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False Self. The Life of Masud Khan, de Linda Hopkins

Numéro 1 - 2015 par Bernard De Backer

janvier 2015

« Com­ment arri­­vais-je à m’arranger avec moi-même quant à ce qui se pas­sait ? Je sup­po­sais que tout ce que Khan fai­sait de mal avec moi était jus­ti­fié et que j’apprenais à accep­ter des véri­tés intimes ; que c’était extra­or­di­nai­re­ment dou­lou­reux mais que c’était l’essence d’une bonne et véri­table ana­lyse. Nous ne fai­sions pas l’une de ces ana­lyses mol­las­sonnes qu’imagine un […]

Un livre

« Com­ment arri­vais-je à m’arranger avec moi-même quant à ce qui se pas­sait ? Je sup­po­sais que tout ce que Khan fai­sait de mal avec moi était jus­ti­fié et que j’apprenais à accep­ter des véri­tés intimes ; que c’était extra­or­di­nai­re­ment dou­lou­reux mais que c’était l’essence d’une bonne et véri­table ana­lyse. Nous ne fai­sions pas l’une de ces ana­lyses mol­las­sonnes qu’imagine un public igno­rant, au cours de laquelle un lamen­table névro­sé ne parle que de lui et est pas­si­ve­ment écou­té et com­plai­sam­ment encouragé. »
Godley Wynne, « Sau­ver Masud Khan », tra­duit 1 dans la Revue fran­çaise de psy­cha­na­lyse, 2003.

L’histoire sul­fu­reuse et ins­truc­tive du psy­cha­na­lyste bri­tan­nique d’origine pakis­ta­naise, Masud Khan (1924 – 1989), ana­ly­sant — et édi­teur — de Win­ni­cott pen­dant une ving­taine d’années, remonte à la sur­face, avec la publi­ca­tion de sa bio­gra­phie fouillée2 par la psy­cha­na­lyste amé­ri­caine Lin­da Hop­kins en pro­jet de tra­duc­tion en langue fran­çaise. Ce « retour sur Khan » fut entre­pris par le témoi­gnage acca­blant du célèbre éco­no­miste bri­tan­nique Godley Wynne, un de ses patients de 1959 à 1966, dans la Lon­don Review of Books en 2001. Wynne dont la seconde femme, Kath­leen Epstein, avait épou­sé en pre­mières noces le petit-fils de Sig­mund Freud, le peintre Lucian Freud3, et qui était elle-même en ana­lyse avec Win­ni­cott. Il fau­drait sans doute construire un graphe, comme Michel Schnei­der l’avait fait pour le réseau ana­ly­tique de Mary­lin Mon­roe4, afin d’entrevoir le nouage des mul­tiples rela­tions psy­cha­na­ly­tiques (cures, super­vi­sions…), édi­to­riales, artis­tiques et mon­daines du « beau Londres » de la seconde moi­tié du XXe siècle. C’est donc l’histoire d’un homme flam­boyant et d’un ana­lyste très en vue qui, à la fin de sa vie, fini­ra par être exclu de la Bri­tish Psy­cho­ana­ly­ti­cal Socie­ty. Mais c’est aus­si celle d’une « com­mu­nau­té » ana­ly­tique, — ana­lystes, « étu­diants » et « patients » —, dans la mesure où elle révèle, entre autres, la force d’attraction cha­ris­ma­tique que les trans­gres­sions et les outrances d’un de ses membres exer­cèrent sur elle.

Du British Raj au Freudistan

Mais com­men­çons par les faits his­to­riques connus et recou­pés. En 1946, à l’âge de vingt-deux ans, un an avant l’indépendance des Indes bri­tan­niques et de leur par­ti­tion qui débou­che­ront sur la scis­sion du Pend­jab, le jeune Pun­ja­bi Moham­med Masud Raza Khan débarque à Londres avec trente-sept valises et loue une Rolls-Royce, conduite par un chauf­feur. Ce Prince des Mille-et-une Nuits est le fils d’un riche pro­prié­taire ter­rien du Pend­jab (Sahi­wal) et d’une jeune cour­ti­sane, qui avait soixante ans de moins que son mari au moment de la nais­sance de Masud, der­nier gar­çon d’une grande famille élargie.

