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Mes voisins sont fous
À droite, Etéocle, un grand maniaque. Avec l’épidémie de la Covid-19, je le vois passer ses journées à s’asperger de gel hydroalcoolique. Il porte un masque, même seul chez lui. Parfois, il en superpose plusieurs couches et désinfecte tous les produits qui viennent de l’extérieur. Ce moment pandémique m’aura permis de découvrir la démesure de son […]
À droite, Etéocle, un grand maniaque. Avec l’épidémie de la Covid-19, je le vois passer ses journées à s’asperger de gel hydroalcoolique. Il porte un masque, même seul chez lui. Parfois, il en superpose plusieurs couches et désinfecte tous les produits qui viennent de l’extérieur. Ce moment pandémique m’aura permis de découvrir la démesure de son surmoi.
Depuis le jardin, il hurle sur les déviants non masqués, les « éternueurs », « tousseurs » et autres « soupireurs » publics. Il abhorre les drogués à l’air frais, les joggeurs et les cyclistes supertransmetteurs (« qui pourraient au moins fermer la bouche quand ils font du sport ! ») ainsi que toute forme de sociabilité groupale.
Dès septembre, il s’inscrira, me dit-il, à l’école de police, puis deviendra juge. Un véritable justicier !
À gauche, mon voisin Polynice qui, alors que je ne l’ai jamais vu porter un masque, m’explique qu’il n’est pas comme moi, « comme vous autres, les moutons de 1984, qui croyez ce que les médias et le gouvernement vous imposent de penser et vous intiment d’obéir. Regarde ce graphique d’ailleurs, il dit le contraire de l’autre, c’est le grand reset et la 5G, la dictature biopolitique. »
Bref depuis qu’il lutte contre la « tyrannie de la pensée » et des comportements dictés par ce régime autoritaire « biocide » ou « thanatophobe », c’est selon, qui nous « dévitalise », il n’accorde même plus de crédit à la loi de l’attraction newtonienne. Mais, lui, il cherche ! Se faire vacciner ? « Du fascisme », me postillonne-t-il au visage. Un vrai rebelle, ce Polynice.
Ce qui me perturbe davantage, c’est qu’en fin de journée, les deux pauvres hères s’installent à notre table et mangent comme des ogres. Ils dorment entre Lola et moi et prennent énormément de place. Ce matin, j’étais furieux quand, en me brossant les dents, je les ai vu apparaitre dans le miroir.