La radicalisation de l’opiion publique israélienne que l’on observe
aujourd’hui ne date pas des attentats-suicides des 1er et 2 décembre,
elle s’inscrit dans un processus plus long et s’explique par des
évolutions d’ordre structurel. Les revendications des Juifs orientaux
et russes, discriminés dans la société et tenus à l’écart par l’establishment
ashkénaze, ont été portées par des partis politiques
populistes. Cette évolution politique s’est traduite par une meilleure
représentation, entre autres, dans les cadres de l’armée, modifiant
ainsi le rapport à la violence et aux Arabes ; l’armée est désormais davantage celle du « Pays d’Israël » (Eretz-Israël) que celle de
l’Etat d’Israël (Medinat Israël). La radicalisation est également à
l’œuvre dans le champ du droit : les droits de l’homme sont une
référence rarement invoquée, et les nominations des magistrats de
la Cour suprême sont en passe d’être politisées. L’hypothèse pessimiste
qui voit comme issue possible au conflit israélo-palestinien
une cohabitation avec les Palestiniens sur une base ethno-confessionnelle à
la libanaise pourrait bien se voir réalisée.