Après quelques soi­rées théâ­trales — à peine débar­qué dans la capi­tale, il aurait vu vingt-sept fois Lau­rence Oli­vier dans Le Roi Lear — Masud Khan se pré­sente à la Bri­tish Psy­cho­ana­ly­ti­cal Socie­ty (BPAS) et est « accep­té pour la for­ma­tion » à l’âge de vingt-deux ans. Comme l’écrit l’analyste bri­tan­nique Anne-Marie Sand­ler (2005), « il n’existe mal­heu­reu­se­ment aucun rap­port sur la manière dont il a été éva­lué, car il est de tra­di­tion dans la Socié­té bri­tan­nique de détruire les docu­ments concer­nant l’admission, une fois obte­nue la qua­li­fi­ca­tion. On peut sup­po­ser que cet Indien Pakis­ta­nais intel­li­gent et stu­dieux impres­sion­na et que, si des troubles de carac­tère furent déce­lés, on a sans doute atten­du de l’analyse qu’elle par­vienne à les modi­fier chez un homme aus­si jeune. »

Sand­ler pour­suit : « Ella Sharpe fut sa pre­mière ana­lyste et, lorsqu’elle mou­rut envi­ron sept mois plus tard, il se ren­dit auprès de John Rick­man qui l’analysa tout au long de sa for­ma­tion jusqu’à sa mort en 1951. Khan entre­prit son pre­mier cas pour la for­ma­tion sous la super­vi­sion d’Anna Freud en octobre 1948, mais, en juin 1949, un rap­port du Comi­té de la for­ma­tion recom­mande que ce pre­mier cas soit ter­mi­né et qu’un second pre­mier cas soit super­vi­sé par Syl­via Payne ou par Méla­nie Klein. Il n’existe aucun rap­port dans les minutes du Comi­té pour la for­ma­tion ou dans les Archives Méla­nie Klein pré­ci­sant quand il aurait repris son pre­mier cas, ni qui l’aurait super­vi­sé. Quatre mois plus tard, on indique qu’il a com­men­cé son second cas et qu’il a obte­nu sa qua­li­fi­ca­tion à la fin de l’année 1950, à l’âge extra­or­di­nai­re­ment jeune de vingt-six ans. »

L’histoire éton­nante des pre­miers pas lon­do­niens du colo­ni­sé conqué­rant ne doit pas nous dis­pen­ser de reve­nir sur la pré­his­toire pun­ja­bie, aus­si fer­tile et mou­ve­men­tée que le cours de l’Indus et de ses affluents. Le père de Masud, Fazal­dad, était un guer­rier chiite qui, avec ses frères, s’était allié aux Bri­tan­niques au XIXe siècle et avait été riche­ment récom­pen­sé en terres et domaines pour son sou­tien5. La for­tune des Khan, et même leur nou­veau nom « Khan Baha­dur » évo­quant la puis­sance, était le fruit d’une « col­la­bo­ra­tion » avec le colo­ni­sa­teur, d’une conver­sion de capi­tal guer­rier en capi­tal fon­cier. L’habitus domi­na­teur et la richesse, conquis par la vio­lence des armes au ser­vice des Bri­tan­niques, allaient se mani­fes­ter dans le milieu psy­cha­na­ly­tique lon­do­nien, voire même dans la rela­tion para­doxale que Masud Khan allait entre­te­nir avec le très fémi­nin Win­ni­cot. Le cha­risme trans­gres­sif du jeune raja téné­breux, par ailleurs très culti­vé et intel­li­gent, fera « tom­ber » les bar­rières de la Socié­té bri­tan­nique de psy­cha­na­lyse6, et ceci sans même que l’intéressé le demande, grâce à ses « troubles de carac­tère » qui devaient sans doute ajou­ter à son charme. Le capi­tal fon­cier, asso­cié à sa fra­gi­li­té psy­chique et à sa curio­si­té intel­lec­tuelle insa­tiable, se trans­for­me­ra en capi­tal freudien.

Masud Khan avait déjà eu recours à la psy­cha­na­lyse sur sa terre natale, dans ces Indes encore bri­tan­niques pour quelques années (l’indépendance sur­vient le 15 aout 1947). Le jeune Masud, outre une vilaine défor­ma­tion congé­ni­tale de l’oreille, souf­frait en effet de divers « troubles » qui, chose inédite chez les enfants de land­lords (zamin­dar) du sous-conti­nent à cette époque, le condui­sirent à consul­ter un psy­cha­na­lyste à Lahore à la fin des années 1930, sur le conseil de son tuteur anglais qui l’avait ini­tié à Sha­kes­peare et à la « réflexi­vi­té psy­chique ». Son lien avec l’expérience ana­ly­tique est donc ancien, et sa cure sera inter­mi­nable. La constel­la­tion de faits qui déclen­chèrent son désar­roi psy­chique se noue autour de plu­sieurs pertes : celle de son pre­mier amour, qui était une jeune hin­doue ; celle de sa sœur bie­nai­mée, Mah­moo­da ; celle de son père Fazal­dad qui meurt à l’âge res­pec­table de nonante-six ans. S’y ajoute la dis­pa­ri­tion annon­cée du pro­tec­teur bri­tan­nique, bien­tôt chas­sé par la Ligue musul­mane. Masud choi­si­ra pru­dem­ment de res­ter dans le giron colo­nial en par­tant à Londres pour y enta­mer des études lit­té­raires et pour­suivre son ana­lyse per­son­nelle. Grâce à la pro­tec­tion du gou­ver­neur géné­ral de l’Inde et avant-der­nier vice-roi, Sir Archi­bald Wavell, ami (et obli­gé) per­son­nel de son père, il obtien­dra in extre­mis les auto­ri­sa­tions néces­saires pour émi­grer. Le jeune Masud avait donc, par sa for­tune et ses rela­tions vice-royales, de quoi impres­sion­ner les ana­lystes lon­do­niens, divi­sés en trois groupes (les anna­freu­diens, les klei­niens et le mid­del­group), appau­vris et meur­tris par la Seconde Guerre mondiale.

