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La spirale de la désaffiliation

Numéro 6 – 2021 - Covid-19 jeunesse pandémie vaccination par Renaud Maes

septembre 2021

L’information a fait l’objet d’énormément de com­men­taires : alors que la situa­tion sani­taire s’y dété­riore, le taux de vac­ci­na­tion en Région bruxel­loise est par­ti­cu­liè­re­ment bas, en com­pa­rai­son avec les deux autres Régions du pays. À l’heure d’écrire ces lignes, 64% des adultes bruxel­lois sont tota­le­ment vac­ci­nés contre 91% en Flandre et 80% en Wal­lo­nie. Le retard est plus […]

Éditorial

L’information a fait l’objet d’énormément de com­men­taires : alors que la situa­tion sani­taire s’y dété­riore, le taux de vac­ci­na­tion en Région bruxel­loise est par­ti­cu­liè­re­ment bas, en com­pa­rai­son avec les deux autres Régions du pays. À l’heure d’écrire ces lignes, 64% des adultes bruxel­lois sont tota­le­ment vac­ci­nés contre 91% en Flandre et 80% en Wal­lo­nie. Le retard est plus impor­tant encore dans le cas des plus jeunes (seule­ment 33% des 18 – 24 ans vac­ci­nés à Bruxelles contre 67% de moyenne natio­nale). Notons d’emblée que la chose est pro­blé­ma­tique à l’échelle de toute la Région : il n’y a pas une com­mune qui ne soit pas en contre­per­for­mance par rap­port aux moyennes wal­lonnes et fla­mandes. Mais les taux de vac­ci­na­tion sont par­ti­cu­liè­re­ment bas dans les com­munes les plus pauvres, ce qui sus­cite une atten­tion média­tique et poli­tique toute particulière.

Plu­sieurs experts se sont expri­més à ce sujet, pro­po­sant des grilles d’analyse diverses : il s’agirait, par exemple, d’un pro­blème d’accès à l’information ou de sus­cep­ti­bi­li­té à la pro­pa­gande anti­vax plus impor­tante dans les milieux moins édu­qués. Plu­sieurs « influen­ceurs » ont éga­le­ment don­né leurs lec­tures de la chose, sug­gé­rant qui un lien avec l’islam, qui un « pro­blème de culture ». Ces der­nières « ana­lyses » ont connu un cer­tain suc­cès sur les réseaux sociaux et ont été notam­ment illus­trées dans une cari­ca­ture de Nico­las Vadot dans Le Vif.

Au-delà des clichés

Pour com­prendre ce qui est en train de se jouer, peut-être que la solu­tion est de s’adresser aux pre­miers concer­nés, non pour leur faire la morale ou à grands coups de stig­ma­ti­sa­tion, mais pour qu’ils puissent être enten­dus. C’est dans cette optique que j’ai recon­tac­té plu­sieurs témoins d’une pré­cé­dente enquête1, menée à Molen­beek en 2016. Vingt-cinq d’entre eux ont accep­té de me répondre. Aujourd’hui âgés de dix-huit à vingt-sept ans (avec un âge moyen de vingt-quatre ans), ces témoins sont tous pré­caires, « raci­sés » et confron­tés à des situa­tions fami­liales et per­son­nelles com­plexes. Ils (18) et elles (7) sont tou­jours molen­bee­kois, seuls cinq d’entre eux ont obte­nu leur CESS. Ils n’ont pas de tra­vail fixe, plu­sieurs d’entre eux enchainent les intérims.

L’enquête (qui n’est évi­dem­ment qu’une pré-étude) a pris la forme d’entretiens semi-direc­tifs, rela­ti­ve­ment courts (de vingt-cinq à qua­rante-cinq minutes), via des logi­ciels de vidéo­con­fé­rence (essen­tiel­le­ment What­sApp). Un lien de confiance pré­existe avec ces jeunes : je suis leur par­cours depuis cinq ans et j’ai des nou­velles d’eux assez régu­liè­re­ment depuis l’enquête pré­cé­dente. Ils me tiennent régu­liè­re­ment infor­mé de leur situa­tion sociale et pro­fes­sion­nelle, d’évènements fâcheux ou heu­reux et me par­tagent sou­vent des articles de presse ou des vidéos Tik­Tok trai­tant de sujets divers.

