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Hervé Cnudde

Numéro 6/7 juin-juillet 2014 par Michel Molitor

juin 2014

Her­vé Cnudde est décé­dé au cours de ce mois d’avril 2014.

Il était entré à La Revue nou­velle en 1970, dans le sillage de la grande vague de renou­vè­le­ment et d’ouverture qui ame­na à la revue une série de per­sonnes issues de divers mou­ve­ments sociaux et cultu­rels qui, cha­cun à leur manière, cher­chaient à renou­ve­ler les bases de la vie démo­cra­tique et des grandes ins­ti­tu­tions consti­tuant les cadres de la vie com­mune. Théo­lo­gien, il ensei­gnait la litur­gie à Lumen Vitae et par­ti­ci­pait acti­ve­ment à l’animation du Groupe de recherche théo­lo­gique. Vers le milieu des années 1970, il choi­sit de réorien­ter ses acti­vi­tés et s’investit à l’Atelier de recherche et d’action urbaine (Arau) dont il assu­ra le secré­ta­riat avant d’en deve­nir le direc­teur. En 1997, il quitte l’Arau pour créer une asso­cia­tion (Lae­ken Décou­verte) orga­ni­sant une série d’activités de for­ma­tion et de décou­verte de la ville, fonc­tion qu’il a assu­mée jusqu’en 2010. Cette énu­mé­ra­tion un peu sèche dis­si­mule mal le par­cours d’Hervé, entre des acti­vi­tés pro­fes­sion­nelles et des enga­ge­ments mili­tants, entre l’action et la réflexion cri­tique. Paral­lè­le­ment à l’action urbaine qui demeu­ra un fil conduc­teur impor­tant dans sa vie, il s’engagea réso­lu­ment à la Ligue des droits de l’homme dont il pré­si­da la sec­tion bruxel­loise avant d’en deve­nir administrateur.

Son acti­vi­té à la revue par­ti­ci­pait de la même logique. Comme auteur, comme animateur
de numé­ros spé­ciaux ou res­pon­sable de chro­niques, il avait le même sou­ci de pré­sen­ter un com­men­taire clair et argu­men­té d’une ques­tion ou d’une pro­blé­ma­tique. Sa pro­duc­tion a été abon­dante et régu­lière. Elle tou­chait aux ques­tions reli­gieuses, éthiques et poli­tiques, com­bi­nant l’élégance de l’écriture et la viva­ci­té du pro­pos. Her­vé était d’une pré­sence fidèle aux réunions de la rédac­tion tant que sa san­té lui a per­mis les dépla­ce­ments noc­turnes que les agen­das com­pli­qués de la revue lui impo­saient. Il y arri­vait sou­vent sur son petit scoo­ter, affu­blé d’un énorme casque dont il riait lui-même. Il com­bi­nait l’indulgence et l’exigence, évi­tait de bles­ser, même lorsque les dis­cus­sions pre­naient une allure pas­sion­née, tou­jours capable de la dose d’humour nar­quois qui remet uti­le­ment les choses en place. Sur­tout, il a été le com­pa­gnon fidèle de toutes les aven­tures intel­lec­tuelles et de toutes les for­tunes de la revue, des moments de gloire aux moments de lourde pénu­rie maté­rielle, expli­quant qu’il n’était rien de plus impor­tant que d’avancer. Her­vé était très repré­sen­ta­tif de cette géné­ra­tion qui sor­tit des confor­mismes sociaux ou cultu­rels à la fin des années 1960 et qui pen­sait les chan­ge­ments pos­sibles. Que ces chan­ge­ments aient été dif­fé­rents de ceux aux­quels il aspi­rait n’a cepen­dant rien chan­gé à ses rêves de jus­tice et de liber­té. Sim­ple­ment, ils pas­se­raient par d’autres che­mins. Pour nous qui l’avons connu pen­dant toutes ces années, Her­vé était vrai­ment un bon compagnon.

Michel Molitor


Auteur

Sociologue. Michel Molitor est professeur émérite de l’UCLouvain. Il a été directeur de {La Revue nouvelle} de 1981 à 1993. Ses domaines d’enseignement et de recherches sont la sociologie des organisations, la sociologie des mouvements sociaux, les relations industrielles.