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Les deux fronts de la lutte contre l’extrême droite

Numéro 7 – 2019 - Belgique élections extrême droite par Azzedine Hajji

octobre 2019

Avec près de 18% des suf­frages au sein de l’électorat fla­mand (11,95% au niveau fédé­ral), le score du Vlaams Belang (VB) aux élec­tions du 26 mai der­nier a effec­tué un bond impor­tant, le pla­çant ain­si comme deuxième par­ti fla­mand (der­rière la N‑VA) et troi­sième au niveau fédé­ral (der­rière le PS). Ces résul­tats, plus qu’inquiétants, ne sont […]

Éditorial

Avec près de 18% des suf­frages au sein de l’électorat fla­mand (11,95% au niveau fédé­ral), le score du Vlaams Belang (VB) aux élec­tions du 26 mai der­nier a effec­tué un bond impor­tant, le pla­çant ain­si comme deuxième par­ti fla­mand (der­rière la N‑VA) et troi­sième au niveau fédé­ral (der­rière le PS). Ces résul­tats, plus qu’inquiétants, ne sont pour­tant pas les plus éle­vés que la for­ma­tion d’extrême droite ait engran­gés au cours de son his­toire. Au niveau fédé­ral, une pro­por­tion rela­ti­ve­ment proche (2003 : 11,59%) et même légè­re­ment supé­rieure (2007 : 11,99%) de la popu­la­tion lui avait accor­dé ses suf­frages par le pas­sé. Et c’est aux élec­tions régio­nales de 2004 qu’il a enre­gis­tré son meilleur résul­tat his­to­rique (plus de 24%), lar­ge­ment au-des­sus de celui du 26 mai der­nier (18,5%), talon­nant le car­tel CD&V/N‑VA (26%) alors arri­vé premier.

Si les résul­tats du Vlaams Belang/Blok ont sou­vent fait l’objet d’une atten­tion par­ti­cu­lière, l’émoi sus­ci­té à l’occasion des der­nières élec­tions ne peut s’expliquer uni­que­ment par ses seules per­for­mances indi­vi­duelles. Il sem­ble­rait que la conju­gai­son de ce résul­tat et de l’arrivée en pre­mière place de la N‑VA repré­sente les élé­ments d’une confi­gu­ra­tion inédite au sein du monde poli­tique belge. La polé­mique sus­ci­tée autour de la légi­ti­mi­té de l’invitation du VB par le roi Phi­lippe — inédite depuis celle en 1936 de Léon Degrelle, lea­deur du mou­ve­ment fas­ciste Rex, par le roi Léo­pold III1 — est un indice révé­la­teur. En effet, si le VB n’avait pas été invi­té par le sou­ve­rain lors des scru­tins pré­cé­dents mal­gré des résul­tats com­pa­rables, à pré­sent ce sont deux for­ma­tions natio­na­listes qui sont arri­vées en tête en ras­sem­blant ensemble plus de 45% de l’électorat du nord du pays. Or la N‑VA n’adopte pas de cor­don sani­taire à l’encontre du VB qu’elle a consi­dé­ré très sérieu­se­ment comme un par­te­naire poten­tiel au moment de la for­ma­tion du gou­ver­ne­ment fla­mand, et avec qui elle a mul­ti­plié les ententes à la Chambre sur une série d’enjeux2. Pour autant, en invi­tant Tom Van Grie­ken, le pré­sident du VB, le roi Phi­lippe n’a‑t-il fait que consta­ter, en toute neu­tra­li­té, cette nou­velle confi­gu­ra­tion poli­tique ? On peut en dou­ter car, comme l’indique Chris­tian Beh­rendt, il était impos­sible dans une telle situa­tion d’adopter une posi­tion neutre : soit le VB était convié, soit il ne l’était pas, et dans les deux cas cela aurait envoyé un mes­sage poli­tique et sus­ci­té des réac­tions3.

