Les commerçants arabo-swahilis et soudanais précédèrent de
quelques décennies les « explorateurs » occidentaux et les fondateurs
de l’État indépendant du Congo, les uns dans l’est du pays
(Manyema, Kivu), les autres dans le nord (bassin de l’Uele). La
culture musulmane faisait donc partie du « paysage humain » de la
région lorsque la colonisation belge fut lancée. Or, malgré l’impressionnante
littérature scientifique de l’époque coloniale consacrée
au Congo sous tous ses aspects, de la linguistique à la botanique
en passant par l’ethnologie, les sources belges à propos de
l’islam congolais sont aussi rares que lacunaires. Cela ne signifie
pas que la présence musulmane fut niée durant cette période - les
références à la lutte contre les esclavagistes, prétexte à la colonisation,
sont omniprésentes. En réalité, elle fut présentée comme
un intrus, une communauté étrangère au pays, ce qui légitimait le
silence de chercheurs pourtant très prolixes à propos des « cultures
indigènes ».