Une expérience qui dévore tout

C’est à ce moment que se joue un curieux qui­pro­quo qui va déci­der en bonne par­tie du des­tin ulté­rieur de Masud Khan, et pas seule­ment de son des­tin psy­cha­na­ly­tique. On ne sait pas com­ment le qua­li­fier : dis­trac­tion, acte man­qué, acte stra­té­gique, contre­trans­fert ou mani­pu­la­tion consé­cu­tive à un conflit au sein de la Bri­tish Psy­cho­ana­ly­ti­cal Socie­ty ? Tou­jours est-il que, plu­tôt que d’entamer comme pré­vu des études lit­té­raires à Oxford et de se faire « soi­gner » à Londres par une ana­lyse « thé­ra­peu­tique », Masud entame une ana­lyse « didac­tique » par erreur, et aban­donne son pro­jet uni­ver­si­taire. L’histoire est racon­tée en détail par Lin­da Hop­kins, sur la base du recou­pe­ment de nom­breux témoi­gnages. Outre le fait que l’analyste qui lui avait été recom­man­dé par celui de Lahore était tom­bé en dis­grâce à Londres, et qu’il fut par consé­quent aiguillé vers Ella Sharpe par la pré­si­dente de la BPAS, la flam­boyance angois­sée de ce jeune orien­tal d’un « bon rang social » sem­blait un bon pla­ce­ment pour la Socié­té. La cure, même didac­tique, allait cer­tai­ne­ment modi­fier les « troubles de carac­tère chez un homme aus­si jeune » et four­nir une bonne recrue, « intel­li­gente et stu­dieuse ». Mais, on l’a vu, Ella Sharpe meurt d’un arrêt car­diaque sept mois plus tard, John Rick­man (ancien pré­sident de la BPAS) lui suc­cède avant de suc­com­ber à son tour d’un infarc­tus quelques années après. Win­ni­cott, car­diaque éga­le­ment, entre alors en scène pour deve­nir à la fois l’analyste (son qua­trième), le men­tor et le col­la­bo­ra­teur de Masud Khan pen­dant plu­sieurs années. Entre­temps, comme nous l’avons vu, l’Indo-pakistanais est recon­nu comme ana­lyste7.

Son ins­tal­la­tion à Londres et son entrée dans le monde psy­cha­na­ly­tique seront sui­vies d’une période que sa bio­graphe qua­li­fie « d’années divines ». Dans un pre­mier temps, Khan se marie avec une bal­le­rine, vit une union rapi­de­ment mal­heu­reuse et confie son ex-épouse, très dépri­mée par l’échec de leur rela­tion, à son propre ana­lyste, Win­ni­cott, en lui « cédant ses séances ». Si sa vie pri­vée est cha­hu­tée (mais bien peu au regard de ce qui va suivre), sa car­rière au sein de la BPAS est « météo­rique ». Son franc-par­ler par­fois bru­tal, son intel­li­gence, son cha­risme, son dan­dysme et ses rela­tions mon­daines le pro­pulsent au fir­ma­ment du Londres freu­dien, et bien­tôt en France, par l’entremise du poète Jean Cas­sou. Ce der­nier l’introduit dans le monde des arts (Braque, Léger, Sou­lages, Bon­nard, Car­tier-Bres­son…); l’intelligentsia freu­dienne (Gra­noff, Pon­ta­lis, Green…) sui­vra un peu plus tard. S’il est habi­té par une cer­taine vio­lence guer­rière et une morgue aris­to­cra­tique, héri­tées de son Pend­jab natal selon ses dires, son panache impres­sionne la Socié­té. Comme Michael Lari­vière (2010) le sou­ligne en com­pa­rant Khan et Lacan (proxi­mi­té de patro­nyme cocasse, le second a été sur­nom­mé « aya­tol­lah-Khan » par Jacques Bénes­teau), il est un trans­gres­seur, un homme qui mélange les genres, qui se joue des règles et des limites, qui ne res­pecte pas « le cadre », qui est big­ger than life. Mais ses trans­gres­sions sont éga­le­ment une consé­quence de sa réflexion théo­rique, comme nous le ver­rons. En ce sens, il est aus­si une expres­sion de la psy­cha­na­lyse, car comme l’écrit Hop­kins : « L’histoire de Masud Khan n’est pas que l’histoire d’un homme, c’est celle de toute une communauté. »

