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« Gilets jaunes » : peuple ou prolétariat ?

ABO Numéro 05 - 2019 gilets jaunes - par Jean-Claude Paye -

Le gouvernement n’est plus dans le jeu habituel du refoulement, de la minimisation de la manifestation, mais dans une procédure qui consiste à nier absolument le mouvement. Le rejet du gouvernement ne porte pas seulement sur les objets de revendications, mais sur l’existence même des manifestants, sur la possibilité que la politique gouvernementale puisse être contestée.
Ainsi, l’autre par rapport au pouvoir ne serait pas un sujet politique, mais un « poujadiste », un « fasciste », un « casseur », un « complotiste » et finalement un « antisémite ». Le seul appareil d’État auquel les manifestants sont confrontés est la police qui les traite comme des délinquants. Sidérés par le déni du pouvoir, les manifestants se placent alors sur le terrain de la légitimité, et lui répondent « nous sommes le peuple ». Ils sont ainsi capturés par le regard de l’adversaire. Ils voilent en partie leurs exigences salariales et s’inscrivent dans une dialectique de la reconnaissance. La revendication du référendum citoyen devient alors centrale.

Le mouvement des Gilets jaunes est apparu en octobre 2018. La mobilisation de caractère spontané en est à sa vingt-et-unième semaine et couvre l’ensemble du territoire français. Elle s’organise essentiellement autour de rondpoints et procède à des blocages des voies de communication. À la différence des manifestations traditionnelles, organisées par les organisations syndicales, le mouvement des Gilets jaunes s’est lancé initialement et se développe principalement via le Net, à travers les réseaux sociaux. Des manifestations nationales ont lieu, chaque...
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Jean-Claude Paye


Auteur

sociologue, auteur de L’emprise de l’image. De Guantanamo à Tarnac, éditions Yves Michel 2012