Mais quel est ce mes­sage royal au juste ? Pour de nombreux·ses commentateur·rice·s, la déci­sion prise par le roi de rece­voir le VB témoigne de la prise en compte du signal envoyé par plus de 800.000 électeur·rice·s qui ont voté en faveur de ce par­ti. Mais de quel signal parle-t-on ? S’il est très dif­fi­cile d’agglomérer les motifs sous-jacents au vote tant ils peuvent être divers et contra­dic­toires, les mes­sages por­tés par le VB sont en revanche plus expli­cites. De quel signal fau­drait-il donc tenir compte ? L’instauration de dis­cri­mi­na­tions entre les citoyen·ne·s en fonc­tion de leur ori­gine natio­nale ou de leur convic­tion reli­gieuse ? L’enfermement des demandeur·se·s d’asile ? L’interdiction du droit à l’IVG ? Etc. Peut-on rai­son­na­ble­ment se conten­ter de « prendre acte » de posi­tion­ne­ments qui consti­tuent un coup de canif en bonne et due forme à l’encontre de droits humains élé­men­taires ? On pour­rait rétor­quer que la posi­tion du roi était très déli­cate, qu’un refus de rece­voir le VB aurait été inter­pré­té comme un affront adres­sé à toute la Flandre et aurait entrai­né une crise poli­tique majeure. On peut néan­moins déplo­rer, sur le plan des prin­cipes, qu’une telle atti­tude implique le renon­ce­ment à se battre pour des valeurs qui sont cen­sées fon­der le carac­tère démo­cra­tique de notre socié­té. Mais y com­pris d’un point de vue prag­ma­tique, il aurait été pos­sible d’agir autre­ment. L’invitation du pré­sident du VB aurait pu être accom­pa­gnée d’une com­mu­ni­ca­tion, quelle qu’en soit la forme, qui aurait rap­pe­lé que l’égalité entre tou·te·s les citoyen·ne·s est une valeur intan­gible et inalié­nable de nos socié­tés démo­cra­tiques, indé­pen­dam­ment de leurs conjonc­tures élec­to­rales. Et quand bien même aurait-on vou­lu évi­ter que le roi n’ait à se jus­ti­fier (n’aurait-il donc de compte à rendre à per­sonne?), une telle décla­ra­tion aurait très bien pu se tenir en dehors des consul­ta­tions royales, dans le cadre du dis­cours de la fête natio­nale, par exemple. Il n’en a rien été. Crai­gnant la vic­ti­mi­sa­tion4 de l’extrême droite pour évi­ter, dit-on, de la ren­for­cer, on a contri­bué encore un peu plus à la bana­li­sa­tion des idées qu’elle défend.

La lutte active contre l’extrême droite ne la renforce pas, la passivité oui

Il faut tout de même recon­naitre que cette ques­tion est un des grands dilemmes qui tra­versent la lutte contre l’extrême droite. La lutte active qu’on lui oppose ne serait-elle pas de nature à sus­ci­ter encore plus de sym­pa­thie à son égard auprès de per­sonnes qui la pensent vic­time du sys­tème ? Il convient néan­moins de rap­pe­ler qu’il ne s’agit en aucun cas d’attenter à la digni­té des représentant·e·s de l’extrême droite ni de les pri­ver de leurs droits fon­da­men­taux. Par­ler de « vic­ti­mi­sa­tion » est exces­sif. On ne lutte pas en faveur d’une socié­té plus démo­cra­tique avec des moyens non démo­cra­tiques. En revanche, il s’agit bien de limi­ter le péri­mètre de dif­fu­sion des opi­nions d’extrême droite. Cette res­tric­tion peut sem­bler inac­cep­table au regard du droit à la liber­té d’expression, mais elle repose sur une condi­tion sine qua non préa­lable à toute expres­sion poli­tique dans l’espace public puisqu’elle s’adresse par défi­ni­tion à l’ensemble du corps poli­tique — à tou·te·s les citoyen·ne·s donc5 —, elle pré­sup­pose de consi­dé­rer tou·te·s ceux et celles qui le com­posent en tant qu’égaux·ales. Quand cer­tains par­tis font repo­ser l’essentiel de leur mes­sage poli­tique sur le refus de consi­dé­rer d’égal·e à égal·e tous les membres du corps poli­tique, notam­ment en leur déniant cer­tains droits fon­da­men­taux, il peut être légi­time de refu­ser en retour et par réac­tion de par­ti­ci­per à un dia­logue public cen­sé s’adresser à tou·te·s sans qu’un mini­mum de res­pect mutuel ne soit ren­con­tré. Le prin­cipe d’égalité et de non-dis­cri­mi­na­tion est un des piliers sur les­quels repose le carac­tère véri­ta­ble­ment démo­cra­tique de notre socié­té. Il mérite à ce titre un puis­sant enga­ge­ment à le pro­mou­voir. Or, la pas­si­vi­té à l’encontre de l’extrême droite, en tablant sur l’espoir un peu fou que le souf­flé retombe de lui-même, rela­ti­vise par rico­chet l’importance du prin­cipe d’égalité. Une telle dyna­mique est pour­tant le véri­table res­sort d’un vote durable en faveur de l’extrême droite car il ren­force la convic­tion de celles et ceux qui n’y sous­crivent pas et emporte celle des indécis.

