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Que serait une société sans les sciences humaines et sociales ?

ABO Numéro 02 – 2022 sciencesciences sociales - par Luc Van Campenhoudt -

Lorsqu’on s’interroge sur les sciences humaines et sociales (leur utilité, leur intérêt, leur scientificité, leur impartialité…), on fait généralement le procès de chaque discipline (la criminologie, la philosophie, la psychologie, l’histoire, l’économie, la sociologie…) en elle-même, pour elle-même, souvent à partir de points de vue lourds d’idées préconçues et peu désintéressés. Or, il convient de se poser préalablement une autre question : celle du lien entre les sciences humaines et sociales dans leur ensemble, et la société. Plusieurs manières de l’explorer sont possibles. Nous la prenons ici à contrepied, pour mieux en faire apparaitre l’enjeu : Que serait une société sans les sciences humaines et sociales ?

«  L’œil de l’esprit ne peut trouver nulle part plus d’éblouissements ni plus de ténèbres que dans l’homme ; il ne peut se fixer sur aucune chose qui ne soit plus redoutable, plus compliquée, plus mystérieuse et plus infinie. Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme.  » Victor Hugo, Les Misérables Des sciences « invisibles » [1] Telles que nous les connaissons chez nous, les sciences humaines et sociales (SHS) font partie intégrante d’une société formellement libérale et...
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Luc Van Campenhoudt


Auteur

Docteur en sociologie. Professeur émérite de l’Université Saint-Louis – Bruxelles et de l’Université catholique de Louvain. Principaux enseignements : sociologie générale, sociologie politique et méthodologie.
Directeur du Centre d’études sociologiques de l’Université Saint-Louis durant une quinzaine d’années, jusqu’en 2006, il a dirigé ou codirigé une quarantaine de recherches, notamment sur l’enseignement, les effets des politiques sécuritaires, les comportements face au risque de contamination par le VIH et les transformations des frontières de la Justice pénale. Ces travaux ont fait l’objet de plusieurs dizaines d’articles publiés dans des revues scientifiques, de nombreux ouvrages, et de plusieurs invitations et chaires dans des universités belges et étrangères.
À travers ces travaux, il s’est intéressé plus particulièrement ces dernières années aux problématiques des relations entre champs (par exemple la justice et la médecine), du pouvoir dans un système d’action dit « en réseau » et du malentendu. Dans le cadre de ces recherches il a notamment développé la « méthode d’analyse en groupe » (MAG) exposée dans son ouvrage La méthode d’analyse en groupe. Applications aux phénomènes sociaux, coécrit avec J.-M. Chaumont J. et A. Franssen (Paris, Dunod, 2005).
Le plus connu de ses ouvrages, traduit en plusieurs langues, est le Manuel de recherche en sciences sociales, avec Jacques Marquet et Raymond Quivy (Paris, Dunod, 2017, 5e édition).
De 2007 à 2013, il a été directeur de La Revue Nouvelle.