À la surprise des observateurs, un nouvel enjeu émerge au début de la campagne électorale, assez terne, qui précède le scrutin du 13 juin 2010 : l’accès des partis alternatifs aux médias et à la représentation parlementaire. Contrairement aux apparences, ce débat n’est pas neuf. Dès 2002-2003, il s’est tenu au Parlement et devant la Cour d’arbitrage, lorsqu’il s’est agi de subordonner la dévolution des sièges, dans les circonscriptions (Chambre) et les collèges électoraux (Sénat), au franchissement d’un seuil de 5% des voix. À plusieurs reprises, il a rebondi par la suite, quand les conditions requises pour une représentation des formations politiques dans les assemblées ont été évoquées à d’autres niveaux de pouvoir. En 2010, toutefois, le dossier franchit le seuil de politisation : il a atteint le stade à partir duquel il donne lieu à une mobilisation des acteurs de la vie publique, des médias et de certains segments de l’opinion.
Comment expliquer pareil phénomène ?
La première partie de cet article est parue dans le numéro précédent (novembre).
La première partie de cet article est parue dans le numéro précédent (novembre).
Depuis de longues années, la gauche radicale pâtit de son émiettement. Au cours du dernier lustre, plusieurs tentatives de regroupement ont été lancées. La plupart d’entre elles ont échoué à la suite de divergences idéologiques, programmatiques ou stratégiques. En vue du scrutin du 13 juin 2010, une alliance assez composite se constitue sous le nom de Front des gauches. Le Parti du travail de Belgique se tient à l’écart de ce rassemblement : il continue à faire cavalier seul. Y aurait-il deux modèles envisageables pour donner plus de poids à « la gauche de la gauche » ?
En quelques mots, un analyste du Crisp a parfaitement résumé l’évolution récente de l’extrême droite francophone : « dissensions internes, faiblesse structurelle et instabilité électorale » (Blaise, 2004). Pour ce courant présent au Parlement fédéral depuis deux décennies, les élections législatives du 13 juin 2010 marquent un tournant : elles se soldent par la perte de tous les sièges détenus à la Chambre et au Sénat. N’ayant plus de représentation au Parlement wallon et au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale depuis 2009, l’extrême droite francophone est ainsi privée de dotation publique. Ses capacités de redéploiement et de propagande s’en trouvent réduites.