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L’humanité au pluriel. La génétique et la question des races, de Bertrand Jordan

Numéro 10 Octobre 2009 - par Albert Bastenier -

Les mots ont une histoire. Et, comme le dit M. Olender, pour certains d’entre eux elle a mal tourné. C’est le cas du mot « race » qui, tout au long des deux derniers siècles, fut à ce point chargé d’idéologie et d’affects que son sort semble scellé. « La race », après avoir été longtemps du « bon côté » (avoir de la race, une ascendance), est passée de l’autre. Avec « les races », il est devenu, pour certains groupes humains, le substrat langagier de leur relégation dans une position inférieure sinon infamante. Faut-il (...)

Les mots ont une histoire. Et, comme le dit M. Olender, pour certains d’entre eux elle a mal tourné. C’est le cas du mot « race » qui, tout au long des deux derniers siècles, fut à ce point chargé d’idéologie et d’affects que son sort semble scellé. « La race », après avoir été longtemps du « bon côté » (avoir de la race, une ascendance), est passée de l’autre. Avec « les races », il est devenu, pour certains groupes humains, le substrat langagier de leur relégation dans une position inférieure sinon infamante. Faut-il conclure que la notion a perdu toute valeur opératoire et ne peut plus servir qu’à figer une vision définitivement hiérarchisée de l’humanité ? Ou est-il encore possible, sans escamoter la complexité de ce qui fait le socle commun de l’espèce humaine, d’en invalider l’usage péjoratif par lequel ceux qui se pressent à la tête de l’humanité intelligente font basculer les autres dans une subalternité irrémédiable ? C’est dans les termes ramassés de ce dilemme que l’on pourrait indiquer la portée du dernier ouvrage de B. Jordan.
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Albert Bastenier


Auteur

Sociologue. Professeur émérite de l’université catholique de Louvain. Membre du comité de rédaction de La Revue nouvelle depuis 1967. S’y est exprimé régulièrement sur les questions religieuses, les migrations et l’enseignement.