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Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus

Numéro 2 Février 2011 par Paul Wynants

février 2015

Conclu­sion des articles parus en novembre, décembre 2010 et jan­vier, février 2011, sous le titre “2010 : un prin­temps pour les “petits partis”?

Le 13 juin 2010, une ving­taine de par­tis alter­na­tifs se sont pré­sen­tés, seuls ou en car­tel, devant l’électorat fran­co­phone, dans l’espoir de décro­cher une repré­sen­ta­tion par­le­men­taire ou de faire entendre leur voix. Une seule de ces for­ma­tions, le Par­ti popu­laire, est par­ve­nue à obte­nir un siège à la Chambre. Elle a atteint ce résul­tat de haute lutte, grâce à l’apparentement. Il s’ensuit que le pay­sage poli­tique wal­lon est moins bal­ka­ni­sé que celui de Flandre, où les par­tis sié­geant dans les assem­blées sont plus nombreux.

La vola­ti­li­té d’une part notable du corps élec­to­ral n’en demeure pas moins éta­blie. Cepen­dant, les flux, qui prennent la forme de gains et de pertes de suf­frages d’un scru­tin à l’autre, s’effectuent sur­tout entre les quatre for­ma­tions domi­nantes. Ils ne béné­fi­cient aux par­tis alter­na­tifs que dans une moindre mesure.

Com­ment expli­quer la dif­fi­cul­té des « petits par­tis » à gran­dir ? La mai­trise que les for­ma­tions éta­blies exercent sur le régime élec­to­ral, le mode de scru­tin et les voies d’accès aux médias est, certes, un élé­ment à consi­dé­rer, mais il n’est pas le seul à prendre en compte. Défi­nie en termes de pro­gramme, de stra­té­gie d’approche de l’électorat et d’image, l’offre poli­tique qui émane des par­tis alter­na­tifs est insuf­fi­sam­ment attrac­tive. Dans cer­tains cas, ce défi­cit est dû à l’histoire tumul­tueuse de cou­rants écla­tés en ten­dances rivales ou affai­blis par des dis­si­dences en cas­cade. Dans d’autres situa­tions, le manque de pro­fes­sion­na­lisme est patent : car­tels consti­tués à la hâte, pla­te­formes peu consis­tantes, absence de noto­rié­té des can­di­dats, com­mu­ni­ca­tion déca­lée par rap­port à l’agenda poli­tique ou aux pré­oc­cu­pa­tions des citoyens, insuf­fi­sance de la logistique.

En période de crise — finan­cière, éco­no­mique, sociale et ins­ti­tu­tion­nelle — on a sou­vent tort de sur­es­ti­mer le poten­tiel des for­ma­tions alter­na­tives comme vec­teurs de cou­rants pro­tes­ta­taires. Le mécon­ten­te­ment des citoyens peut se tra­duire, sans doute, par des votes émis en faveur de listes radi­cales ou de nou­veaux venus sur la scène élec­to­rale. Il prend aus­si d’autres formes : absen­téisme, vote blanc, bul­le­tin nul. Par ailleurs, toute crise a pour effet d’insécuriser de larges seg­ments de la popu­la­tion. L’aspiration à un retour à la sta­bi­li­té est fré­quem­ment cap­tée par les par­tis éta­blis. Le Par­ti socia­liste est pas­sé maitre dans l’exercice de cet art.

À l’extrême gauche et dans la mou­vance wal­lonne radi­cale, l’émiettement est le prin­ci­pal obs­tacle à la réa­li­sa­tion de per­for­mances signi­fi­ca­tives. Il ne peut être sur­mon­té que par un regrou­pe­ment des forces, entre­pris in tem­pore non sus­pec­to, dans la clar­té et sur des bases pro­gram­ma­tiques solides. En poli­tique, il faut ras­sem­bler : la divi­sion est source de marginalisation.

Paul Wynants


Auteur

Paul Wynants est docteur en histoire, professeur ordinaire à l’Université de Namur et administrateur du Crisp – paul.wynants@unamur.be