logo
Lancer la vidéo

« Et que meure l’intellectualité traitresse ! », nouvelle doxa des politiques à l’ère de la post-vérité ?

ABO Numéro 3 – 2019 - par Carlos Crespo - Renaud Maes -

Lors de la célébration de « l’Hispanité », le 12 octobre 1936, le général Millán-Astray qualifie les Basques et les Catalans de « cancers dans le corps de la nation » que le facisme devra extirper, Miguel de Unamuno lui répond qu’« un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantes recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui ». Cet échange est emblématique du rejet des intellectuels dans l’Espagne de Franco. Si ce dernier est mort en novembre 1975, la volonté d’assoir un pouvoir sur la stigmatisation des intellectuels lui a survécu et reste d’actualité. Mais l’Espagne de Franco n’a en rien l’exclusivité de ce mécanisme qui est un trait commun d’un large nombre de régimes totalitaires : faute d’arguments pour convaincre, les attaques violentes contre l’intelligence leur permettent de vaincre.

Miguel de Unamuno est un géant de la littérature et l’une des figures emblématiques de la « génération de 98 », mouvement artistique et intellectuel prolifique qui, à l’aube du XXe siècle, entendait revitaliser la création culturelle en Espagne. Lors du soulèvement mené par le général Franco en juillet 1936, il occupait la fonction de recteur de l’université de Salamanque. Chrétien conservateur, il fut dans un premier temps favorable à l’insurrection, laquelle se réclamait d’ailleurs de son inspiration. Cependant, les arrestations de plusieurs de ses proches...
La suite de cet article est réservée aux membres Premium

Renaud Maes


Auteur

Ancien rédacteur en chef de La Revue nouvelle.
Renaud Maes est docteur en Sciences (Physique, 2010) et docteur en Sciences sociales et politiques (Sciences du Travail, 2014) de l’université libre de Bruxelles (ULB). Il a rejoint le comité de rédaction en 2014 et, après avoir coordonné la rubrique « Le Mois » à partir de 2015, il est devenu rédacteur en chef de La Revue nouvelle en novembre 2016. Il est également professeur invité à l’université Saint-Louis (Bruxelles) et à l’ULB, et mène des travaux de recherche portant notamment sur l’action sociale de l’enseignement supérieur, la prostitution, le porno et les comportements sexuels, ainsi que sur le travail du corps. Il a été président du comité belge de la Société civile des auteurs multimédia (Scam.be).

Carlos Crespo


Auteur

secrétaire général de l’asbl ProJeuneS (Fédération des organisations de jeunesse progressistes et socialistes) et président du Mrax