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14 – 18 en Belgique, un tour d’expositions
Les commémorations du début de la Première Guerre mondiale donnent lieu à une importante programmation d’expositions en Belgique francophone, incitant le public à découvrir l’histoire de la Grande Guerre, à Liège, comme à Bruxelles et Mons. Liège-Expo 14 – 18 La ville de Liège accueille deux expositions évoquant la Première Guerre mondiale. Liège dans la tourmente au musée de la Vie wallonne […]
Les commémorations du début de la Première Guerre mondiale donnent lieu à une importante programmation d’expositions en Belgique francophone, incitant le public à découvrir l’histoire de la Grande Guerre, à Liège, comme à Bruxelles et Mons.
Liège-Expo 14 – 18
La ville de Liège accueille deux expositions évoquant la Première Guerre mondiale. Liège dans la tourmente au musée de la Vie wallonne retrace le développement industriel prodigieux de la région liégeoise à la veille de la Première Guerre mondiale, l’état d’impréparation des défenses de la ville à l’approche de l’invasion, la bataille désespérée autour des forts de Liège, l’exode aux Pays-Bas des populations civiles terrorisées par les atrocités allemandes et enfin la vie quotidienne des habitants de la Cité ardente durant les quatre ans d’occupation.
J’avais 20 ans en 14, à la gare des Guillemins, représente toute l’histoire de la Grande Guerre dans une vaste exposition à la scénographie spectaculaire. Organisée par les auteurs de l’exposition J’avais 20 ans en 45, cette évocation de la Grande Guerre à la scénographie impressionnante rassemble une masse de documents et objets d’époque, provenant pour la plupart de collections privées, dont une série d’œuvres de grands artistes qui témoignent du conflit : Barlach, Cocteau, Dix, Grosz, Max Ernst, Ludwig Meidner… Au cœur du parcours, une reconstitution de tranchée offre au visiteur la vision terrifiante, son et lumière, des combats livrés au corps à corps sur le champ de bataille, au son des mitrailleuses, dans la pénombre que seules déchirent les lueurs des explosions… Une salle d’école transformée en hôpital de campagne évoque le rôle décisif de la médecine dans cette guerre moderne à laquelle les services de santé n’étaient pas du tout préparés en 1914. Les souffrances des civils, plongés dans la guerre totale dès les premiers jours de l’invasion, sont représentées par une scène d’exécution sommaire de civils belges entrevue depuis les fenêtres de la chapelle d’un village dévasté par la « soldatesque teutonne ». L’évocation, par de nombreux objets emblématiques, des souffrances et des difficultés de la vie quotidienne des populations en Belgique occupée est suivie d’un vaste décor de maisons bombardées et incendiées suscitant l’émotion du visiteur face aux désastres de la guerre dans les régions dévastées par les combats. Les célébrations de la victoire à la fin de 1918 et les traités de paix mènent le visiteur à l’« épilogue » de l’exposition, curieux labyrinthe ponctué de projections audiovisuelles, aux parois décorées de coquelicots résumant les bouleversements de l’après-guerre, menant à une « expo dans l’expo » traitant de la chirurgie réparatrice des « gueules cassées ». Vision insoutenable de toutes les indescriptibles mutilations physiques dont sont victimes tant d’anciens combattants, survivants « miraculés » de l’épouvantable boucherie que la chirurgie doit aider à « revenir à la vie normale ». L’exposition s’adresse en particulier aux écoles avec des dossiers pédagogiques permettant aux jeunes de comprendre les origines du grand conflit, d’entrevoir le vécu des combattants dans les tranchées, mais aussi les souffrances des civils sous l’Occupation et la transformation de la société belge dans l’après-guerre.
Bruxelles à l’heure allemande
Le musée et les Archives de la ville de Bruxelles organisent à la Maison du Roi une exposition sur la vie de notre capitale en 14 – 18. Bruxelles est la plus grande ville d’Europe à vivre toute la guerre sous un régime d’occupation militaire. Le 20 aout 2014, l’armée allemande entre dans Bruxelles. Pendant cinquante mois, les Bruxellois devront lutter pour leur survie. La paralysie de l’économie et le chômage plongent toute la population dans la détresse. Parmi les nombreuses vexations imposées à la population, réquisitions, etc., les Allemands contraignent aussi les habitants de la ville occupée à vivre à l’heure allemande, d’une à deux heures en avance sur l’heure belge selon les saisons ! L’exposition met en lumière cette survie menée au quotidien par les Bruxellois, à travers un ensemble d’objets et de documents emblématiques. Un échantillon des nombreuses caricatures, aujourd’hui conservées aux Archives de la ville de Bruxelles, réalisées tout au long de l’Occupation par des artistes bruxellois et diffusées le plus souvent dans la clandestinité, témoigne de l’état d’esprit rebelle des Bruxellois en 14 – 18.
