Préserver et promouvoir un patrimoine pour l’humanité tout entière, à première vue, quoi de plus noble comme projet ? Mais la conception même d’un tel patrimoine soulève plusieurs questions : elle témoigne d’un imaginaire occidental qui tend à se penser comme universel et elle pose le problème de l’identité humaine. Si la Déclaration des doigts de l’homme a pu paraitre foncièrement occidentale à des esprits du Sud, on ne voit pas pourquoi la proclamation d’un patrimoine humaine irait plus facilement de soi à leurs yeux. En effet, le discours sur le patrimoine humain n’échappe pas au problème permanent de la philosophie : la conjugaison du particulier et de l’universel. Et si, au lieu de se ruer d’emblée et d’office sur l’universel, on approfondissait le local pour aboutir à une philosophie plus plausible et à une pratique plus opérationnalisable du global ?