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De l’art qui défriche nos libertés collectives. Parcours en trois séquences

Numéro 11 Novembre 2011 - Art et culture par Thomas Lemaigre

octobre 2011

Mal­gré tout le buzz agi­té par ses orga­ni­sa­teurs, l’ex­po­si­tion Jeff Wall à Bozar cet été n’é­tait guère convain­cante. Le pro­pos était dénué de modes­tie puisque le plas­ti­cien entend don­ner à son œuvre la même enver­gure que celle de Véro­nèse ou de Manet ? Que reçoivent les spec­ta­teurs qui la regardent ? Que font les ins­ti­tu­tions qui la pro­meuvent ? Rien. Trois fois : rien. Pour­tant des œuvres et des artistes actuels donnent d’autres pers­pec­tives que ce cul-de-sac. Ren­contres dans la rue, à Bruxelles et Char­le­roi — à Nantes dans un pro­chain article -, avec les œuvres de figures moins domi­nantes, mais pas néces­sai­re­ment dis­si­dentes ou dis­crètes. Des ima­gi­neurs en prise avec le monde, des inven­teurs de bou­le­ver­se­ments au regard ludique, des défri­cheurs de liber­tés posi­tives et col­lec­tives, voi­là un fil rouge plu­tôt engageant.

Articles

Pre­mière séquence

Jeff Wall — Ennui

Le pho­to­graphe Jeff Wall fai­sait l’ob­jet d’une rétros­pec­tive cet été à Bozar. Wall est une grosse poin­ture contem­po­raine, avec à son actif des expos au Moma, à la Tate Modern, à la Fon­da­tion Car­tier ou encore à la Docu­men­ta. Bref, une icône, une star. Sa patte : des plans de ciné­ma, ou autre­ment dit, des images fixes entiè­re­ment mon­tées, très mai­tri­sées comme celles de la pub, le plus sou­vent de for­mat 16/9 ou appro­chant, rétroé­clai­rées dans de grands cais­sons de néons.

Par­fois belles, rare­ment empreintes de poé­sie, même pas drôles ou ludiques, jamais véhi­cules d’un mes­sage sur le monde, les œuvres de Wall sont de fait vou­lues comme telles. Tout cela pour mettre en avant la démarche artis­tique même, ins­pi­rée de l’art concep­tuel, truf­fée de cita­tions des grands maitres, à déco­der, et sou­li­gnée à l’en­vi par ces light boxes emprun­tées à la publi­ci­té, qui leur donnent une grande puis­sance et une emprise cer­taine sur l’es­pace1.

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En fai­sant poser des modèles, Jeff Wall recons­ti­tue des scènes vues, vécues ou ima­gi­nées, mais réa­listes. Il entend ain­si, nous dit l’ex­po­si­tion, inter­pe­ler le spec­ta­teur, le ques­tion­ner sur le réel, sur la créa­tion et sur son regard. Ce fai­sant, les com­men­taires nous expliquent aus­si qu’il efface ou dépasse toutes les fron­tières entre les esthé­tiques, les approches et les médias : natu­ra­lisme-sym­bo­lisme, repor­tage-créa­tion, pein­ture-pho­to-ciné­ma, etc. Mais en 2011, ces ques­tion­ne­ments nous importent-ils encore ? Ne sont-ils pas deve­nus les nou­velles coor­don­nées mêmes de l’académisme ?

Jeff Wall a tout vu du XXe siècle, et à cet égard l’ex­po­si­tion de Bozar était ori­gi­nale, mon­trant des œuvres de Duchamp, Fass­bin­der, Frank Stel­la, Eugène Atget, etc., sources aux­quelles Wall explique pui­ser. Mais de ce siècle, Jeff Wall n’en a‑t-il rete­nu ou com­pris que l’im­pé­ra­tif de jeux for­mels et de réfé­rences à la ver­sion cano­nique de l’his­toire de l’art ? En ten­tant de réin­ven­ter l’art pho­to­gra­phique, n’au­rait-il fina­le­ment fait qu’en répé­ter à satié­té la défi­ni­tion même, à savoir la défi­ni­tion de la repré­sen­ta­tion, for­cé­ment dis­tincte de la réa­li­té ? Est-ce cela ou le manque d’i­ma­gi­na­tion du mar­ke­ting de Bozar qui fait appa­raitre la pro­mo­tion de l’é­vè­ne­ment comme un exer­cice de bull­shit bin­go2 ? « Depuis la fin des années sep­tante, Jeff Wall s’emploie à don­ner à la pho­to­gra­phie une place pri­vi­lé­giée au sein des arts plas­tiques, s’ins­pi­rant notam­ment de la pein­ture pour don­ner à ses com­po­si­tions une dimen­sion ico­no­gra­phique. » Même soupe pour cer­tains textes de son cata­logue (seule­ment en anglais, et publié chez l’é­di­teur hol­lan­do-fla­mand Ludion), le tout sous un slo­gan du coup ren­du creux : « L’i­ma­gi­na­tion au pou­voir3 ! »

