Dans un chapitre consacré à la peinture et sous-titré « à propos de Berthe Morisot », Paul Valéry distingue le peintre des autres êtres humains : si tous voient des couleurs, dit-il, tous, sauf le peintre, les transforment en signes. Le peintre lui ne transforme pas, il voit « les taches de l’instant pur », « la couleur lui parle couleur, il répond à la couleur par la couleur ». Curieusement, le nom de la peintre n’est jamais mentionné dans ce texte où Valéry expose ce qui est pour lui l’essence même de la peinture, c’est-à-dire la perception visuelle de ce monde sensible qu’il privilégie au monde de l’esprit. Morisot, c’est la peinture, semble dire Valéry.