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Du tourisme de guerre au tourisme de paix ?

ABO Numéro 7 – 2018 centenaireguerrePremière Guerretourisme - par Delphine Lauwers -

L’ancien secteur du front connu sous le nom de Saillant d’Ypres est un paysage mémoriel complexe. Ce fut l’un des secteurs les plus agités du front de l’Ouest et le théâtre de nombreuses batailles, dont celle si célèbre et meurtrière de Passchendaele. Passée bien malgré elle du rang de tranquille bourgade médiévale flamande à celui de symbole international d’un conflit d’un genre nouveau, Ypres se trouva, dans l’après-guerre, au carrefour de valeurs et volontés mémorielles diverses et parfois difficilement conciliables. Elles opposaient, d’un côté, la population locale et, de l’autre, l’Empire britannique avec les nombreuses familles des soldats tombés au champ d’honneur et dont les corps n’avaient pas été rapatriés. Se développa ainsi dans le Westhoek dont Ypres constitue le cœur, un tourisme mondial d’un genre particulier, marqué par le deuil et l’hommage aux morts.

Dès octobre 1914, alors que la ligne de front s’enlisait progressivement et que la guerre de mouvement se muait en guerre de tranchées, Ypres s’est trouvée au centre d’un arc de cercle formé par une avancée alliée à l’est de la ville, le Saillant d’Ypres. Pendant quatre ans, ce sont principalement les troupes impériales britanniques qui l’ont défendu coute que coute. Au total, des représentants de plus de cinquante cultures différentes ont pris part aux combats [1], ce qui en fait un secteur particulièrement « multiculturel » du front et influence bien...
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Delphine Lauwers


Auteur

historienne, post-doctorante aux Archives de l’Etat