L’exposition montre aussi comment l’expérience de la première occupation allemande a radicalement changé la société belge. La Première Guerre mondiale marque une profonde rupture dans l’évolution sociale, politique, économique et culturelle de notre société. Bruxelles à l’heure allemande veut inciter le public à mieux comprendre ce que signifie au quotidien « vivre dans une ville occupée ». Réalisée en collaboration avec des institutions allemandes, l’exposition compare en effet la vie quotidienne de Bruxelles en 14 – 18 à l’expérience de guerre dans les grandes villes allemandes, comme Hambourg et Berlin, alors que l’Allemagne, soumise au blocus maritime britannique, exploite les ressources économiques de Bruxelles et de la Belgique occupée pour soutenir son industrie de guerre.
Le musée des Beaux-Arts de Mons
Le musée des Beaux-Arts de Mons (BAM) expose un ensemble d’œuvres d’art « visionnaires » témoignant du malaise de la culture européenne en crise d’avant 1914. Sondant l’état de crise généralisée qui se manifeste dans les arts plastiques européens de la fin du XIXe siècle à la Grande Guerre, Signes des temps réunit plus d’une quarantaine d’artistes européens autour de thématiques évocatrices des rapports entre les grands courants artistiques d’avant 1914 : le naturalisme, le symbolisme, l’expressionnisme… Quelque cent-cinquante œuvres, peintures, sculptures, gravures et dessins, photos, provenant de musées belges et étrangers, exposent les visions de peur, de décadence, voire d’apocalypse, ainsi que les projets de mondes utopiques, imaginés par ces artistes modernes. Panorama de l’explosion des courants artistiques européens à la « Belle Époque », l’exposition privilégie l’art visionnaire de grands noms de l’art belge d’avant 1914, tels Félicien Rops, James Ensor ou Constantin Meunier, des artistes dont l’influence fut considérable en Allemagne.
Parmi les nombreux artistes exposés citons Ossip Zadkine, maitre de la sculpture cubiste, Otto Gutfreund, élève de Bourdelle, influencé par le cubisme analytique de Picasso et fondateur de l’art moderne tchèque, Arnold Schönberg, qui, en 1910, inspiré par les travaux de Freud, travaille à « un art de la représentation des processus internes », un art à dimensions psychiques, où le visuel doit exprimer le musical et vice-versa, et aussi Jacob Steinhardt, fondateur avec Ludwig Meidner du groupe d’artistes expressionnistes Die Pathetiker. Les visions d’apocalypse de Meidner évoquent bien le chaos de la vie moderne dans la grande ville, ainsi que l’explosion démographique et urbaine caractérisant les grandes capitales européennes à la « Belle Époque ». Dans cette fascinante exposition d’art visionnaire, on peut cependant s’étonner de l’absence d’artistes associés aux deux grands courants de l’expressionnisme allemand, Die Brücke et Der Blaue Reiter.
Toujours au BAM, l’exposition La bataille de Mons. Les objets témoignent évoque les combats sanglants qui, à la fin du mois d’aout 1914, opposèrent l’armée allemande au corps expéditionnaire britannique. Une série d’objets emblématiques (casque à pointe allemand, mitrailleuse, clairon, etc.) provenant des collections du futur « Mons Memorial Museum » sont judicieusement contextualisés et mis en scène, renvoyant à la réalité vécue de la guerre et de l’occupation allemande dans la région montoise en 1914 – 1918.
Enfin, dans la salle Saint-Georges, ancienne chapelle reconvertie en salle d’exposition, Fritz Haber — Un esprit en guerre met en scène le superbe roman graphique de David Vandermeulen, retraçant l’histoire de l’inventeur du « gaz moutarde », chimiste juif allemand, ami d’Einstein et de Chaïm Weizmann, prix Nobel de chimie pour ses recherches sur la synthèse de l’ammoniac. Commencée en 2003, la biographie de Fritz Haber peinte par Vandermeulen et dont le quatrième volume est sorti récemment, retrace l’histoire allemande des années 1880 à 1933 et explore les rapports difficiles de l’identité juive à l’Allemagne. Les dessins originaux de Vandermeulen sont exposés dans une scénographie qui plonge le visiteur dans l’univers exaltant et inquiétant de cet inventeur dont le génie scientifique contribua aux horreurs du XXe siècle.