À l’heure actuelle, peu de mots sont aussi populaires et polarisants, dans l’espace médiatique et le débat politique européens, que « woke » et « cancel culture ». Curieusement, l’entrée de ces mots dans un moteur de recherche tel que Google ne donne pas accès à leur définition ou leur histoire. À côté de quelques images de manifestants brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire des slogans tels que « justice pour tous » ou encore « je veux être entendu », ce qui apparait surtout c’est la dénonciation des expressions woke et cancel culture comme étant les porte-étendards d’une idéologie dangereuse et liberticide. De l’idéologie en question peu est dit par ses pourfendeurs. Du mouvement woke, également, peu est expliqué par celles et ceux qui s’en réclament. Davantage mot d’ordre que courant de pensée, il se proclame bien plus qu’il ne se conceptualise et fait office de plateforme d’actions mais guère de modèle théorique. De ce fait, le contenu du débat offre peu à apprendre du mouvement woke lui-même au contraire de l’analyse des formations discursives (Foucault, 1969) dans lesquelles il est enserré et qui offrent, selon nous, les clés de compréhension de ce qui actionne ce mouvement mais également ce qui conduit à sa dénonciation.