On ne peut s’empêcher d’y trou­ver un par­fum naph­ta­li­né de natures mortes. Ce que l’ar­tiste confirme en quelque sorte dans un entre­tien au Soir du 26 mai 2011 : « Il m’est arri­vé de com­men­cer un tra­vail avec des gens que je met­tais en scène puis de me rendre compte, au bout d’un moment, que l’i­mage était plus inté­res­sante sans eux. À ce moment-là, je prends juste une pho­to, comme tout le monde. Ce sont des images moins dra­ma­tiques que les mises en scène, plus petites éga­le­ment. […] Cela repré­sente un bon tiers de ma production. »

L’art for­ma­té pour les musées, les gale­ries, les col­lec­tion­neurs — bref, le mar­ché et l’his­toire, mer­ci pour eux. L’art réduit à des réfé­rences à l’art : de l’i­ma­gi­na­tion sans ima­gi­naires, hélas, comme dans la pub.

Deuxième séquence

Bonom — Jeu des limites

generali.jpg Juste à la sor­tie de Bozar, si on levait les yeux sur le pignon d’en face, appa­rais­sait jus­qu’il y a peu un sque­lette de dino­saure dres­sé sur les pattes arrières, qui tenait com­pa­gnie au lion car­ré en bas-relief qui sert de logo à l’as­su­reur Gene­ra­li. Cette fresque fait écho à nombre d’êtres inat­ten­dus, tout un bes­tiaire qui maille les murs de la capitale.

Un cro­co­dile vert nage sur le para­pet qui cou­ronne la façade d’un grand maga­sin d’Ixelles. Un lion hié­ra­tique guette au fond de la fosse qui sert de puits de lumière au (feu) musée d’art moderne. Un écu­reuil roux tombe du haut du pignon aveugle de la Cité admi­nis­tra­tive, place du Congrès. Cinq pin­gouins dodus se cou­doient sur le mur de briques d’une cour de récréa­tion. Ou encore un bison galope le long du métro et un sque­lette de mam­mi­fère court le long du train, tous deux cou­pés dans leur accé­lé­ra­tion par un obs­tacle qui leur fait faire la culbute.

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C’est le tra­vail de Bonom, jeune artiste fran­çais actif entre Paris et Bruxelles entre 2005 et 20104. Il figure au rang des quelques noms mis en avant par l’«Explosition » que consa­crait cet été le Musée d’Ixelles aux divers aspects du graf­fi­ti, et éga­le­ment au rang des quelques « street artists » mis en exergue par l’ou­vrage que sortent à cette occa­sion (en fran­çais seule­ment, cette fois…) les édi­tions CFC5.

Bonom inter­vient depuis 2005 sur les façades de Bruxelles, dans des lieux stra­té­giques autant qu’a­no­dins. S’il a répon­du à quelques com­mandes, ses œuvres les plus spec­ta­cu­laires, il les a jetées au rou­leau et à la brosse sans qu’on lui ait rien deman­dé, dans l’es­prit ému­la­teur du graf­fi­ti hip-hop des années quatre-vingt et nonante. Ses images sont donc for­cé­ment inat­ten­dues. Elles marquent la rétine même quand on ne les a pas remar­quées. Des cou­leurs et des motifs qui font sciem­ment pièce au qua­si-mono­pole conquis par la pub et les enseignes pour mettre de la fan­tai­sie et du rêve sur les à‑plats gris qui se mul­ti­plient sans cesse par­tout dans la capi­tale. Des marques dans la ville, traces d’une âme à imaginer.

C’est la com­bi­nai­son de quatre élé­ments forts qui carac­té­rise le tra­vail de Bonom et lui donne sa force.

Le sujet est ima­gi­naire, presque oni­rique, tou­jours très poé­tique (géné­ra­le­ment un ani­mal ou son sque­lette), même si sa repré­sen­ta­tion est très réa­liste, voire naturaliste.

Le lieu où inter­vient l’ar­tiste est vide d’oc­cu­pa­tion ou de carac­té­ris­tiques visuelles propres. Des voiles de béton, de grands pans de briques, des pignons aveugles, toutes ces brèches de la ville, presque tou­jours atta­quées en hau­teur, voire très en hauteur.