La bio­graphe pro­duit plu­sieurs témoi­gnages d’analysants du Khan de cette période et qui laissent par­fois per­plexe. Dans les pre­mières inter­views, deux témoins font un retour plu­tôt posi­tif de leur expé­rience et de l’attitude de Kahn, même si celui-ci prend un peu de liber­tés avec le « cadre » (il prend le café avec eux, ébauche des rela­tions sociales, parle de son divorce, leur pré­sente sa nou­velle femme, inter­rompt ses vacances pour conso­ler un de ses patients qui a per­du son fils, les embrasse…). Mais ils tiennent tous deux un dis­cours très dif­fé­rent lors d’un second entre­tien (« he had a dra­ma­tic change in the way he thought about Khan », écrit Hop­kins au sujet du pre­mier témoin), et cela après avoir lu un article de Hop­kins conte­nant des infor­ma­tions sur le com­por­te­ment de Khan dans les années à venir. Comme s’ils avaient vou­lu, dans un pre­mier temps, pro­té­ger la figure de leur ana­lyste (Hop­kins for­mule cette hypo­thèse) et le bien­fon­dé de leur longue et cou­teuse expé­rience, face à une inter­lo­cu­trice qu’ils sup­po­saient du même bord ? Voi­là qui res­semble à « l’identification à l’agresseur » dont avait par­lé Ferenc­zi dans son célèbre texte « Confu­sion de langue entre les adultes et l’enfant », et dans lequel il sem­blait viser Freud, ain­si que cer­tains pièges du dis­po­si­tif ana­ly­tique. Cela va d’ailleurs dans le sens d’un aspect du témoi­gnage de Wynne, cité en épi­graphe, et de son titre éton­nant : « Sau­ver Masud Khan ». D’autres donnent, au contraire, un témoi­gnage très posi­tif, insis­tant sur sa capa­ci­té d’être « réel » dans la rela­tion, de ne pas prendre de pose et de pos­ture, de mettre l’accent (influence de Win­ni­cott) sur les para­doxes inhé­rents à la coha­bi­ta­tion de mul­tiples « self » au sein d’une même per­sonne, plu­tôt que d’apaiser ses conflits internes qui seraient à dépas­ser pour « ren­for­cer le moi ». Cette mul­ti­pli­ci­té carac­té­ri­sait évi­dem­ment aus­si Masud.

Les « années divines » concer­ne­ront, d’un côté, sa vie pri­vée, mar­quée par son deuxième mariage très gla­mour avec la bal­le­rine Svet­la­na Berio­so­va — pre­mière dan­seuse dans The Royal Bal­let — et, de l’autre, son impli­ca­tion gran­dis­sante dans la Bri­tish Psy­cho­ana­ly­ti­cal Socie­ty, notam­ment par sa pra­tique cli­nique, ses écrits et son acti­vi­té édi­to­riale. Nous pas­se­rons rapi­de­ment sur sa vie mon­daine (appar­te­ment luxueux en face de Harrod’s, vacances d’été à Monte-Car­lo, fré­quen­ta­tion de stars et d’artistes renom­més, séjours à Martha’s Vineyard, etc.) pour nous cen­trer sur son par­cours ana­ly­tique dans les années 1960. Londres est, à l’époque, la capi­tale mon­diale de la psy­cha­na­lyse qui connait une grande vogue « people », notam­ment par­mi les artistes et les créa­teurs, et bien enten­du aus­si chez les psy­cho­logues et psy­chiatres en for­ma­tion. Comme l’écrit Hop­kins : « Les gens étaient dis­po­sés à faire d’énormes sacri­fices de temps et d’argent afin d’être ana­ly­sés, et autant les ana­lystes que les ana­ly­sants atten­daient du trai­te­ment qu’il soit une expé­rience qui dévo­rait tout. » Khan était quelqu’un de théâ­tral et d’excentrique qui sédui­sait et qui en impo­sait, notam­ment dans les acti­vi­tés publiques (où il arri­vait en géné­ral en retard, pour ne pas pas­ser inaper­çu). Le fils de féo­dal pakis­ta­nais som­meillait cepen­dant en lui, ce qui lui valut d’être arrê­té un jour par la police pour avoir vio­lem­ment bat­tu son jeune ser­vi­teur, comme son père le fai­sait sur ses terres du Pendjab.