Les vingt-cinq témoins en ques­tion ne sont pas vac­ci­nés et, au moment du contact, n’envisageaient pas de le faire. Les pre­miers argu­ments qu’ils évoquent, durant les quelques pre­mières minutes d’entretien, sont iden­tiques, et consistent en une rela­ti­vi­sa­tion de la gra­vi­té de la Covid-19 et en l’expression d’une crainte par rap­port aux effets du vac­cin. Une quin­zaine indique en par­ti­cu­lier avoir vision­né une vidéo Tik­Tok mon­trant « que le vac­cin rend magné­tique » au point d’injection. Tous évoquent la pos­si­bi­li­té d’effets à longs termes non mai­tri­sés, sin­gu­liè­re­ment sur la fer­ti­li­té (20/25), sur le risque de can­cer (19/25), sur des pro­blèmes d’érection (18/25 — tous les hommes). Une dizaine sug­gère aus­si que le vac­cin pour­rait peut-être « conte­nir de l’alcool » ou « de la drogue », ou « ne pas être halal ». Il est notable qu’à ce niveau, deux témoins racontent la même expé­rience : en allant à la phar­ma­cie cher­cher un médi­ca­ment pour une per­sonne âgée de leur entou­rage, pres­crit par un méde­cin, le phar­ma­cien les a aver­tis qu’il y avait de l’alcool conte­nu dans ledit médi­ca­ment. Ils en concluent que les méde­cins les avaient sciem­ment trom­pés (nous y revien­drons). Tou­te­fois, ils sou­lignent aus­si qu’ils n’ont pas du tout cher­ché à s’informer sur le conte­nu du vac­cin ou sur son carac­tère « halal ».

Défiance

Mais très rapi­de­ment, le dis­cours se trans­forme en cri­tique des auto­ri­tés publiques, sin­gu­liè­re­ment du « gou­ver­ne­ment » (ils y assi­milent l’ensemble des niveaux de pou­voir): « ils nous ont enfer­més et lais­sé cre­ver, et main­te­nant il fau­drait qu’on bouge ». « Ils ont tout inter­dit et envoyé les flics, refu­sé de rendre jus­tice, mais ils disent main­te­nant que nous on doit encore faire un effort ? » L’épisode du « kayak » revient dans le dis­cours de neuf témoins, sou­li­gnant d’après eux une « rup­ture » entre « les poli­ti­ciens » et eux : « Ces gens-là ils vivent dans un autre monde, ils s’en moquent de nous, ils font du kayak pen­dant que nous on ne peut pas sor­tir de chez nous le soir, on est coin­cés avec la famille…». La ques­tion de la confiance est ici cen­trale : « pour­quoi je ferais confiance à ces gens, moi ? » (20/25).

Le thème de la confiance a été déve­lop­pé avec tous les témoins : il appa­rait ain­si que leur réti­cence à la vac­ci­na­tion est plus liée à une défiance vis-à-vis des ins­ti­tu­tions qu’à un réel rejet de la tech­no­lo­gie vac­ci­nale elle-même. Très rapi­de­ment, toute une série d’expériences per­son­nelles sont convo­quées pour jus­ti­fier cette défiance. Quinze d’entre eux évoquent d’emblée les hôpi­taux, accu­sés « d’escroquer leurs patients » : « Tu vas à l’hôpital et tu vois un méde­cin, tout va bien… puis deux semaines après, tu reçois la fac­ture, là, avec des lignes que tu n’as pas deman­dées. Mais il faut quand même payer. » S’ajoutent à cette dimen­sion les dif­fi­cul­tés vis-à-vis des mutuelles (douze ne sont pas en ordre). L’un raconte l’arrestation d’un oncle « à la sor­tie de l’hôpital », oncle obli­gé de quit­ter le ter­ri­toire après vingt ans de vie à Molen­beek, parce que n’ayant pas la natio­na­li­té belge et ayant intro­duit une demande d’aide sociale au CPAS pour cou­vrir des frais médi­caux. Les dif­fi­cul­tés admi­nis­tra­tives et les allers-retours entre CPAS et hôpi­taux sont éga­le­ment poin­tés du doigt (10/25). Une crainte com­mune (12/25) concerne le « par­tage des don­nées » qui pour­rait ame­ner à devoir « régu­la­ri­ser » des impayés ou des pro­cé­dures admi­nis­tra­tives lais­sées en sus­pens. Enfin, huit d’entre eux indiquent avoir été confron­tés à des dis­cours vécus comme racistes ou vio­lents à leur égard émis par des pro­fes­sion­nels de san­té, sin­gu­liè­re­ment des méde­cins spé­cia­listes en hôpital.

