001.

Où l’on voit de l’in­té­rieur le méca­nisme d’une prise d’o­tages et l’é­preuve psychologique
qu’elle représente.

Iachour­kaev Soul­tan, Sur­vivre en Tchét­ché­nie, Gal­li­mard, 2006, coll. « Témoins ».

Récit non sans humour d’un écri­vain tchét­chène rési­dant en Bel­gique. Très cir­cons­pect lors de la décla­ra­tion d’in­dé­pen­dance de la Tchét­ché­nie et très lucide sur le carac­tère ato­mi­sé — et ato­mi­sable — de la socié­té poli­tique tchét­chène, Soul­tan Iachour­kaev nous livre ses obser­va­tions et impres­sions face à la « marche vers l’in­dé­pen­dance ». Appor­tant une foule d’in­for­ma­tions, il ponc­tue son récit de médi­ta­tions sur le désastre qu’il voit arri­ver, et se réfu­gie régu­liè­re­ment dans une culture très éten­due de l’his­toire des hommes, pour ten­ter de faire face au déluge de vio­lence qui s’a­bat sur son peuple, sa mai­son étant le lieu d’ob­ser­va­tion et d’é­cri­ture de ce témoi­gnage au jour le jour. 

Mila­na Ter­loe­va, Dan­ser sur les ruines, une jeu­nesse tchét­chène, Hachette, 2006.

Récit écrit par une jeune Tchét­chène sur son enfance et son ado­les­cence. Un des inté­rêts de ce témoi­gnage est pré­ci­sé­ment la per­cep­tion par une enfant puis ado­les­cente des bou­le­ver­se­ments de son pays.

Polit­kovs­kaia Anna, Tchét­ché­nie, le déshon­neur russe, Buchet-Chas­tel, Paris, 2003.

Une des « pho­to­gra­phies » et un des exemples du tra­vail de la jour­na­liste russe en Tchét­ché­nie (assas­si­née depuis) au plus fort de la guerre.

Littérature, contes, travaux sur la Tchétchénie et le Caucase

Akh­ma­dov Mous­sa, Les Loups, L’Es­pace d’un Ins­tant, Paris, 2002.

Pre­mière pièce tra­duite du tchét­chène en fran­çais. Une façon ori­gi­nale d’en­trer dans l’histoire
de la dépor­ta­tion et de l’a­près-dépor­ta­tion de 1944.

Arsa­nou­kaev Rous­lan, archéo­logue, Le grand cata­logue des pétro­glyphes tchét­chènes (300
rele­vés inédits de pétro­glyphes)
, édi­tion tri­lingue, Paris, Mar­cho Doryi­la, 2005.

Comi­té Tchét­ché­nie (dir.), Des nou­velles de Tchét­ché­nie, éd. Paris-Médi­ter­ra­née, 2005.

Un recueil de nou­velles qui per­met de décou­vrir un pan de la lit­té­ra­ture tchét­chène, et
de lire aus­si deux écri­vains russes « pas­sés » par la Tchét­ché­nie, Arka­di Babt­chen­ko et
Vla­di­mir Kiveretski.

Fri­son Phi­lippe, Out­tier Ber­nard, Contes tchét­chènes, Fayard, Paris, 2002.

Gre­neau Jean-Jacques, Les char­dons rouges (théâtre), Mons, éd. du Ceri­sier, 2005.

Gue­las­si­mov Andreï, La soif, tra­duit du russe par Joëlle Dublan­chet, Actes Sud, Paris, 2004.

Récit de Kos­tia, ancien sol­dat russe ren­tré de Tchét­ché­nie, dont le visage a été gravement
brû­lé lors d’une embus­cade en Tchét­ché­nie. Récit de sa « soif », soif de com­prendre, soif
de dire, soif de boire aussi.

Maka­nine Vla­di­mir, Le pri­son­nier du Cau­case, Paris, Gal­li­mard, 2005.

Une réécri­ture de la nou­velle de Pou­ch­kine, à tra­vers la rela­tion entre un commandant
russe et son prisonnier.

Tol­stoï Leon, Had­ji-Mou­rat, tra­duit du russe par Paul Kolod­kine, Paris, La Faran­dole, 1961 (rééd. Gal­li­mard, Folio Clas­sique, 2004).

Un clas­sique incon­tour­nable, sur la figure de Khad­ji-Mou­rat, com­bat­tant de Cha­mil passé
côté russe pen­dant la grande guerre du Caucase.