False Self, real Scotch

Cet homme qui était « réel » dans sa pra­tique, brillant par sa parole et son intel­li­gence, à la pers­pi­ca­ci­té cli­nique par­fois ful­gu­rante selon plu­sieurs témoins, était aus­si arro­gant, insup­por­table dans son osten­ta­tion et quelques fois très rude, voire phy­si­que­ment agres­sif. Mais il était aus­si homme d’amitiés fortes, notam­ment de ce qu’il appe­lait des « ami­tiés cru­ciales », comme celle qui avait lié Freud et Fliess. C’est à tra­vers ces ami­tiés (Gra­noff, Stol­ler, Smir­noff…) et l’influence de Win­ni­cott que, selon Hop­kins, sa pra­tique va se modi­fier, dépas­sant d’autant plus faci­le­ment le « cadre » que Masud ne subit plus de contrôle et est offi­ciel­le­ment habi­li­té à for­mer des ana­lystes. Influen­cé par le style de Lacan (plus que par ses théo­ries), que lui fait connaitre Wla­di­mir Gra­noff, mais sur­tout par Win­ni­cott dont il va radi­ca­li­ser l’approche, le futur « Prince » va s’affranchir des règles et faire du « masud care », comme il le disait lui-même. Il ne s’agit plus tant de « gué­rir » ou de sou­la­ger, dans une visée adap­ta­tive et nor­ma­li­sa­trice, que de faire sur­gir le « True Self » mas­qué par le « False Self », de per­mettre au sujet de déployer sa véri­té et ses poten­tia­li­tés, quitte à s’affranchir du monde social et le heur­ter. Ceci d’autant que Masud Khan consi­dère que le tra­vail ana­ly­tique (et donc aus­si les inter­ven­tions de l’analyste) doit dépas­ser le cadre étroit du cabi­net et de la séance, qu’il concerne éga­le­ment « le monde exté­rieur ». Ces concep­tions, alliées à la recon­nais­sance de plus en plus grande dont il béné­fi­cie à Londres, mais aus­si aux États-Unis et en France, par ses confé­rences et sur­tout son acti­vi­té édi­to­riale et ses écrits, vont lui don­ner l’assurance d’imposer son propre style, pour le meilleur et bien­tôt pour le pire.

L’un des axes prin­ci­paux de son acti­vi­té était celui d’éditeur, avant celui d’auteur (ses propres livres seront tous publiés après la mort de Win­ni­cott). Khan occu­pait de mul­tiples fonc­tions au sein de la galaxie ins­ti­tu­tion­nelle freu­dienne, y com­pris celle de direc­teur des Freud Copy­rights qui avait pour mis­sion de veiller sur la qua­li­té des publi­ca­tions de Freud (dont sa cor­res­pon­dance) et de payer des divi­dendes à ses héri­tiers8. C’est ain­si qu’il joue­ra un rôle pré­pon­dé­rant dans la publi­ca­tion de Win­ni­cott (qui écri­vait mal, selon les témoi­gnages cités par Hop­kins), jusqu’à cor­ri­ger abon­dam­ment ses textes, voire les écrire. Selon cer­tains, comme Charles Rycroft ou Wla­di­mir Gra­noff, c’est même Masud qui a « fait Winnicott ».

Cette ascen­sion fou­droyante trou­ve­ra cepen­dant son point de butée en 1965, au congrès inter­na­tio­nal d’Amsterdam de l’IPA, qui signe­ra le début d’une lente, mais inexo­rable chute. À la suite de la mort inopi­née, peu avant le congrès, du pré­sident de l’IPA, Max Gitel­son, Khan écri­vit une lettre à son ami Gra­noff dans l’intention de par­ta­ger sa peine. Comme il lui arri­vait sou­vent, dans son style de « conteur orien­tal », cette lettre pri­vée conte­nait des inexac­ti­tudes concer­nant un conflit au sein de l’IPA, impli­quant Gitel­son, et dans lequel Khan se don­nait un rôle exa­gé­ré. Gra­noff envoya inno­cem­ment une copie de cette lettre à la veuve de Gitel­son qui entra dans une colère froide et se plai­gnit à l’état-major de l’internationale freu­dienne. Khan se fit ver­te­ment rabrouer à Amster­dam par William Gil­les­pie qui rem­pla­çait Gitel­son. C’était la pre­mière fois que cela lui arri­vait et il ne s’en remit jamais vrai­ment. Hop­kins relate, d’autre part, que, dans ces mêmes années 1960 et selon ce que révèle sa cor­res­pon­dance pri­vée, Khan « souf­frait tou­jours de pro­blèmes psy­cho­lo­giques majeurs que per­sonne, pas même Win­ni­cott, ne com­pre­nait » : insom­nie, dépres­sion, bouf­fées de ter­reur, symp­tômes soma­tiques liés au stress (fièvres, maux de dos), pho­bies (de l’eau, de pas­ser une nuit seul dans un hôtel…). Un de ces col­lègues de l’époque, Harold Ste­wart, témoigne : « Win­ni­cott a rui­né Masud. Il ne main­tint pas de fron­tières et sédui­sit Masud émo­tion­nel­le­ment et intel­lec­tuel­le­ment. Il vou­lait un “fils mer­veilleux” pour lui-même et c’est ce qu’il obtint. » D’autres témoi­gnages vont dans le même sens de la « non-ana­lyse » de Khan par Win­ni­cott, rejouant la faute originelle.