L’habitude du report de soins

Tous ont déjà fait l’expérience d’un report de soins, faute de moyens. Huit d’entre eux ont cepen­dant des patho­lo­gies assez lourdes, qui néces­sitent un trai­te­ment régu­lier. Tous conviennent que le confi­ne­ment a ren­for­cé ce phé­no­mène de report de soins. La dis­cus­sion prend un tour spé­ci­fique autour de cet enjeu : pour­quoi aller se vac­ci­ner alors qu’on a déjà un pro­blème de san­té non trai­té ? « Moi j’ai la dent qui est pour­rie, ça fait vrai­ment mal, mais je laisse aller et on finit par conti­nuer quand même. Alors pour­quoi j’irais alors que je suis même pas malade ? De toute façon, on fera avec quand même. » L’habituation au report de soins amène en fait une forme de renon­ce­ment aux soins de son corps, qui se tra­duit for­cé­ment par une absence de volon­té d’aller se faire vac­ci­ner. Mais ce n’est pas le seul aspect qui les freine : dix témoins ont peur que le pro­fes­sion­nel de san­té qui les pren­dra en charge détecte un pro­blème non soi­gné et les juge néga­ti­ve­ment. Ils craignent for­te­ment cette poten­tielle « stig­ma­ti­sa­tion » qu’ils évoquent en se jus­ti­fiant comme s’ils vivaient la scène (imi­tant le soi­gnant, avec une voix aigüe): « Mais, mon­sieur, il faut vous soi­gner, ça ne peut pas durer ; ça… Non, mais moi je te réponds que je n’ai pas l’argent comme toi pour me soi­gner, c’est tout. » Pire, cer­tains (8/25) ont peur d’être ensuite « for­cés » de devoir s’occuper de leur pro­blème de san­té lais­sé en sus­pens, avec des sur­couts impos­sibles à assumer.

L’habituation du report de soins amène aus­si ces jeunes à ne pas avoir de méde­cin trai­tant : ils uti­lisent les urgences en cas d’absolue néces­si­té, mais n’ont que très peu (voire pas) recours à un géné­ra­liste. De manière para­doxale, alors qu’ils sou­lignent les couts des soins hos­pi­ta­liers, ils sont très majo­ri­tai­re­ment scep­tiques (17/25) en ce qui concerne la qua­li­té des soins pro­di­gués par les mai­sons médi­cales au for­fait : « c’est vrai­ment gra­tuit ? Ouais, mais alors ils ne soignent pas vrai­ment, ce n’est pas pos­sible », « le méde­cin qui tra­vaille là il est pas bon, sinon il serait spé­cia­liste et il gagne­rait plein d’argent ». À ce stade de l’entretien, beau­coup (12/25) ajoutent que si le vac­cin est gra­tuit, c’est sans doute aus­si parce qu’il n’est pas de bonne qualité.

La désaffiliation

Une der­nière consi­dé­ra­tion s’est fré­quem­ment impo­sée en fin de témoi­gnage : « si je meurs, ce n’est pas grave, au fait ça me sou­la­ge­rait. Et je suis sûr que ça sou­la­ge­rait tout le monde. » Cette phrase est reve­nue, sous des moda­li­tés dif­fé­rentes, dans le dis­cours de douze témoins sur vingt-cinq. Cette impres­sion que sa propre vie n’a pas de valeur et que sa propre dis­pa­ri­tion serait sou­hai­tée par le reste de la socié­té est évi­dem­ment un symp­tôme d’une désaf­fi­lia­tion sociale extrê­me­ment abou­tie. Elle prend racine dans un ensemble d’expériences dou­lou­reuses (notam­ment du mépris social), mais tous pointent que le confi­ne­ment a agi comme une épreuve sup­plé­men­taire, par­ti­cu­liè­re­ment dure pour eux. Ils ont de plus l’impression que la poli­tique de confi­ne­ment les a quelque part ciblés spé­ci­fi­que­ment : dix d’entre les témoins indiquent avoir lu et enten­du des com­men­taires « de per­son­na­li­tés, même à la TV » qui, en poin­tant l’incidence du virus sur les quar­tiers popu­laires, « ont vrai­ment vomi sur nous ». Ces jeunes sont « hyper­con­nec­tés » et, même s’ils ne lisent pas les jour­naux quo­ti­diens, ne regardent pas les JT, etc., ils se par­tagent des extraits vidéos, des mor­ceaux de textes, etc. Ils sont donc bel et bien expo­sés aux dis­cours stig­ma­ti­sants qui peuvent être tenus à leur sujet, au sujet de leurs parents, de leurs proches, de leur quar­tier. Et ces dis­cours contri­buent à construire leur impres­sion qu’ils n’ont pas de place dans la socié­té, qu’ils ne « valent rien ». Ces dis­cours nour­rissent leur déses­pé­rance et, ce fai­sant, dimi­nuent très cer­tai­ne­ment la pro­ba­bi­li­té qu’ils aillent effec­ti­ve­ment se faire vacciner.

Existe donc pour eux une véri­table « spi­rale de la désaf­fi­lia­tion », à laquelle il faut por­ter une atten­tion toute par­ti­cu­lière… sachant qu’ils sont en réa­li­té plus per­méables aux dis­cours cari­ca­tu­raux et néga­tifs à leur sujet (qui sont repar­ta­gés entre eux via les réseaux sociaux) qu’aux dis­cours nuan­cés ou qui tentent de trou­ver des solu­tions, qui ne connaissent pas la même publicité.

