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État échoué

Décembre 2015 État échouéFailed State - par Pierre Delagrange -

Traduction française de « Failed State » privilégiée par La Revue nouvelle

La notion de failed state ne se traduit pas aisément en français, ce dont témoigne le nombre de traductions concurrentes et insatisfaisantes : État en déliquescence, État défaillant, État failli, État déstructuré, État en échec, etc.

Les auteurs canadiens francophones ont popularisé la traduction État failli , mais de ce côté-ci de l’Atlantique, elle évoque plus spontanément une faillite financière que le sens premier du verbe faillir (échouer, manquer, ne pas réussir).

Beaucoup de traducteurs et politologues francophones ont dès lors recours à la traduction État raté . Or, cette traduction est plus carrée et irrévocable que le failed state anglo-saxon, le mislukte staat néerlandais, le gescheiterter Staat allemand, l’Estado fallido hispanique ou même le Stato fallito italien.

Désormais, certains auteurs francophones (Marc Weitzmann, par exemple) traduisent failed state par État échoué .

Dans le cas de l’État belge (mais uniquement en français), échoué a en outre une indéniable force d’évocation. Un peu comme si cette non-nation (ou cette « nation manquée », dixit Bart De Wever) qu’est la Belgica s’était échouée sur des bancs de sables ou des marais.

Pierre Delagrange


Auteur

Pierre Delagrange est historien, politologue et traducteur néerlandais-français et afrikaans-français. Spécialiste de l’Histoire politique et sociale des Pays-Bas/Belgiques (Benelux actuel), il travaille particulièrement sur la Question belge et les dynamiques identitaires et politiques flamandes, wallonnes et bruxelloises.