Le « développement durable » s’est progressivement imposé dans les discours de groupes organisés. Cependant, le terme est toujours resté volontairement mal défini : il se veut consensuel afin d’ouvrir un nouveau type d’espace de négociation. Chaque groupe a donc pu accommoder le développement durable à sa sauce. Mais il montre aujourd’hui son incapacité à faire face aux défis toujours plus urgents du développement et de l’environnement. Mais la « décroissance » est délibérément un terme ambigu, qui doit lancer un débat à propos de la « religion de la croissance ». Les objecteurs de croissance désirent sortir nos vies de l’économie, afin d’aller vers des productions plus autonomes. La décroissance se présente comme une critique radicale de la société de consommation, du développement et donc du capitalisme. Le développement durable a trouvé en la décroissance un discours contestataire : il serait un « mot poison » qui nous empêche de penser et nous enferme dans un système (Cheynet). Le développement durable et la décroissance certes ont une origine commune : le lien entre les problèmes de développement et d’environnement. Mais hormis le fait que les deux termes sont flous, voire ambigus, tout semble les opposer. Qu’est-ce que la décroissance peut dire sur le développement durable ? Et inversement, qu’est-ce que le développement durable, et sa courte histoire, nous indique de la décroissance ? Les tensions entre ces deux concepts vont structurer les débats à venir.