Le sujet est en mou­ve­ment, pour occu­per le lieu et pour tou­cher l’œil du pas­sant spec­ta­teur. Plu­sieurs œuvres montrent un ani­mal dont le mou­ve­ment est décom­po­sé avec des tech­niques de décou­page d’i­mage emprun­tées au des­sin ani­mé, et même à ses ancêtres comme les fameux zoo­tropes de la Ciné­ma­thèque royale. Ce mou­ve­ment est aus­si le plus sou­vent celui du déploie­ment de tout le corps de l’ar­tiste en action dans l’es­pace peint (ce qu’il appelle sa « petite danse » et qu’il a été jus­qu’à recons­ti­tuer dans des spec­tacles chorégraphiques).

Qua­trième trait de Bonom, la prise de risque. Risque phy­sique sou­vent, sus­pen­du à un filin le long d’une façade, per­ché sur une haute échelle, une réelle mise en dan­ger du corps. La pein­ture comme varappe ou comme cas­cade. Risque avec le temps aus­si, puisque l’œuvre sera tan­tôt effa­cée dans les quelques jours par un ser­vice com­mu­nal bien (?) inten­tion­né, tan­tôt dis­pa­rai­tra dans la démo­li­tion de son sup­port, tan­tôt vivra des années, par­fois contre toute attente, ce dont l’ar­tiste joue en venant éven­tuel­le­ment la retou­cher, don­nant l’illu­sion que son sujet s’est dépla­cé au sens propre du terme (une patte repeinte plus en avant, une queue plus haute, etc.). Risque juri­dique enfin, pris vis-à-vis des pro­prié­taires des bâti­ments et des gar­diens de la loi. Risque avé­ré puisque l’ar­tiste a depuis un an de fameux démê­lés avec la police, avec la Ville de Bruxelles et avec le Par­quet, ce qui l’a obli­gé à réduire son acti­vi­té à quelques com­mandes. Un artiste sur­doué qui peint des cro­co­diles, des singes ou des pin­gouins est consi­dé­ré comme dan­ge­reux par des polices, des com­munes et des poli­tiques (de gauche): quel que soit l’angle sous lequel on le prend, ça laisse quand même un drôle de sale gout en bouche… Peut-être cela s’ex­plique-t-il autre­ment que par le zèle en matière de répres­sion des délits ?

Un cin­quième élé­ment est à rele­ver à cet égard, même s’il n’est pas tou­jours pré­sent dans ces œuvres-inter­ven­tions, ou alors pas tou­jours détec­table : Bonom porte un pro­pos sur l’art ou sur l’es­pace urbain6. Le lion du musée fixe œuvres et visi­teurs enfer­més de l’autre côté des baies vitrées. À quelques dizaines de mètres du cro­co­dile vert, c’est une grande arête de pois­son qui appa­rait dans cette artère com­mer­çante ixel­loise — indi­geste… La Cité admi­nis­tra­tive sui­vra bien­tôt le renard dans sa chute, et qu’est-ce qui tom­be­ra d’autre encore ? L’ac­cé­lé­ra­tion du bison pré­fi­gure-t-elle l’ac­ci­dent du métro ? Pour­quoi un élé­phant qui tombe dans un ravin sur un pignon de la Biblio­thèque royale ? Quelques semaines après s’être fait « cof­frer », Bonom peint sur une façade devant le KVS un énorme gorille pen­du par les pieds, sin­geant l’ar­tiste qui perd sa liber­té et sa force.

Trans­for­mer la ville et le regard qu’on pose sur elle, en déve­lop­pant une esthé­tique per­son­nelle très affir­mée, ancrée dans une éthique du risque et du don — le don de soi et celui de son œuvre, le don au lieu de la mise sur le mar­ché -, on pour­rait n’y voir que pru­rit ado­les­cent ou roman­tisme consen­suel. Bonom va plus loin en essayant de nous dire quelque chose sur les couches pro­fondes de la matière urbaine vers les­quelles il arrive, sans for­cer, à faire lever les yeux.

Troi­sième séquence

Hotel Char­le­roi — Trous

L’ar­tiste alle­mande Anna Witt enre­gistre les bat­te­ments de cœur des habi­tants d’un gros bloc de loge­ments sociaux à Mar­ci­nelle. Elle dif­fuse ensuite ces sons à haut volume par leurs fenêtres, créant pen­dant vingt minutes un énorme organe sonore, un enche­vê­tre­ment de pul­sa­tions à entendre à la place de celles des usines, du tra­fic ou des sonos.

