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Démocratie et politique de l’hospitalité. Du lieu commun à l’espace public

ABO Numéro 6/7 juin-juillet 2014 - par Sophie Klimis -

C’est dans une tragédie d’Eschyle, les Suppliantes, qu’apparait la toute première mention du terme de démocratie. Le thème central de cette pièce est la demande d’asile formulée par les Danaïdes aux citoyens d’Argos, ce qui permet de rappeler le lien originaire qui unit démocratie et droit d’asile. En effet, c’est en prenant collectivement la décision d’accorder ce droit d’asile que les citoyens d’Argos se fédèrent en tant que «  peuple  ». Au XXe siècle, Hannah Arendt associe elle aussi le droit d’asile au fondement démocratique non plus de la cité, mais de l’État-nation. Selon elle, lorsque l’État-nation dénie aux apatrides «  le droit d’avoir des droits  », il les déshumanise en les excluant de l’espace public. Ce faisant, il se nie en son principe même, et fait planer le risque de la violence du totalitarisme sur l’ensemble de ses citoyens.

«  Avec Œdipe, je m’installais au centre du village et je poussais un long cri. C’était sans doute un cri de détresse, mais qui disait seulement : nous sommes là, l’aveugle et moi, nous attendons, nous avons faim, qu’est-ce que vous allez faire de ça ?  » (Henry Bauchau, Antigone) «  On ne peut pas accueillir toute la misère du monde…  » : ce lieu commun de l’impuissance qui signe aussi celui de l’exclusion, chacun d’entre nous l’a mille fois entendu. Son pernicieux «  réalisme  » est incarné par la politique de l’Europe : celle d’un triage «  clinique-cleanique  »...
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Sophie Klimis


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