Or les élé­ments qui confirment la vision inéga­li­taire de la socié­té défen­due par le VB ne manquent pas. Dans son pro­gramme, le par­ti sou­haite, entre autres, que les employeur·se·s et les pro­prié­taires aient la liber­té de dis­cri­mi­ner sans être poursuivi·e·s les candidat·e·s qui se pré­sentent pour un emploi ou un loge­ment (p. 14); il sou­haite éga­le­ment que les condi­tions d’accès au regrou­pe­ment fami­lial soient dur­cies pour les béné­fi­ciaires de l’asile poli­tique (p. 27); il prône le retrait (uni­que­ment pour cette reli­gion) de la recon­nais­sance offi­cielle de l’islam par l’État belge (p. 33); le par­ti a dépo­sé à plu­sieurs reprises une pro­po­si­tion de loi en faveur de l’interdiction géné­ra­li­sée de l’interruption volon­taire de gros­sesse6 ; etc. Les agis­se­ments de membres émi­nents de ce par­ti ne sont pas en reste, comme la tête de liste fédé­rale dans le Bra­bant fla­mand Dries Van Lan­gen­hove dont un repor­tage à la VRT a dévoi­lé les pra­tiques néo­fas­cistes au sein du groupe Schield & Vrien­den qu’il dirige ; ou encore comme Filip Dewin­ter, l’emblématique ancien pré­sident, qui n’a pas hési­té à col­ler des affiches en arabe sur la devan­ture d’un bar à Anvers avant d’attirer les camé­ras de télé­vi­sion et de dénon­cer ain­si « l’islamisation » de la socié­té7.

Et pour­tant, le cor­don sani­taire n’a jamais été autant fra­gi­li­sé qu’en ce moment. Selon un son­dage réa­li­sé pour des médias fla­mands, 65% de la popu­la­tion fla­mande pense que le cor­don sani­taire à l’égard du VB doit pou­voir être rom­pu8. Par ailleurs, les accoin­tances entre la N‑VA et le VB sont de plus en plus expli­cites et visibles. La réac­tion, fil­mée par la télé­vi­sion fla­mande, de Theo Fran­cken lors de l’annonce de cer­tains résul­tats élec­to­raux ne trompe pas : à un Bart De Wever pré­oc­cu­pé par le repli de son par­ti et la per­cée du VB, il lui rétorque un enthou­siaste « Samen een meer­de­rheid ! » (« Ensemble une majo­ri­té ! »)9. Du reste, la longue période de négo­cia­tions entre les deux par­tis pour ten­ter de for­mer une majo­ri­té à la Région fla­mande montre que le cor­don sani­taire ne tient plus qu’à un fil. De l’aveu même de Bart De Wever, c’est uni­que­ment le refus des autres par­tis de s’associer à l’extrême droite qui l’a for­cé à aban­don­ner une alliance à qui il ne man­quait que quelques sièges pour obte­nir une majo­ri­té. Rien d’étonnant à cela dans la mesure où nombre de décla­ra­tions et de mesures prises par des res­pon­sables N‑VA reflètent le par­tage de plu­sieurs idées com­munes en matière d’immigration, « d’intégration », etc.10 Et bien que le VB ait été fina­le­ment exclu d’une majo­ri­té en Flandre, le conte­nu de la note de départ rédi­gée par la N‑VA afin de com­men­cer les négo­cia­tions en vue de la for­ma­tion du gou­ver­ne­ment fla­mand révèle de forts accents iden­ti­taires et natio­na­listes que n’aurait pas renié le par­te­naire déchu : c’est qu’il s’agit d’envoyer un signal (encore un) à l’électorat du VB…