Le per­for­mer autri­chien Hannes Zebe­din rem­plit une brouette de béton, y plante des feux d’ar­ti­fice, et va les faire explo­ser nui­tam­ment dans des lieux com­plè­te­ment vides.

cheval.jpg Katrin Hor­nek, autri­chienne éga­le­ment, consti­tue un dos­sier à pro­pos d’une des sta­tues de héros de BD qui ornent quelques axes névral­giques de la ville. Elle constate que Lucky Luke sur son che­val est tour­né vers le nord. « D’ha­bi­tude, quand le héros sauve une ville, il part vers l’ouest dans le soleil cou­chant. » Elle pro­pose donc aux auto­ri­tés com­mu­nales d’en chan­ger l’o­rien­ta­tion, quitte à le mettre de gin­guois par rap­port à la chaus­sée, dans l’es­poir d’in­di­quer la pos­si­bi­li­té ou l’en­vie du hap­py end.

Au som­met d’un ter­ril, le plas­ti­cien fla­mand Jas­per De Pagie dresse un obé­lisque, figure des gloires anciennes. Son monu­ment est fait de cire, qui se défor­me­ra avec le temps, mal­léable, comme doté d’une vie propre.

D’autres repeignent les marques au sol d’un énorme par­king vide en sorte que du haut du ter­ril voi­sin puisse se lire « plan b ». Une autre artiste encore net­toie et rénove la grande fon­taine du par­vis du Palais des Beaux-Arts, et tente d’y ins­tau­rer l’u­sage d’y jeter de la petite mon­naie, à l’ins­tar de tant de lieux tou­ris­tiques mon­dia­le­ment connus et recon­nus.7

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Bien­ve­nue au « Chant des pos­sibles » qui a ani­mé Char­le­roi en juillet, une grande expo­si­tion qui pre­nait la ville pour gale­rie et pour ate­lier8. Ini­tia­tive du col­lec­tif Hotel Char­le­roi, actif depuis 2010, menée avec quelques fonds publics et le sou­tien d’ac­teurs cultu­rels locaux, l’é­vè­ne­ment a mobi­li­sé de jeunes artistes d’un peu par­tout en Europe (moyenne d’âge autour de trente ans). Dans les pro­jets, jamais de dédain, sou­vent de l’é­ton­ne­ment, de l’é­mer­veille­ment, et beau­coup de jubi­la­tion. Un évident sou­ci d’empathie, peut-être même trop de res­pect (plu­sieurs pro­jets n’ont pu être réa­li­sés faute d’a­voir reçu l’au­to­ri­sa­tion deman­dée à la com­mune ou aux tec). Mais qu’est-ce qui sourd là-dessous ?

Comme Bonom, les artistes de ce col­lec­tif inves­tissent les brèches, les vides, les gris. Ils les signent, les pointent, les recadrent, les ren­versent. Ce qui a atti­ré un pre­mier noyau (un Autri­chien, un Fran­çais et un Caro­lo), puis une tren­taine de leurs pairs, en ces terres de stig­mates ? Jus­te­ment l’om­ni­pré­sence des espaces non ou mal affec­tés : friches indus­trielles, ter­rils, voies fer­rées en déshé­rence, pas­se­relles et sta­tions de métro sous-uti­li­sées, par­kings sur­di­men­sion­nés. On sent le plus sou­vent la volon­té d’al­ler grat­ter, avec un achar­ne­ment plus ou moins mesu­ré, là où ça fait mal, là où bâille ou plisse le vête­ment de la ville, figée dans le désir d’hy­per-moder­ni­té qui la porte depuis un siècle et demi. Pour les artistes, tous ces endroits sont les marques de l’u­to­pie qui a irri­gué un pro­jet col­lec­tif épui­sé : « Je me suis ren­du compte que chaque des­crip­tion de Char­le­roi res­semble à la des­crip­tion d’un trou autour duquel se trouve une ville », note Antoine Turillon, l’un des trois moteurs du collectif.

Cet arrêt, cette chute, cet échec, Hotel Char­le­roi en met à vif les consé­quences maté­rielles et sociales. Il donne dès lors à voir à quel point ces logiques ont com­plè­te­ment for­gé l’ag­glo­mé­ra­tion et ses contra­dic­tions. Espaces orga­ni­sés ou chao­tiques, tout en est empreint, quel que soit l’é­tat de décom­po­si­tion, la déme­sure, l’ab­sur­di­té, le vide.