Après deux années de retrait, avec des séjours plus fré­quents sur ses terres au Pakis­tan, Masud émerge à nou­veau, mais n’atteint plus sa posi­tion anté­rieure. Sa femme, la bal­le­rine Svte­la­na Berio­so­va, sombre dans l’alcoolisme et doit se faire hos­pi­ta­li­ser à plu­sieurs reprises, notam­ment en psy­chia­trie. Les dis­putes sont de plus en plus vio­lentes et le couple finit par rompre. Dans sa pra­tique, Khan trans­gresse allè­gre­ment les règles, entre­tient des rela­tions sexuelles avec cer­taines de ses patientes, inter­vient dans leur vie sociale, et cela com­mence à se savoir dans le milieu ana­ly­tique (qui conser­ve­ra cepen­dant long­temps l’omerta sur le sujet). En outre, lui qui est issu d’une culture où l’alcool est ban­ni, il com­mence à boire de manière incon­si­dé­rée (jusqu’à un litre et demi de whis­ky par jour), s’habille de manière extra­va­gante et se fera pas­ser pour un « Prince » à la fin de sa vie, habi­tué de Buckin­gham, rece­vant sa cour sur son « trône ».

Protégé par le cancer

En 1971, le Pakis­tan fini­ra par le rat­tra­per, l’année même de la mort de Win­ni­cott et de sa mère. Le pays est en proie à des troubles poli­tiques et sociaux, ses terres sont ven­dues aux pay­sans (Masud empoche quand même plus de trois-cent-mille rou­pies de l’époque), le Pakis­tan orien­tal se détache et devient le Ban­gla­desh. Le vieux monde féo­dal auquel il s’identifiait se délite, il perd de sa superbe, d’autant qu’il n’est pas dési­gné comme l’exécutant lit­té­raire de Win­ni­cott, comme il l’espérait, lui « son fils ». Ce der­nier n’est par ailleurs plus là pour le « tenir ». La même année, sa femme Svet­la­na quitte défi­ni­ti­ve­ment le bel appar­te­ment en face de Harrod’s, après s’être écrou­lée ivre morte sur la scène du Royal Bal­lett. Il se retrouve seul, conti­nue de tra­vailler et d’écrire, de voir ses amis à Paris et à Ber­lin, mais s’embarque dans des aven­tures amou­reuses de plus en plus nom­breuses et éphé­mères, éthy­liques et désespérées.

Les témoi­gnages de patients ou d’analystes en for­ma­tion durant les années 1970, recueillis par Hop­kins, donnent par­fois le ver­tige, tant les faits confiés (sou­vent ano­ny­me­ment) et les opi­nions expri­mées par les prin­ci­paux inté­res­sés sont contras­tés. Même dans cer­tains cas extrêmes (rela­tions sexuelles, « socia­li­sa­tion » à l’extérieur de l’espace de la cure, quête d’argent auprès de la mère d’une jeune femme à la fois patiente et mai­tresse, inci­ta­tion à la prise d’alcool, inter­fé­rences dans la vie pri­vée dignes d’un gou­rou de la pire espèce), « l’effet Masud » conti­nue d’opérer ; l’homme est « vrai », « excep­tion­nel », « unique ». « Pro­tec­tion de l’abuseur ? », se demande Lin­da Hopkins.

Au début de 1977, au moment même où Masud Khan vit une lune de miel avec une jeune patiente et entame une vie com­mune dans des condi­tions sin­gu­lières (ils pour­suivent les séances d’analyse), deux évè­ne­ments se téles­copent. Le Comi­té de la for­ma­tion de la Bri­tish Psy­cho­ana­ly­ti­cal Socie­ty recom­mande de lui enle­ver son titre d’analyste et de l’exclure de la BPAS ; il est atteint d’un can­cer de la gorge et du pou­mon, consé­quence d’une taba­gie effré­née. De manière sur­pre­nante, alors qu’il est d’usage que la BPAS suive les avis de son Comi­té, c’est le contraire qui se pro­duit, eu égard à l’état de san­té de Masud et dans un contexte de ten­sions entre klei­niens et anna­freu­diens : il n’est pas exclu et peut conti­nuer de pra­ti­quer9. Il remonte un peu la pente, recom­mence à écrire, et fait une tranche d’analyse avec Anna Freud, puis avec son ami Robert Stol­ler lors d’un séjour en Cali­for­nie. La suite sera une lente des­cente dans la folie et l’alcoolisme, un « nar­cis­sisme méga­lo­ma­niaque » avec des iden­ti­fi­ca­tions déli­rantes (Khan se prend pour le prince Mych­kine, l’Idiot de Dos­toïevs­ki), entre­cou­pé de quelques rémis­sions et d’un der­nier livre, conte­nant des révé­la­tions sur des patients et des pro­pos anti­sé­mites. Il sera défi­ni­ti­ve­ment exclu de la BPAS quelques mois avant sa mort, sur­ve­nue en 1989.

