Les semaines passant, je décidai de me rendre à la source du phénomène : l’université. Là où tout a commencé…
C’est en marchant vers mon restaurant favori, Street Wok, que j’ai pris conscience du fait qu’ils sont partout. Woke this Way d’Aerosmith, une coïncidence ? The Woking Dead, un hasard ? Et les Ewokes de Star Wars ? Et George Woker (!) Bush ? Suivez mon regard… Alors j’ai décidé de mener ma petite enquête à la Élise Lucet. D’abord, j’ai consulté une spiritiste, Laure Wokier, qui convoque l’esprit de personnes décédées. Nous passâmes une soirée à discuter, via la médium, avec Michel Foucault, et ce dernier, certes un peu échaudé d’être comparé à Aerosmith, m’a confirmé qu’il n’est absolument pas « woke ». Puis, je me suis rendu chez le Professeur Camara, un féticheur qui, après avoir sacrifié un poulet, me badigeonna le visage de sang et me chuchota à l’oreille : « Ne te lave pas pendant sept jours ! Le Woke va te visiter bientôt… » Enfin, Maïtreyi Siddartha, une ancienne kinésithérapeute transformée par sa rencontre avec le sage Sri Taratata au cours d’un voyage sac au dos en Inde, s’est livrée à un marathon de prières védiques pour m’aider à fusionner avec le Cosmos et trouver le Woke. Plus prosaïquement, j’ai également suivi un cours de cuisine wok. Faire frire divers aliments en même temps, ça sent déjà bien le multiculturalisme victimaire !
Les semaines passant, malgré les efforts consentis et toujours pas de woke en vue, je décidai de me rendre à la source du phénomène : l’université. Là où tout a commencé. Je débarquai dans un département d’informatique et, demandant à rencontrer un woke, je fus renvoyé chez les chimistes du bâtiment d’à côté. « Y en a pas ici, peut-être en biologie », me lança un laborantin l’œil rivé sur son microscope. Ainsi de suite, j’ai été balloté des sciences politiques aux polytechniciens, de l’économie à la kinésithérapie, de la médecine aux psychologues, jusqu’à finalement échouer dans un auditoire où officiait un sociologue. Enfin un woke, me dis-je ! Lui, il a bien l’air d’un racialiste déboulonneur de statues, un propagandiste de l’écriture inclusive, un bisounours pleurnicheur avec son débardeur en laine pourri, sa barbe de quelques mois et ses lunettes en écailles d’un autre âge. Il utilise encore une craie, ça pue le redresseur de torts coloniaux ! L’enseignant commença sa leçon par le mot « weuk ». Je jubilai un instant d’avoir enfin touché la créature du doigt, avant de comprendre qu’il s’agissait de « work » et d’un cours de sociologie du travail. Je tombai aussitôt dans un profond sommeil et fus réveillé par mes propres ronflements.
Bref, cher·e·s lecteur·rice·s, mon enquête se poursuit. Je suis actuellement en route vers la petite ville britannique de Woking. Affaire à suivre. Ou pas.