Cordon sanitaire à la porosité sélective

Le dévoie­ment qui semble à pre­mière vue se res­treindre à la seule N‑VA pour­rait très bien s’appliquer en réa­li­té à un spectre poli­tique plus large. Car la note de départ en ques­tion a bien été approu­vée par l’Open-VLD et le CD&V comme base de négo­cia­tions ; un peu comme si ces deux par­tis (mais gageons qu’ils n’auraient pas été les seuls à réagir ain­si si une alliance alter­na­tive s’était pré­sen­tée) crai­gnaient davan­tage le VB (et acces­soi­re­ment la N‑VA) pour la menace d’accaparement de leur élec­to­rat, plu­tôt que pour ses idées nau­séa­bondes qu’ils sont visi­ble­ment prêts à endos­ser, avec toutes les nuances qu’ils ne man­que­ront pas « d’exiger » évi­dem­ment11. Cette concep­tion très sélec­tive du cor­don sani­taire, qui filtre les repré­sen­tants de l’extrême droite, mais bien peu les idées qu’ils expriment, ne date pas d’hier. Comme le rap­pe­lait l’ancien pré­sident de la Ligue des droits humains en 2015 dans nos colonnes, « une par­tie de ce sinistre pro­gramme [le pro­gramme en sep­tante points du VB éla­bo­ré dans les années 1990], qui fai­sait hur­ler n’importe quel démo­crate à l’époque, a été accom­pli, au fil du temps, par les par­tis démo­cra­tiques. Quant aux idées qui n’ont pas — jusqu’à pré­sent — été concré­ti­sées, une par­tie d’entre elles ne sont plus du tout taboues.12 » Et de citer pêle­mêle, la créa­tion d’un secré­ta­riat d’État à l’Immigration, la créa­tion de centres fer­més pour enfer­mer des demandeur·se·s d’asile ; l’établissement d’une liste de pays non surs, seuls éli­gibles pour le droit d’asile ; l’attribution (en Flandre) de loge­ments sociaux condi­tion­née à des cri­tères lin­guis­tiques ; la conclu­sion d’accords bila­té­raux avec les pays de pro­ve­nance des immigré·e·s pour faci­li­ter leur expul­sion ; le dur­cis­se­ment de l’obtention de la natio­na­li­té, etc.