Livres de photos

Arnaud Mary­vonne, Med­deb Abdel­wa­hab, Tchét­ché­nie sur­ex­po­sée, Le bec en l’air, Gre­noble, 2005.

Où l’on plonge dans l’in­ti­mi­té des gens, mais tout en pudeur.

Stan­ley Greene, Plaie à vif, Tchét­ché­nie, 1994 à 2003, Trol­ley, 2003.

Le tra­vail poi­gnant d’un pho­to­graphe exceptionnel.

Bandes dessinées

Rash Tama­da, Chro­niques du proche étran­ger en Tchét­ché­nie, pré­face d’Anne Nivat, Ver­tige Gra­phic, 2007.

Une autre façon d’a­bor­der la Tchét­ché­nie, dans un récit rocam­bo­lesque et émouvant.

Films de fiction

Andreï Kont­cha­lovs­ky, La mai­son des fous, 109 min, 2003 (fran­co-russe).

Chaos inté­rieur, chaos exté­rieur : ou com­ment la guerre et sa folie s’en­tre­choquent avec la
bri­sure de « molé­cules men­tales » de l’hu­main, déjà for­te­ment éprouvées.

Ser­guei Mami­lov, Un nuage d’or pas­sait dans la nuit (d’a­près le roman de A. Pris­tav­kine), 97 min, 1989 (URSS).

Fic­tion sur l’a­près-dépor­ta­tion, qui res­ti­tue l’at­mo­sphère de la Tchét­ché­nie vidée de ses habitants.

Ser­guei Bodrov, Le pri­son­nier du Cau­case, 95 min, 2002.

Réécri­ture fil­mique de la nou­velle de Pou­ch­kine, où le motif de l’« autre » et du Caucase
comme incar­na­tion para­doxale de la liber­té et de l’en­fer­me­ment revient dans un récit
ins­pi­ré de la pre­mière guerre de Tchétchénie.

Documentaires

Sau­loy Mylène, Groz­ny, le 51, 26 min, 2001.

Le quo­ti­dien des habi­tants de Groz­ny entre 2000 et 2001, sai­son par sai­son. Émou­vant, drôle par­fois, une pein­ture très « réus­sie », si l’on peut dire, de la socié­té de Groz­ny et de sa sur­vie au plus fort de la guerre.

Sau­loy Mylène, Danse avec les ruines, France 2, 52 min, 2002.

L’é­po­pée des enfants dan­seurs de Groz­ny, diri­gée par le cho­ré­graphe Ram­zan Akh­ma­dov. Sau­loy Mylène, Mas­sacre en Tchét­ché­nie, la vidéo qui accuse, Canal +, 26min, 2004. Sur le mas­sacre de Kom­so­mols­koe en mars 2000, la liqui­da­tion de com­bat­tants offi­ciel­le­ment amnistiés.

Mar­cie Florent, Itch­ke­ri Ken­ti (en tchét­chène : Les fils d’It­ch­ké­rie).

Un maté­riau excep­tion­nel fil­mé pen­dant la pre­mière guerre, sur la mobi­li­sa­tion de la socié­té tchét­chène contre cette guerre.

Loi­zeau Manon, Groz­ny, chro­nique d’une dis­pa­ri­tion, Capa, 45 min, 2003 ; Naitre à Groz­ny, Capa, 25 min, 2003.

Ces deux docu­men­taires montrent bien, avec, le recul, par quoi les habi­tants de Tchét­ché­nie sont « passés ».

Kir­tadze Nino, Il était une fois la Tchét­ché­nie, Arte Mediane PR Films, 57 min, 2001.

Cinq témoi­gnages plus poi­gnants et inté­res­sants les uns que les autres sur l’i­ti­né­raire de jour­na­listes ayant « cou­vert » la Tchét­ché­nie. Où l’on assiste à une remise en ques­tion par les jour­na­listes eux-mêmes du sens de leur travail.

Pra­do Vincent, Tchét­ché­nie : le clan des Kady­rov, repor­tage, 2006.

Gogue­lin Romain, Pokrovs­ki Alexeï, Kady­rov, l’homme de Pou­tine, 18 mai 2007, France 24

Deux docu­ments récents qui montrent de façon ful­gu­rante les chan­ge­ments récents opé­rés en Tchét­ché­nie et la “kady­ro­vi­sa­tion”.

Sites Internet

Aude Merlin


Auteur

Aude Merlin est docteur en sciences politiques, chargée de cours à l'[Université libre de Bruxelles-> http://www.ulb.ac.be].