Un peu par­tout dans l’an­cienne Wal­lo­nie indus­trielle, on qua­li­fie faci­le­ment de Bruxel­lois les gens qui osent une cri­tique sur la réa­li­té locale. Faute de pou­voir en l’oc­cur­rence relan­cer la balle de cette manière, on dira à ces artistes que tout cela est facile à décons­truire à pos­te­rio­ri, que leur cri­tique est écu­lée et tourne en rond. Mais ils montrent aus­si les germes d’autre chose dans les replis rugueux du béton. Pas sous forme de dis­cours construits, d’i­déo­lo­gies plus ou moins voi­lées, de pro­jet de socié­té. Non : des cou­leurs, des lumières, des chocs, des recom­bi­nai­sons. Tout un appel à l’i­ma­gi­naire qui se met en branle, qui — c’est du moins ce qu’on a envie de se dire — condi­tionne et ense­mence les ave­nirs pos­sibles. Beau­coup d’es­pace, crient-ils, c’est beau­coup d’es­pace libre, et donc beau­coup de liberté…

La greffe pren­dra-t-elle ? Toutes les petites piqures d’a­dré­na­line offertes par ces artistes sans fron­tières pro­vo­que­ront-elles des sur­sauts ? Ces extra­ter­restres fédé­rés via le web vont-ils sus­ci­ter quelque chose chez d’autres qu’eux-mêmes, leurs fans et une petite audience aver­tie ? Certes, l’œuvre artis­tique ne peut être éva­luée à l’aune de sa seule uti­li­té sociale, mais on a envie de dire à Hotel Char­le­roi de conti­nuer, d’al­ler encore plus loin, de faire école.

  1. On trou­ve­ra faci­le­ment sur Inter­net de nom­breuses repro­duc­tions des images pro­duites par cet artiste, qui per­mettent de se faire sa propre idée.
  2.  Le Bull­shit Bin­go ou Buzz­word bin­go est un (bête) jeu « joué géné­ra­le­ment dans des situa­tions où les membres d’une audience éprouvent le fait que l’o­ra­teur, ten­tant de dis­si­mu­ler son manque de mai­trise du sujet, se contente d’é­non­cer une série de mots-valises au lieu de four­nir des infor­ma­tions et des idées com­por­tant une réelle plus-value » (Wiki­pe­dia, tra­duc­tion de l’au­teur). Deux exemples par­mi tant d’autres : Dil­bert et Frank Lepage.
  3. Jeff Wall. The Croo­ked Path, Hans De Wolf, Michael Fried, David Com­pa­ny et Jeff Wall, Ludion, Anvers et Amster­dam, 2011. C’est ce type de dis­cours sur la créa­tion contem­po­raine -, mais aus­si tant d’autres exemples — qui me pousse à ten­ter ici une écri­ture qui ne soit ni celle du cri­tique, ni celle du cura­teur ou du gale­riste, ni celle de l’his­to­rien de l’art, c’est-à-dire une écri­ture le plus pos­sible affran­chie de codes pro­fes­sion­nels et en par­ti­cu­lier de réfé­rences internes à l’art, aux dis­cours sur l’art, et aux dis­cours sur les dis­cours sur l’art.
  4. Il vaut la peine de voir le tra­vail de Bonom in situ. Comme c’est de moins en moins pos­sible et qu’il n’existe pas de mono­gra­phie à son sujet, on doit se plon­ger dans la gale­rie de pho­tos consti­tuée en ligne par ses fans : www.flickr.com/groups/bonom/pool.
  5. Dehors ! Le graf­fi­ti à Bruxelles, Adrien Grim­meau, CFC, Bruxelles, 2011.
  6. Lire à ce sujet, en ligne, le court texte de l’ar­tiste inti­tu­lé « L’é­toile urbaine ».
  7. Très nom­breuses images et films en ligne à consul­ter sur http://hotelcharleroi.com. On note­ra qu’­ho­tel s’é­crit sans accent, à l’an­glaise, en réfé­rence à la chan­son pop Hotel Cali­for­nia des Eagles.
  8. On peut encore télé­char­ger en ligne le livret-guide de l’évènement.

Thomas Lemaigre


Auteur

Thomas Lemaigre est économiste et journaliste. Il opère depuis 2013 comme chercheur indépendant, spécialisé sur les politiques sociales et éducatives, ainsi que sur les problématiques socio-économiques régionales. Il exerce également des activités de traduction NL>FR et EN>FR. Il est co-fondateur de l'Agence Alter, éditrice, entre autres, du mensuel {Alter Echos}, qu'il a dirigée jusqu'en 2012. Il enseigne ou a enseigné dans plusieurs Hautes écoles sociales (HE2B, Helha, Henallux).