Cette évo­lu­tion géné­rale depuis les années 1990 dans le sens d’un dur­cis­se­ment du dis­cours et des déci­sions poli­tiques à l’encontre des immigré·e·s et de tou·te·s ceux et celles perçu·e·s comme étranger·ère·s pour­rait être le signe que les idées de l’extrême droite se sont répan­dues au sein d’une large frange de la socié­té. Mais cette thèse, si sou­vent répé­tée, lui prête peut-être un pou­voir d’influence qu’elle ne pos­sède pas en réa­li­té. Et si le suc­cès gran­dis­sant de ces idées ces der­nières années s’expliquait davan­tage par l’appui qu’elles peuvent trou­ver au sein même des dis­cours publics ordi­naires ? Et si le sens com­mun n’avait pas atten­du le suc­cès de l’extrême droite pour être impré­gné d’idées dis­cri­mi­na­toires et inéga­li­taires ? On peut pen­ser à ce diri­geant socia­liste d’une com­mune bruxel­loise qui déplo­rait déjà à la fin des années 1980 « Com­ment ne pas s’inquiéter […] des menaces d’une immi­gra­tion incon­trô­lée et de l’intolérance de cer­tains milieux reli­gieux musul­mans […]13» ; ou à ce diri­geant libé­ral au début des années 2000 affir­mant l’échec de l’intégration et ren­voyant dos à dos la frus­tra­tion des « com­mu­nau­tés étran­gères » qui ne se sentent pas bien dans notre socié­té et celle des « Belges de souche » qui ne se sentent plus chez eux·elles14. Ce posi­tion­ne­ment de cer­tains acteurs poli­tiques pour­rait être conden­sé par l’aphorisme lapi­daire d’un ancien Pre­mier ministre socia­liste fran­çais qui décla­rait que l’extrême droite pose les bonnes ques­tions, mais leur donne de mau­vaises réponses15. Par ailleurs, il dénote en creux un autre sté­réo­type, lui aus­si très tenace : cer­taines franges de la popu­la­tion seraient indé­crot­ta­ble­ment racistes, comme une nature qui leur serait atta­chée et qu’il serait impos­sible de décons­truire. Un peu comme si le racisme était un phé­no­mène natu­rel, inex­pli­cable par des méca­nismes sociaux, éco­no­miques et his­to­riques sur les­quels ces acteurs poli­tiques ont peut-être jus­te­ment — est-ce là la rai­son de leur céci­té ? — une cer­taine prise. Agi­ter de la sorte, par oppor­tu­nisme élec­to­ral, l’extrême droite comme un épou­van­tail sans décons­truire les fon­de­ments de son dis­cours, pui­sés au sein même du sens com­mun, ne consti­tue qu’une stra­té­gie de fuite en avant qui ne mène­ra à terme qu’à une sur­en­chère géné­ra­li­sée dans les dis­cours racistes.

Sans même comp­ter les idées qu’il pro­meut, ce pro­ces­sus fra­gi­lise d’ores et déjà la mar­gi­na­li­sa­tion de l’extrême droite en tant que telle qui semble aujourd’hui de moins en moins acquise. Car si ces idées se retrouvent éga­le­ment dans les dis­cours des par­tis « démo­cra­tiques » et si elles puisent leur ins­pi­ra­tion dans le sens com­mun, pour quelles rai­sons l’extrême droite serait-elle alors la seule à être mise au ban ? Au nord du pays ce pro­ces­sus semble déjà bien avan­cé, le cynisme des par­te­naires de la future majo­ri­té fla­mande l’illustre bien, le cor­don sani­taire média­tique n’y étant en outre pas appli­qué. La par­tie fran­co­phone semble quant à elle rela­ti­ve­ment épar­gnée pour le moment, du fait notam­ment d’un cor­don sani­taire média­tique tou­jours d’application16 et d’un sec­teur asso­cia­tif en alerte, à l’instar de la consti­tu­tion de la coa­li­tion « Stand-up » lors des der­nières élec­tions. L’absence d’une extrême droite struc­tu­rée ne signi­fie pas pour autant l’absence d’opinions ou de pra­tiques dis­cri­mi­na­toires dans les dis­cours publics et les usages pri­vés, de sorte que la mobi­li­sa­tion doit conti­nuer afin de pro­mou­voir une socié­té éga­li­taire (dans les faits et pas seule­ment dans les inten­tions) et résis­ter à des dyna­miques mor­ti­fères qui rem­portent des suc­cès gran­dis­sants à tra­vers le monde.