Retisser du lien ?

On l’aura com­pris, une cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion n’est sans doute pas suf­fi­sante pour convaincre ces jeunes-là de se vac­ci­ner. L’enjeu serait quelque part, dans un pre­mier temps, de les « réaf­fi­lier », de leur redon­ner à la fois confiance dans cer­taines ins­ti­tu­tions et une pers­pec­tive d’amélioration de leur quotidien.

Il s’agit en fait non pas tel­le­ment d’une ques­tion de com­mu­ni­ca­tion que d’intervention sociale (incluant les aspects psy­cho-médi­co-sociaux). Le pro­blème est qu’évidemment, tant que les méca­nismes d’exclusion du mar­ché de l’emploi, de relé­ga­tion sco­laire, de contrôle des pré­caires se ren­for­ce­ront, il est illu­soire d’attendre d’eux qu’ils consi­dèrent mieux les ins­ti­tu­tions. L’expérience quo­ti­dienne du mépris social ne fait qu’aggraver la rup­ture… et les inter­ve­nants qui pro­mettent un ave­nir meilleur sans don­ner les moyens d’effectivement le réa­li­ser ne font que ren­for­cer leur défiance.

Il faut noter, à court terme, que tous pointent des inter­lo­cu­teurs (des tra­vailleurs sociaux, un ani­ma­teur de mai­son de quar­tier, un pro­fes­seur) qui, s’ils leur disaient de se faire vac­ci­ner, pour­raient avoir un effet assez déci­sif. Ce qui montre aus­si que, mine de rien, ces jeunes ont bel et bien des « repères », ils ne sont pas « abso­lu­ment sans ancrage ».

Mais, plus lar­ge­ment, une réflexion doit s’opérer autour de l’attention qui est por­tée aux quar­tiers popu­laires. En effet, et la crise sani­taire que nous vivons en est un exemple criant, l’attention poli­tique et média­tique se concentre sur ces quar­tiers essen­tiel­le­ment quand il y a un enjeu qui ne les concerne pas « direc­te­ment ». L’un des jeunes le résume avec un bagou lapi­daire : « On ne parle de Molen­beek que quand on emmerde les vieux à Uccle ». D’une cer­taine manière, la situa­tion très pro­blé­ma­tique en termes d’accès aux soins dans les quar­tiers pré­caires — au point que l’espérance de vie y est signi­fi­ca­ti­ve­ment plus basse que dans les autres quar­tiers de la région — est connue depuis long­temps. Et ce n’est que parce que l’enjeu se glo­ba­lise et devient un pro­blème de san­té publique régio­nale voire natio­nale, que l’on (re)découvre sou­dain cette réalité.

La crise de la Covid-19 a mis en lumière et aggra­vé des failles struc­tu­relles de notre socié­té. La cam­pagne de vac­ci­na­tion se heurte à pré­sent à ces failles. Bien sûr, il y a urgence à trou­ver des solu­tions contre la Covid-19. Mais allons-nous mettre en place des dis­po­si­tifs pour rebou­cher ces failles ou, une fois de plus, nous conten­ter de mesures per­met­tant de les igno­rer ? Ain­si, même si les pou­voirs publics se décident fina­le­ment à mettre en place une obli­ga­tion vac­ci­nale ou à géné­ra­li­ser les « pass », ils ne pour­ront pas faire l’économie d’un diag­nos­tic fin du manque d’adhésion à la vac­ci­na­tion. Celui-ci reste évi­dem­ment à four­nir, la petite enquête pré­sen­tée ici n’étant qu’exploratoire…

  1. Cette enquête visait à com­prendre les moti­va­tions du départ de jeunes molen­bee­kois vers la Syrie. Les témoins ici contac­tés fai­saient par­tie de l’étude « explo­ra­toire » sur ce thème, mais ne fai­saient pas par­tie du « focus group » recru­té dans une seconde phase. Voir Maes R., « Fana­tiques désen­chan­tés », Cahiers de psy­cho­lo­gie cli­nique, 2017/2 (49), p. 83 – 104.

Renaud Maes


Auteur

Renaud Maes est docteur en Sciences (Physique, 2010) et docteur en Sciences sociales et politiques (Sciences du Travail, 2014) de l’université libre de Bruxelles (ULB). Il a rejoint le comité de rédaction en 2014 et, après avoir coordonné la rubrique « Le Mois » à partir de 2015, il était devenu rédacteur en chef de La Revue nouvelle de 2016 à 2022. Il est également professeur invité à l’université Saint-Louis (Bruxelles) et à l’ULB, et mène des travaux de recherche portant notamment sur l’action sociale de l’enseignement supérieur, la prostitution, le porno et les comportements sexuels, ainsi que sur le travail du corps. Depuis juillet 2019, il est président du comité belge de la Société civile des auteurs multimédia (Scam.be).