De l’assassinat du Premier ministre démissionnaire Rafiq Hariri à celui du journaliste Samir Qasir, le Liban a connu ces derniers mois des turbulences criminelles qu’aucun calcul politique un tant soi peu sensé ne parait pouvoir expliquer. Par facilité, certains analystes resserviront l’éternel « à qui profite le crime ? ». Une façon commode de tout imputer aux visées géostratégiques des États-Unis au Proche-Orient ; une manière de contourner l’évidence : la Syrie, forcée de retirer ses troupes du Liban, semble bel et bien gouvernée par une fraction de bandits décidés à en découdre et sans aucun scrupule. Le retour à Beyrouth du général Aoun, chef de file des antisyriens, exilé pendant quinze ans en France, et ses alliances électorales avec ceux qui hier encore paraissaient être ses meilleurs ennemis (des personnalités politiques prosyriennes telles que Michel Murr, ancien ministre de l’Intérieur) compliquent encore un peu plus toute appréhension logique des réalités politiques libanaises.