Le gouvernement n’est plus dans le jeu habituel du refoulement, de la minimisation de la manifestation, mais dans une procédure qui consiste à nier absolument le mouvement. Le rejet du gouvernement ne porte pas seulement sur les objets de revendications, mais sur l’existence même des manifestants, sur la possibilité que la politique gouvernementale puisse être contestée.
Ainsi, l’autre par rapport au pouvoir ne serait pas un sujet politique, mais un « poujadiste », un « fasciste », un « casseur », un « complotiste » et finalement un « antisémite ». Le seul appareil d’État auquel les manifestants sont confrontés est la police qui les traite comme des délinquants. Sidérés par le déni du pouvoir, les manifestants se placent alors sur le terrain de la légitimité, et lui répondent « nous sommes le peuple ». Ils sont ainsi capturés par le regard de l’adversaire. Ils voilent en partie leurs exigences salariales et s’inscrivent dans une dialectique de la reconnaissance. La revendication du référendum citoyen devient alors centrale.