Soudain, te porter n’était plus un effort. Nous nous balancions ensemble, partageant notre équilibre. Il n’y avait qu’à placer le pied au bon moment et à nous laisser revenir à l’équilibre, pendule ascensionnel. Tu étais là, simplement, comme moi, comme mes bras autour de toi.
Qu’aurions-nous pu demander, à part être ensemble ? De marche en marche, ce balancement n’était-il pas éternel ? N’étions-nous pas nés pour qu’il nous emporte à jamais ? Qui peut jurer que le temps continuait de s’écouler ? N’était-il (...)
Soudain, te porter n’était plus un effort. Nous nous balancions ensemble, partageant notre équilibre. Il n’y avait qu’à placer le pied au bon moment et à nous laisser revenir à l’équilibre, pendule ascensionnel. Tu étais là, simplement, comme moi, comme mes bras autour de toi.
Qu’aurions-nous pu demander, à part être ensemble ? De marche en marche, ce balancement n’était-il pas éternel ? N’étions-nous pas nés pour qu’il nous emporte à jamais ? Qui peut jurer que le temps continuait de s’écouler ? N’était-il pas évident qu’il avait soudain changé de viscosité et nous retenait doucement en son sein ? Et que pouvions-nous espérer de mieux que de nous abandonner à son bercement ?
Nous ne bougions plus, c’était l’univers qui nous entrainait, il fallait bien se rendre à l’évidence.
Inconscient, tu n’avais jamais rien su d’autre ; engourdi, je n’avais jamais rien attendu de plus ; j’en étais désormais certain. Notre muette douceur était un fait…
Et puis ? Mais il n’y avait plus de « et puis », voyons !
Sauf que le palier était là, brutalement plat.
La porte, la pénombre chaude de la chambre, ton berceau et ton abandon à un sommeil passager. Comme à chaque fois.
Cet amour sans mots, sans pensées, cette sécurité de notre proximité et ce temps qui soudain passait à nouveau à toute allure.
Je t’ai déposé doucement, parce qu’il le fallait, parce que toute résistance était inutile, comme au tombeau. Je savais la promesse d’autres jours, d’autres joies, d’autres étreintes, et celle de la perte, irrémédiable.