  1. Il est à signa­ler par ailleurs qu’à la suite des élec­tions légis­la­tives de 1978, le roi Bau­douin avait invi­té Karel Dillen, seul élu de la liste Vlaams Blok (1,37% des voix à la Chambre) dont il est un des fon­da­teurs his­to­riques. Ce der­nier avait cepen­dant décli­né l’invitation.
  2. Demon­ty B., « N‑VA – Vlaams Belang, le nou­vel axe qui inquiète à la Chambre », Le Soir, 16 juillet 2019.
  3. Cou­nasse X., « Le Roi a reçu le Vlaams Belang : le cor­don sani­taire a été res­pec­té », Le Soir, 30 mai 2019.
  4. Il ne s’agirait pour­tant en aucun cas de pri­ver le VB d’un de ses droits poli­tiques garan­tis par la Consti­tu­tion et les enga­ge­ments inter­na­tio­naux de la Belgique.
  5. Il y a tout de même une limite à ce rai­son­ne­ment qui tient au fait que, en réa­li­té, les indi­vi­dus détenteur·rice·s de la natio­na­li­té belge ne sont pas les seul·e·s indi­vi­dus vivant sur le ter­ri­toire. Quid alors des « étranger·ère·s » qui n’ont qu’un per­mis de séjour et des per­sonnes « en séjour illé­gal » ? Au nom de quel droit fon­da­men­tal peut-on légi­ti­mer le trai­te­ment dif­fé­ren­cié dont ils font l’objet ?
  6. Laus­berg S., « Vlaams Belang : les loups sont entrés dans nos vies », 30 mai 2019.
  7. Monet C., « Un com­plot des fran­co­phones, un par­ti qui cri­tique des affiches en arabe qu’il a col­lées lui-même : le point sur la cam­pagne en Flandre », RTL Info, 24 mai 2019.
  8. « Un grand nombre de Fla­mands se pro­noncent en faveur de la dis­pa­ri­tion du cor­don sani­taire », dépêche Bel­ga, 28 mai 2019, https://bit.ly/2SZf9Tf.
  9. War­land M., « Vlaams Belang et N‑VA : “Je t’aime (moi non plus)”», RTBF Info, 31 mai 2019.
  10. Haj­ji A., « L’effet Fran­cken », La Revue nou­velle, 2018, n°1, p. 6 – 10.
  11. Wou­ter Beke, pré­sident du CD&V, a décla­ré à ce pro­pos : « J’avais déjà écrit des textes en 1996 sur l’importance des normes et des valeurs, de la langue, du res­pect de la Consti­tu­tion. Mais nous aurons un débat sur la manière de l’inscrire. La note n’est pas à prendre ou à lais­ser », voir dépêche Bel­ga du 17 aout 2019.
  12. Des­waef A., « 2014, l’année où les droits ont cra­qué », La Revue nou­velle, n° 2, 2015.
  13. « Charles Pic­qué : “J’assume ce tract. Et je n’ai jamais stig­ma­ti­sé”», Sudin­fo, 6 mai 2013.
  14. Hovine A., « Ducarme pro­voque un ram­dam poli­tique », La Libre Bel­gique, 15 octobre 2002.
  15. Cam­pion B. et Mincke C., « Le FN pose-t-il les bonnes ques­tions ? », La Revue nou­velle, 2015, n°5, p. 2 – 5.
  16. Fal­ci­nel­li S. et Denis T., « PTB et Vlaams Belang sur nos antennes : un cor­don sani­taire élas­tique ? », RTBF Info.

Azzedine Hajji


Auteur

Azzedine Hajji est codirecteur de {La Revue nouvelle}, assistant-doctorant en sciences psychologiques et de l’éducation à l’université libre de Bruxelles. Il a été auparavant professeur de mathématiques dans l’enseignement secondaire, et psychopédagogue en Haute École dans le cadre de la formation initiale d’enseignant·e·s du secondaire. Ses sujets de recherche portent principalement sur les questions d’éducation et de formation, en particulier les inégalités socio-scolaires dans leurs dimensions pédagogiques, didactiques et structurelles. Les questions de racialité et de colonialité constituent également un objet de réflexion et d’action qui le préoccupent depuis plus de quinze ans.