Un intime étranger ?

À l’issue de cet ouvrage dense et hale­tant qui se lit comme un thril­leur, à la mesure du par­cours bio­gra­phique éton­nant que Lin­da Hop­kins a brillam­ment retra­cé sur la base de docu­ments inédits — dont les trois-mille pages du jour­nal intime et pro­fes­sion­nel de Masud Khan, ses « Work Books », aux­quels les amis cali­for­niens de Khan, les Stol­ler, lui ont don­né accès —, mais aus­si d’interviews et de ren­contres diverses, on ne peut s’empêcher de sou­le­ver cer­taines ques­tions. L’auteure est psy­cha­na­lyste elle-même et donne d’entrée de jeu, dans le titre de l’ouvrage (False Self) et dans le dérou­lé des évè­ne­ments à par­tir de 1965, une inter­pré­ta­tion de la chute et de la déroute de Khan, qui mène­ront à son exclu­sion peu avant sa mort. Cette inter­pré­ta­tion tient en peu de mots : le psy­cha­na­lyste anglo-pakis­ta­nais n’aurait pas été vrai­ment ana­ly­sé. L’erreur ini­tiale de l’aiguiller vers une ana­lyse didac­tique et non pas « thé­ra­peu­tique », redou­blée par la « sor­tie du cadre » de Win­ni­cott (mais aus­si, semble-t-il, de Sharpe et de Rick­man), auraient empê­ché qu’il accouche de son « True Self », et l’auraient main­te­nu dans les rets de son « False Self » (c’était aus­si le point de vue de Khan). Le tout ayant lais­sé ses six ana­lystes impuis­sants, dont Win­ni­cott lui-même, sans par­ler des autres qu’il a séduits, et non des moindres (l’establishment de la BPAS et de l’IPA, Gra­noff, Green, Pon­ta­lis et tant d’autres). Ceci nous fait un peu pen­ser au rai­son­ne­ment des sor­ciers qui expliquent que, si les prières n’ont pas appor­té la pluie, c’est parce que l’on a mal prié. Mais, bien curieu­se­ment, l’auteure donne une tout autre inter­pré­ta­tion dans le cœur de son livre, qui est celle de la « mala­die bipo­laire » (dont souf­frait aus­si son frère Tahir) à fon­de­ment orga­nique. Khan aurait-il absor­bé du lithium dans les années 1960, la face de son des­tin en aurait-elle été chan­gée ? Nul ne le sait, mais la ques­tion mérite d’être posée. Hop­kins la pose.

Enfin, last but not least, la dimen­sion inter­cul­tu­relle tra­verse cette bio­gra­phie comme un fil rouge, tout comme elle tra­ver­sa la vie de Khan, qui finit par léguer tous ses biens à Nazir Ahmed, le gérant de son domaine pakis­ta­nais, Kot Fazal­dad Khan. Ses amis occi­den­taux furent tous déshé­ri­tés, même du moindre objet comme sou­ve­nir de leur rela­tion, y com­pris son ex-femme, Svet­la­na Berio­so­va, qui vivait pour­tant dans le dénue­ment. La césure « False Self/True Self » recoupe en par­tie celle de « West/East », écrit la bio­graphe. Bien plus, ajoute Lin­da Hop­kins en citant André Green, son iden­ti­té pakis­ta­naise était une iden­ti­té féo­dale, sys­tème qui avait for­te­ment régres­sé dans son propre pays. Sa méga­lo­ma­nie de grand sei­gneur et son mépris des règles, per­çues comme « occi­den­tales », s’appuyaient sur cette dimen­sion éva­po­rée10.

Bien enten­du, outre ce que nous venons de poin­ter rapi­de­ment, les deux inter­pré­ta­tions cli­niques semblent débou­cher sur une apo­rie : si Khan avait entre­pris une « ana­lyse thé­ra­peu­tique » (ou une cure de lithium) et pour­sui­vi par ailleurs ses études lit­té­raires, il ne serait pas deve­nu ana­lyste, pas plus que Win­ni­cott n’aurait publié de si bons livres. Et à sup­po­ser même que, une fois « gué­ri », il le soit deve­nu, il n’aurait pro­ba­ble­ment pas été « le pro­té­gé d’Anna Freud », celui qui a tant séduit la com­mu­nau­té freu­dienne par son cha­risme flam­boyant, occu­pé d’aussi hautes fonc­tions ins­ti­tu­tion­nelles et effec­tué par ailleurs un tra­vail cli­nique et édi­to­rial consi­dé­rable. Demeure dès lors une ques­tion fon­da­men­tale à notre sens, que d’autres, tels Michaël Lari­vière ou Robert Boyn­ton, ont ten­té d’aborder : Khan est-il (avec d’autres) un symp­tôme de la psy­cha­na­lyse, refou­lé par son expul­sion ? Le livre de Hop­kins n’élude pas la ques­tion de la « folie » de Masud Khan, ain­si que du cha­risme, de la capa­ci­té d’écoute et d’intellection qui lui seraient asso­ciés, pas plus qu’elle ne la rejette dans les limbes de l’altérité « malade » C’est dès lors le mérite et l’intérêt de cet ouvrage très fouillé, nar­rant par le détail une his­toire stu­pé­fiante et déses­pé­rante, que de nous four­nir les élé­ments per­met­tant de pen­ser ces ques­tions en meilleure connais­sance de cause. Quitte à nous lais­ser per­plexes, face au des­tin de celui qui aurait été, selon l’article un peu dérou­tant de son ami J.-B. Pon­ta­lis dans l’Ency­clopæ­dia Uni­ver­sa­lis, notre « intime étranger ».

  1. « How did I account to myself for what was hap­pe­ning ? I thought that eve­ry­thing unkind Khan said to me was jus­ti­fied and that I was lear­ning to accept home truths ; that this was extra­or­di­na­ri­ly pain­ful but the essence of what a good and true ana­ly­sis should be. We weren’t having one of those sop­py ana­lyses that the igno­rant public ima­gines, where a pathe­tic neu­ro­tic talks about him­self and is pas­si­ve­ly lis­te­ned to, and end­less­ly com­for­ted », Godley Wynne, « Saving Masud Khan », Lon­don Review of Books, 2001.
  2. |Lin­da Hop­kins, False Self : The Life of Masud Khan, Other Press, 2007.
  3. Lucian Freud, auquel la rumeur n’attribue pas moins de qua­rante enfants (dont qua­torze furent iden­ti­fiés), épou­sa Kath­leen Epstein en 1948. Kath­leen (« Kit­ty ») était la fille du sculp­teur Jacob Epstein et de Kath­leen Gar­man. Lucian et Kath­leen eurent deux filles, Annie et Anna­bel Freud, et le mariage prit fin en 1952. Kath­leen ex-Freud, épou­sa Wynne Godley en 1955.
  4. Dans Mari­lyn, der­nières séances, édi­tions Gras­set, 2006. Ce sché­ma est repris dans le livre d’André Green, Illu­sions et dés­illu­sions du tra­vail psy­cha­na­ly­tique, Odile Jacob, 2010.
  5. Le Pend­jab est une des der­nières régions d’Inde à avoir été conquise par les Bri­tan­niques. Il a connu de nom­breuses révoltes, répri­mées avec l’aide de sol­dats indiens de cer­taines eth­nies (Baloutches, Sikhs…).
  6. Comme l’écrit Hop­kins (2003): «[…] il était doué d’une intel­li­gence brillante, d’une per­son­na­li­té cha­ris­ma­tique, de résis­tance phy­sique et d’atouts impor­tants sur le plan de la richesse et de l’éducation. »
  7. Khan n’étant pas méde­cin (ni psy­cho­logue), il est admis comme ana­lyste « laïque » (expres­sion de Freud).
  8. Cette fonc­tion lui vau­dra de vives ten­sions avec cer­tains d’entre eux, notam­ment avec le repré­sen­tant de Lucian Freud, qui vou­lait sou­ti­rer le maxi­mum de pro­fit des écrits de leur père et grand-père. Fait peu connu de ce côté-ci de la Manche, une par­tie de la des­cen­dance de Freud s’est inves­tie dans le big busi­ness bri­tan­nique (la publi­ci­té, la consul­tance, les rela­tions publiques), y com­pris le sul­fu­reux groupe Mur­doch (Eli­sa­beth Mur­doch, fille de Robert Mur­doch, est l’épouse de Mat­thew Freud, arrière-petit-fils de Sig­mund Freud et fon­da­teur de la « Freud Com­mu­ni­ca­tions »). Pour s’en convaincre, il suf­fit de visi­ter le site freuds.com. La famille Ber­nays (celle de la femme de Freud) y est aus­si asso­ciée, par Edward Ber­nays, qui uti­li­sa la « psy­cho­lo­gie du sub­cons­cient » de son oncle dans le but de mani­pu­ler l’opinion publique.
  9. Il ne peut cepen­dant plus exer­cer en tant que for­ma­teur d’autres ana­lystes. Lacan avait, de son côté, été exclu de l’IPA à la suite du rap­port Tur­quet de 1963 (tra­duc­tion fran­çaise par Luc Pari­sel, 2014).
  10. On trouve un écho de cette his­toire dans le roman d’Irvin Yalom, Men­songes sur le divan. Le per­son­nage de Seth Pande, psy­cha­na­lyste musul­man ori­gi­naire d’Inde, offre de nom­breuses res­sem­blances avec Khan.

Bernard De Backer


Auteur

sociologue et chercheur